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vendredi 27 août 2004

Iran, à coeur ouvert


Un contexte international tourmenté, un monde qui semble ne jamais avoir été autant divisé entre Islam et occident, le spectre omniprésent de cette guerre en Irak qui rassemble et meurtrit… Après avoir longtemps suivi cette actualité brûlante, nous partons avec Gatien en Iran pour gravir son point culminant, le plus haut volcan de la plaque asiatique, le Mont Damavand (5671 m).Nous nous étions préparés à ce que nous allions voir, à ceux que nous allions voir, nous n’étions pas prêts… Récit d’une immersion au Moyen Orient, dans un des pays les plus fermés du monde, où les splendeurs sont autant dans les cités que dans le cœur des gens…

31/07/2004

Décollage avec une heure de retard de Roissy, je laisse mon cœur à Paris… Décollage vers l’inconnu, décollage vers le mal-connu.

Après avoir passé les Alpes, nous survolons la Turquie, les montagnes de la Cappadoce se dévoilent, nous volons plein est, l’horizon s’enflamme, la nuit gagne du terrain, il fait nuit noire. Nous longeons la frontière Irakienne, inquiets de ce qu’ils se passe quelques centaines de kilomètres plus au sud, des centaines de puits de pétrole illuminent l’obscurité.6h30 plus tard, nous atterrissons à Dubaï, un éden luxueux au milieu de rien. Les parquets miroitent, les limousines se succèdent. Deux heures d’escale, deux heures de vol, les femmes se voilent, nous arrivons exténués à 3h45 à Téhéran.



01/08/2004

Mon gros sac à dos manque. Deux heures d’attente au bureau des réclamations, il arrivera peut-être demain, inch’allah…Nous hélons un gars qui se fait passer pour un taxi, qui semble pressé au vue de sa conduite sportive voire suicidaire dans un trafic saturé. Enfin l’hôtel, nous sommes exténués. Je me couche à 6h45. Réveil brumeux vers 13h30, encore exténués…Nous déjeunons à l’hôtel,  puis repos et premières missions internet.La coutume en Iran est de refuser trois fois avant d’accepter. Internet nous est offert, nous y retournons pour insister, il nous est offert gracieusement.15h00, j’appelle l’aéroport, aucune nouvelle du sac…
 

Nous appelons également l’ambassade pour les prévenir de notre arrivée, il nous mettent en garde contre les agressions et les faux policiers.Première escapade, nous prenons enfin la température extérieure, nous nous promenons à pied dans Téhéran par 40°c. Nous déambulons dans le Parc Laleh entre fontaines, palmiers et montagnes embrumées en toile de fond. Un Iranien nous interpelle, nous discutons un quart d’heure avec lui, premier instant, premier échange, bref mais sincère, nous allons dîner dans un petit restaurant.22h00, je rappelle l’aéroport, toujours pas de nouvelle du sac.23h20, nous sommes réveillés par le téléphone, le sac est à Téhéran

02/08/2004

Réveil à 8h00 puis taxi jusqu’à l’aéroport.Le chauffeur est sympa ; nous l’embauchons pour nous conduire à Reyneh, au pied du Damavand, à deux heures de route de la capitale.  La chaleur nous oppresse, l’air est irrespirable…

Nous nous éloignons de Téhéran, gagnons les montagnes arides et lunaires. La température est enfin supportable.


En route, Ahmed, notre chauffeur nous paye une boisson fraîche… Les bouteilles sont consignées il faut les finir avant de repartir ! Le Durgh est un breuvage local ( ! ) composé de… lait fermenté et d’eau pétillante…Je finis ma bouteille « cul sec » pour ne pas vexer Ahmed, celle de Gatien avec…Arrivés à Reyneh, un petit bourg de montagne perché à 2000 mètres d’altitude, nous tombons nez à nez avec Reza, guide, qui nous propose le coucher et le dîner. Nous lui soutirons quelques informations sur la montagne. Finalement son frère nous emmène en 4x4 à Gusfand Sara, une mosquée perchée à 3000 mètres d’altitude située en bout de piste.



Arrivés sur place, la pluie tombe, on nous propose de dormir dans un bunker où plusieurs dizaines d’Iraniens s ’entassent. Nous y prenons le thé, on nous offre le déjeuner et les discussions s’enchaînent sur la France, notre profession, nos aspirations… Instant d’une convivialité étonnante à 3000 mètres, au cœur des montagnes perdues d’Iran. Des Iraniens redescendant du sommet insistent chaleureusement pour que nous figurions sur leur photo de groupe, à grand renfort de blagues et d’éclats de rires. Les adieux sont cordiaux, amicaux. Nous montons finalement la tente au dessus de la mosquée, au milieu d’un champ d’opium. Nous n’avons toujours pas payé la taxe de 50 $ obligatoire, la taxe vient à nous. Les deux petits français dans la tente jaune sont remarqués. Nous passons une heure avec des suédois autour d’une tasse de thé, un thé entre européens dans les montagnes reculées d’Iran. Le Damavand se livre à nous, les coins de ciel bleu se livrent à nous, les nuages fuient. Nous nous couchons vers 21h00, les feux de bois illuminent la montagne pour éloigner des troupeaux, les loups et autres bêtes.

03/08/2004

Réveillés toutes les deux heures pendant la nuit, nous nous levons, confions nos sacs à Massoud, un habitant de Gusfand Sara et partons vers 8h00 pour une petite marche d’acclimatation et de reconnaissance.


3100 mètres d’altitude, Gatien ne se sent pas bien, je continue tout seul et pousse jusqu’à 3800 mètres.
Je redescends trois heures plus tard, Gatien ne va pas mieux… Je monterai donc seul au Damavand. Ni lui, ni moi n’envisageons de partir si près du but.
Partage du matériel, Gatien garde la tente, je tenterai de trouver une place dans le refuge situé vers 4100 mètres. Massoud me loue une mule.
A la descente, j’ai croisé les suédois, je vais tenter de les rattraper, je vais tenter le sommet avec eux le 5, conscient de mon retard en matière d’acclimatation. Si je trouve une place au Shelter 3 le 5 au soir, je tenterai à nouveau le sommet le 6 mais ma marge de manœuvre est plus que limitée.
Nous nous reposons tout l’après-midi, l’ambiance est étrange, je pars seul demain pour deux ou trois jours, nous nous séparons si loin de la France, dans des montagnes qui imposent l’isolement. Certains rescapés du Damavand arrivent très tard, il est 20h00, nous sommes sur le point de nous coucher. C’est sans compter la jovialité de nos amis iraniens qui insistent une fois de plus pour nous prendre en photo , pour nous laisser leur adresse, pour converser un moment sur notre pays qui leur semble si inaccessible.

04/08/2004

5h45, réveil. Je pars vers 6h15, après avoir apporté à Massoud une partie de mes affaires. Je prends le chemin qui mène au Shelter 3, je suis seul, complètement seul .3200, 3300, 3400 mètres, je rattrape trois iraniens, je les double.3800 mètres, bientôt 4000, le vent  forcit, se rafraîchit et enfin, à 4115 mètres, le refuge , perché et désespérément seul, face à une vallée aussi immense que lointaine.
Cet abri, à la forme semi cylindrique sembla avoir résisté au temps et aux intempéries. Je pousse la porte, quatre iraniens m’invitent instantanément au thé et m’offrent de quoi me restaurer.
Puis s’en suivent les inévitables questions sur ma vie en France. Ils semblent très curieux de ce monde qui leur paraît si loin et si inaccessible. Après les inévitables questions, les inévitables photos, il faut être photographié avec le français !





D’ici, la minuscule tente jaune où est resté Gatien n’est plus qu’un vulgaire petit point.

Je me sens bien, après deux heures de repos, je décide de monter pour m’acclimater. Je rattrape un groupe d‘iraniens, nous faisons un bout de chemin ensemble.. Ils n’avancent pas très vite, je reste cependant avec eux de peur de les vexer.



Finalement, après avoir inévitablement échangé nos adresses, je pousse seul jusqu’à 4600 mètres. Je me repose une petite demi-heure, en contrebas sont assis deux iraniens. Je me sens bien, mieux vaut ne pas forcer. Je décide de redescendre, je croise les deux iraniens. Il s’agit en fait d’une iranienne et de son petit ami. Elle n’est pas voilée et semble très gênée de cette situation. Après un bref signe de la tête, je passe mon chemin, pressé de retrouver le refuge.

« Faransavi ? » « C’est toi le français ? » L’accueil est triomphal, tout le monde a entendu parler du petit français. Une fois de plus, le déjeuner et le thé me sont offerts. Je ne compte plus les mains que j’ai serré, à chaque fois, même très brefs, les rapports sont sincères.

Massoud arrive avec les sacs, je lui transmets un petit mot pour Gatien.

Petit mal de crâne, je dors une heure.

S’en suivent des photos, des poignées de mains, des discussions enflammées avec des iraniens qui n’ont de cesse de m’ouvrir leurs bras et leur cœur.

Je retrouve les suédois, tente de me défaire de quelques adorables compères mais parfois collants. Je vais dîner avec eux.
20h00, la mer de nuage grignote peu à peu la vallée, elle vient lécher le point jaune où est resté Gatien quelques 1100 mètres plus bas.


Quelques photos, quelques mots, je m’allonge vers 21h00 pensant que tous vont aller dormir. Le réveil est plus que matinal demain, à 3h00, je dois être debout.
A première vue, personne n’a l’intention d’aller se coucher. Bien au contraire, les femmes sortent les réchauds, les marmites et les légumes. Le refuge est plein, une quarantaine d’iraniens trônent sur leur couchette, dissimulant difficilement la curiosité qu’ils ont pour le petit français.



Je sombre dans un demi-sommeil.

22h00, fin du repas, je vais enfin pouvoir dormir…

22h15, c’est l’heure de la prière…

Un vieux bonhomme récite, tout le refuge est tourné vers la Mecque, je feins de dormir, je n’en rate pas une miette, j’observe, j’écoute, je vis cet étrange balai.

23h00, fin de la prière, enfin un peu de repos…Non, c’est l’heure du conte. Le vieux bonhomme raconte, son public semble conquis, passionné, je le suis tout autant.

Il fait une chaleur étouffante, loi islamique oblige, je ne peux pas me dévêtir les jambes.

Je m’endors finalement écrasé de fatigue.

1h30, visiblement mes camarades ont décidé qu’il faisait trop chaud pour dormir, c’est le moment idéal pour une longue discussion collective…
Je dors finalement de 2h00 à 3h00, le réveil sonne, je suis épuisé… 
05/08/2004

3h00, juste le temps de me préparer et d’avaler une tasse de thé, je rejoins les suédois pour tenter le sommet. Nous partons à 4h00, il fait nuit noire, mes sensations sont bonnes mais je ne me fais pas trop d’illusions. Cela fait moins de trois jours que je suis sur la montagne, mes compères sont beaucoup plus acclimatés…Ils ont gravi quelques jours plus tôt, le Mont Ararat en Turquie ( 5150 m ). Je les ai prévenus, s’ils marchent trop vite, ils ne m’attendent pas. Si tout se passe bien, il nous faudra certainement plus de sept heures pour atteindre le sommet.

Le ciel s’éclaircit timidement. La mer de nuage emplit toujours la vallée, la température est acceptable et le vent absent.

La mer de nuages se disloque avec le jour, les premières lueurs apparaissent, loin, très loin derrière les montagnes d’Afghanistan, nous devinons au sud les lumières de Téhéran et l’ombre de la montagne, de notre montagne, écrase ces vallées reculées. Nous sommes à 4800 mètres d’altitude. 





Vers 5000 mètres, mes jambes sont fatiguées mais ma tête fonctionne. Je me sens bien, conscient de l’endroit où je me trouve, conscient du petit point que je représente sur cette carte du monde que je contemple tant.
Les premiers rayons du soleil effleurent ma peau, le vent glacial se lève, la température chute.
5100, 5200, 5300 mètres d’altitude, je commence à croire au sommet. L’oxygène se raréfie, chaque pas dans la neige, chaque geste me le prouve.
Vers 5400 m, les fumerolles me rappellent que nous sommes sur un volcan ; les vapeurs de soufre m’asphyxient, je n’ai plus de force, je suis vidé. L’odeur d’œuf pourri m’emplit la gorge comme pour m’empêcher d’avancer. Je concède un mètre, bientôt, dix, à mes amis suédois.
Puis 8h30, 5671 mètres d’altitude, 130 km/h de vent et par une température de –15°c, je suis en compagnie de Frederik et Tale au sommet de l’Iran, le Mont Damavand !





Je crois apercevoir la tente où Gatien doit dormir quelques 2670 mètres plus bas. Au nord la Mer Caspienne couverte de nuages, à l’est l’Afghanistan, l’horizon est infini, les pensées le sont aussi.
Nous avons mis quatre heures trente  pour monter, soit deux heures trente de moins que le temps préconisé.
Nous ne restons guère longtemps à cet endroit tant convoité. Le froid est mordant, l’altitude et ses méfaits nous invitent à redescendre.






Après une descente rapide, quelques rencontres d’iraniens terrassés par l’altitude, quelques glissades sur les longs névés, nous arrivons au Shelter 3 à 10h30 soit six heures et demi après l’avoir quitté !


Je me repose une heure, récupère mes affaires, Gatien m’attend au Camp 2 à 3000 mètres. J’y arrive à 13h30 après avoir croisé et discuté avec des dizaines de groupes iraniens en quête du sommet.





La peau de mes orteils n’est qu’un vague souvenir, elle n’existe plus. Il m’est impossible de remettre mes chaussures après les avoir ôtées.

Gatien, pendant mon absence, a fait beaucoup de rencontres d’iraniens, parfois les mêmes que ceux que j’avais croisés. Il a eu régulièrement de mes nouvelles par ce biais.

Frederik et Tale arrivent vers 19h00, nous leur offrons le thé pour fêter cette intense journée.

21h00, je m’endors, mort de fatigue, les pieds scalpés et douloureux.
 
06/08/2004

Réveil 7h30. Il fait trop chaud, journée off.

Les suédois s’en vont, nous passons la journée à nous reposer et à converser avec les iraniens de passage.
Nous négocions avec Massoud, le taxi du lendemain, il vient fumer sa clope avec nous comme chaque soir. 
07/08/2004


Mauvaise nuit, réveil 7h00, nous démontons le camp et prenons la route pour Téhéran avec Hassan, notre taxi.
Deux heures plus tard, 40 °c, les klaxons et l’air suffocant, nous sommes bien à Téhéran…
Bien qu’il ne soit pas autorisé à le faire, Hassan nous dépose à l’hôtel.
Douche, décrassage et soin des pieds, un petit tour sur Internet et un repas bien mérité dans un fast-food. 

08/08/2004
Nous rencontrons un iranien qui suspectant notre incompréhension face aux menus, nous passe la commande et déjeune avec nous.
Nous marchons plusieurs kilomètres pour nous rendre au bureau d’Iran Air, nous voulons réserver des billets pour Ispahan.
Mauvaise file d’attente et pas de passeport, aller-retour à l’hôtel.
Les vols pour Ispahan sont complets jusqu’au 12, nous réservons le vol du 12 au 14 août et l’hébergement dans la foulée mais il nous manque quelques dollars… Nouvel aller-retour à l’hôtel.
L’hôtel Koswar où nous avons passé deux nuits ( payées en France à 51 euros ) nous fait payer la troisième 100 $… Urgence, nous devons trouver moins cher ! Nous téléphonons a plusieurs hôtels, nous nous arrêtons sur l’Hôtel Shiraz, 40 $ la double petit déjeuner inclus.
Nous y réservons sans attendre la nuit du lendemain.

09/08/2004

Lever 5h45, à 7h30, après avoir déambulé dans une gare routière aussi immense que tentaculaire, nous sommes dans le bus pour Noshar.  La route est celle de Reyneh.



Lors d’une pause, un vieux bonhomme ne se retient pas de nous interpeller pour critiquer ouvertement le régime dictatorial qu’il subit avec ses compatriotes.

Nous progressons lentement sur ces routes de montagne, et, de dépassements hasardeux en freinages de dernière minute, nous arrivons quatre heures plus tard dans la plaine, où l’air est plus respirable et les sols plus verts. Nous sommes à Amol.

Nous apercevons enfin la Mer Caspienne, un vert émeraude qui contraste avec le grisâtre environnant. En effet, la route côtière n’est guère pittoresque ; la cote est en pleine expansion immobilière, le plus souvent anarchique et peu soucieuse des préoccupations environnementales.

Nous arrivons à Noshar après six heures de bus, le chauffeur nous dépose devant l’hôtel.


Première impression : excellente, une magnifique façade de lierre sur de la vieille pierre…

Impressions suivantes, plus que décevantes… Le personnel ne parle pas anglais et ne brille pas par son amabilité, il n’y a pas de serviettes de toilette ( l’hôtel n’en possède pas ! ), pas de draps dans les lits, la seule chaîne de télévision occidentale est God TV ( programmes religieux catholiques ), la douche fuit, pas d’accès Internet et notre chambre donne sur une route très passagère, le bruit est perpétuel. Ajoutons à cela qu’il n’y a rien à deux kilomètres à la ronde et que le prix de la chambre double est de 60 $ !

Nous avions entendu dire que sur la côte, les locaux étaient moins chaleureux que partout ailleurs dans le pays.

Nous dînons dans un burger restaurant, le patron est très sympathique, il a beaucoup voyagé et parle couramment anglais.
 
10/08/2004


Lever à 7h45, nous prenons un taxi pour nous rendre au Mont Mendovin, un téléphérique surplombant la Mer Caspienne.

Le chauffeur est un ancien de l’armée de l’air, il a œuvré lors de la guerre entre l’Iran et l’Irak. Très dévoué, il nous réserve les billets de retour pour le lendemain. Il semble enchanté de travailler pour des français malgré notre loi contre le voile à l’école. Il nous accompagne jusqu’à la caisse du téléphérique pour être sur que nous parvenons à bon port.

La montée est rapide, du sommet, la vue s’étend sur les collines boisées et l’immensité de la Mer Caspienne. L’air y est frais, les familles s’y promènent, nous suscitons encore et toujours la curiosité dans une région qui ne semble pas voir beaucoup de touristes.

Nous redescendons, prenons un taxi ( 100 km/h en ville, musique occidentale à fond alors qu’officiellement interdite ) et rentrons à l’hôtel.

Programme de l’après-midi : un plouf dans la Mer Caspienne.
Une plage pour les femmes, une plage pour les hommes, à 500 mètres l’une de l’autre ceinturées par des murs et des bâches.



La plage est sale et les galets plutôt inconfortables, un pédalo rouillé des années 1940 trône sur le bord.

Nous piquons néanmoins plusieurs têtes dans l’eau à 28°c. Le bain est providentiel avec cette écrasante chaleur.

Petite promenade dans Noshar, petit bourg qui n’a comme intérêt que de nous immiscer dans une petite ville iranienne qui ne voit jamais le moindre touriste occidental.
Petit restaurant, et, écrasés de fatigue, nous nous couchons à 20h00.   
11/08/2004

Longue journée en perspective….

Départ 7h00, officiellement, quatre à cinq heures de bus… sans compter les contretemps techniques…

Au bout d’une heure, le moteur fume… à l intérieur du bus. L’air est suffoquant, nous devenons bleus, verts, rouges, blancs… enfin, le bus daigne s’arrêter, les portes s’ouvrent, l’oxygène refait son apparition.

Un coup de clé à molette, nous repartons.

Une demi-heure plus tard, nous sommes de nouveau asphyxiés.

Nous sommes plantés sur le bord de la route par plus de 40°c à l’ombre.
Des bus s’arrêtent, nous montons dans un vieux bus Mercedes sans clim avec en guise de chauffeur, un pilote de course automobile. Le vieux bus est à la peine dès que la route s’élève. Nous roulons cependant à « tombeau ouvert » dans les descentes.

 
Terminus dans le nord de Téhéran, la chaleur est suffocante, elle doit avoisiner les 45°c.  Nous hélons un taxi.
15h10, nous sommes à l’hôtel, neuf heures après avoir quitté les bords de la Mer Caspienne.
Dans les couloirs, nous rencontrons trois jeunes irakiens nous nous entretenons deux heures et demi avec eux. Nous abordons le thème de l’occident mais aussi celui de la guerre en Irak ou de Georges Bush. Il sont de Karbala et ont obtenu pour la première fois l’autorisation de quitter leur pays , chose interdite sous le régime de Saddam Hussein. Échanges riches et profonds entre Islam, amour et ouverture vers l’autre.
Nous échangeons nos mails, nous nous prenons en photo, allons dîner et, morts de fatigue, allons nous coucher.

11/08/2004


Pas de réveil, réveil tardif donc…

Je vais me promener dans le bazar de Saadi. Les ruelles sont étroites et grouillantes de vie, personne ne fait attention à moi, j’ai l’impression de me fondre dans la masse, le flux.
Nous partons en début d’après-midi pour l’aéroport national, direction Ispahan.  Après quarante minutes de vol ( il faut plus de dix heures en bus ! ), nous atterrissons à Esfahan (Ispahan ), oasis au milieu du désert, ville verte, calme et sérénité, oasis où il semble bon vivre. Un taxi nous dépose à Julfa Hôtel, hôtel confortable et accueillant, au centre du quartier Arménien.


12/08/2004

Pas de réveil, réveil tardif donc…
Je vais me promener dans le bazar de Saadi. Les ruelles sont étroites et grouillantes de vie, personne ne fait attention à moi, j’ai l’impression de me fondre dans la masse, le flux.
Nous partons en début d’après-midi pour l’aéroport national, direction Ispahan.  Après quarante minutes de vol ( il faut plus de dix heures en bus ! ), nous atterrissons à Esfahan (Ispahan ), oasis au milieu du désert, ville verte, calme et sérénité, oasis où il semble bon vivre. Un taxi nous dépose à Julfa Hôtel, hôtel confortable et accueillant, au centre du quartier Arménien.

13/08/2004

Grosse journée en perspective : lever à 7h30.
Nous attaquons avec la mosquée Jameh.
Le taxi nous dépose devant l’entrée principale. Nous entrons par une artère voûtée qui nous mène après quelques dédales sous l’imposant dôme, ouvert sur une somptueuse arche, ornée de mosaïques. L’endroit est désert, l’endroit est sublime, un sublime qui nous est égoïstement réservé.
  



Le gardien nous ouvre un très petite porte, donnant sur une très petite salle sombre ; une salle de prière : quel privilège !

Nous rencontrons un iranien marié à une suisse, il nous interpelle, il ne se gène pas pour critiquer haut et fort le régime et l’oppression qu’il subit au quotidien.



Nous prenons un taxi pour la place Emam Khomeney.
Nous sommes stupéfaits. Stupéfaits par cette immense place de cent soixante mètres par cinq cent, ornée d’une infinité d’arcades, de fontaines, et sur laquelle trônent deux immenses mosquées un somptueux palais.





Nous faisons, ébahis, le tour de cette place sous une chaleur écrasante, non sans se faire accoster par quelques curieux. «  what do you think about freedom in Iran ?»…
Nous retournons à l’hôtel pour une pause fraîcheur, puis nous revenons sur cette place qui nous semble déjà familière.
Il est 13h00, nous sommes vendredi, c’est l’heure de la prière. Des milliers de musulmans écoutent un mollah virulent dont la voix se propage aux quatre coins de cette immensité.
Un iranien nous explique que ces propos attaquent directement «  l’ennemi américain » qui bombarde sans relâche Najaf situé à quelques cinq cent kilomètres plus à l’ouest.
Les hommes se relèvent, un pick-up arrive, un meneur équipé d’un mégaphone concentre, rameute ; c’est alors une procession qui devient manifestation contre la guerre Georges Bush et les États Unis. Les portraits de Khomeney s’élèvent, ainsi que les voix et les milliers de poings vengeurs.


Nous sommes là. Au milieu de cette cohésion, deux français. Nous observons, nous nous rapprochons, je sors l’appareil photo, nous prenons peu à peu conscience de ce qui se passe sous nos yeux. L’instant est fort.
Une personne se détache, s’arrête, nous dévisage, nous interpelle. Nous le devançons : « Faransavi, Faransavi ! » ( « français, français » ).  Puis deux, trois, dix , vingt et bientôt cinquante personnes. Nous sommes le centre, on nous pose des questions, on s’assure que nous ne sommes pas américains ou journalistes, on veut se rassurer sur notre opinion sur Georges Bush. On nous sourit, on veut discuter avec les français. Le stress, l’excitation, l’intensité de la situation … Le cercle grossit autour de nous, nous quittons les lieux en traversant une pelouse de peur de susciter trop d’agitation. Nous nous asseyons à l’autre extrémité de la place, regardant cette marée humaine progresser. Nous sommes, ahuris, déboussolés, sonnés par ce que nous venons de vivre. L’instant était fort, il est désormais surpuissant ! Nous en réalisons l‘intensité, nous mettrons deux heures à nous en remettre.
Nous visitons la mosquée Cheik Lofotolah. Intime et raffinée, l’endroit est propice à la méditation.




Nous allons boire un thé chez un marchand de tapis, puis retournons à l’hôtel le temps d’un milk-shake.
Retour sur la place et nous visitons la mosquée de l’Imam, plus grande mosquée d’Iran et centre de ralliement quelques heures plus tôt, lors de la prière.
Nous déambulons sous ces voûtes, ces arches, ces murs, sur lesquels les mosaïques rendent le lieu infiniment harmonieux. Nous sommes écrasés tant par la beauté que par la taille de ses dômes et minarets. Les mots sont inexistants pour décrire pareille splendeur, pareille harmonie, pareille puissance…



Nous finissons cette journée en nous promenant le long de la rivière, à la découverte des ponts aux mille arches, des ponts ancestraux, en compagnie d’un iranien rencontré.



Nous dînons et tombons écrasés de fatigue.

14/08/2004

Nous commençons la journée par une promenade dans le bazar Er Bozorg, le plus grand bazar d’Iran. Quatre kilomètres de dédales, d’échoppes, et de plafonds sculptés, travaillés, nichés. Il est 9h00, le bazar s’excite peu à peu.
Puis nous retournons sur La place, où nous visitons le palais.


Une visite guidée a lieu, réservée aux femmes… De colimaçons en colimaçons, nous parvenons à la terrasse qui nous dévoile l’ampleur de cette place Emam Khomeney, ce joyau d’architecture persane.



Nous finissons la journée sous le pont Si-o-seh où se tient, à cheval sur la rivière, un petit salon de thé. Nous en dégustons, accompagnés d’une chicha, nous savourons nos derniers moments à Ispahan.
Nous reprenons un taxi pour l’hôtel, puis prenons la direction de l’aéroport sous une chaleur atomisante.
Deux heures d’attente, quarante minutes de vol, nous sommes vers 17h00 à l’hôtel.
Gatien ne va pas très bien, nous téléphonons à l’ambassade qui nous prescrit un médecin parlant français.
Le temps de croiser deux hommes en costar armés de Kalachnikovs dans l’escalier, nous allons nous coucher.

15/08/2004


Mauvaise nuit pour Gatien, moyenne pour moi. Nous nous reposons toute la matinée. Gatien ne quittera pas la chambre de la journée. Je pars me promener dans le quartier, je trouve un kiosque, certainement le seul kiosque de Téhéran qui vend quelques vieux magasines en anglais et en allemand.
Nous dînons puis nous nous couchons.

16/08/2004


Journée off pour Gatien, je ne supporte plus de rester enfermé. Je pars donc seul au Park Laleh où je visite le Musée d’Art Moderne et le Musée du tapis. Je me promène dans le parc, une parenthèse de calme où seuls quelques retraités déambulent ou jouent aux échecs. Je passe inaperçu, je me sens apaisé, intégré, en totale sécurité.
Un taxi me conduit au musée de la photographie, il est fermé. Je rentre à l’hôtel en passant devant l’ancienne ambassade des États Unis, protégée par des murs recouverts de fresques anti-américaines. J’y « vole » quelques photos, en ayant pris soin d’enlever ma pellicule, les militaires les confisquent…
Nous déjeunons puis nous préparons pour changer d’hôtel, nous retournons au Koswar Hôtel, notre dernière nuit y était réservée.
Passé la grosse chaleur, je retourne au Park Laleh, lieu qui m’est désormais plus que familier. Ma promenade est très agréable, jouissive, je suis incognito. Personne ne me regarde, personne ne regarde, je prends l’air de celui qui sait où il va, je ne loupe rien… quelques pauses « journal » et je rentre à l’hôtel.

17/08/2004


Nous passerons la soirée à l’aéroport, nous passerons la nuit dans l’avion, une dernière excursion avec Gatien.
Nous souhaitons gagner le téléphérique de Tochal, au nord de la ville. Il s’agit d’un fantastique belvédère sur la ville. Après une heure de taxi et de bus, nous manquons la dernière montée pour une minute.
Nous devons « tuer » le temps, sous une chaleur écrasante, le taxi ne nous emmène à l’aéroport  qu’à 21h30, il est 14h00… Nous en profitons pour s’imprégner encore et encore de cette atmosphère si particulière.
Nous faisons une halte Internet dans un centre commercial, redescendons à l’hôtel, dînons et gagnons l’aéroport. 

18/08/2004

Une coupe de champagne dans l’avion ( après trois semaines de « sevrage » ) puis après une courte nuit, nous atterrissons à Roissy, heureux d’avoir vécu cette expérience que nous savons déjà inoubliable. Je regarde les cheveux des filles, je caresse les cheveux de ma femme.
  


dimanche 30 mai 2004

Montagne - Ascension de La Grande Ruine (3765 m) - France

Un beau sommet sauvage au fond d'une vallée perdue... 

Quelques mots

Date: mai 2004
Avec: Hélène et Gatien

Nous étions les premiers de la saisons à passer par l'itinéraire d'été, après avoir "brassé" dans une neige profonde pendant deux jours, nous ne sommes pas allés au sommet  ... Le jour J, le brouillard empêche de voir à plus de 50 mètres. Reste l'ambiance sauvage extraordinaire...

Description de l'itinéraire

Cartographie
IGN Meije - Pelvoux
Région
Ecrins
Voie
N
Type d'escalade
neige
Altitude de départ
1667 m
Dénivellation
2200 m
Orientation
N
Inclinaison max
35 °
Cotation globale  
F
Cotation engagement  
II
Matériel
matériel de sauvetage en crevasses, piolet + crampons
Logement
Refuge de l'Alpe de Villard d'Arêne
Accès
N91, 1 km après Villars d'Arènes à droite jusqu'au parking

Du camping du pied du col, prendre le GR. 54 qui remonte, rive droite, la Romanche. passer au refuge de l'Alpe du Villard d'Arène (2 080 m - 1 h 30) ou suivant l'enneigement rester dans le vallon. Du refuge descendre de 100 m et suivre la rive droite de la Romanche. De Valfourche (2048m) continuer rive droite. Remonter le vallon pour prendre pied sur le glacier de la Plate des Agneaux en restant rive gauche jusqu'à 2550m environ. (Attention aux chutes de pierres en cas de départ tardif). Monter plein nord dans un canyon assez étroit et raide jusqu'au refuge Adèle Planchard - 5h à 6h.

Du refuge, rejoindre le glacier Supérieur des Agneaux, remonter à gauche des séracs puis la pente s'adoucit (crevasses). Continuer main droite jusque la brèche Gireau-Lézin et traverser à gauche vers l'arête Est de la Grande Ruine. Remonter les rochers évident, puis atteindre le sommet par une arête de neige.
Ou remonter un couloir de neige à droite du départ classique jusque l'arête.

Descente par le même itinéraire




 

jeudi 22 avril 2004

Islande, île aux mille extrêmes


Ascension du Hvannadalshnukur (2119 m et point culminant de l’Islande), du Hekla (1491 m).

L’expédition au Groenland est annulée 15 jours avant de partir car mon compère Gatien a quelques soucis de santé, je rejoins donc un groupe Allibert pour skier les volcan du sud de l’Islande. Huit jours de péripéties sur une île où les éléments se déchaînent, où le feu, la glace et l’océan s’associent pour imposer les lois de la nature aux Hommes, une nature austère, violente mais terriblement authentique… L’histoire d’un groupe de skieurs qui au gré des tempêtes,  revendiquent leur solitude au beau milieu de l’océan l’Atlantique, où l’Homme ne semble pas avoir sa place…


11/04/2004

J’ai rendez-vous avec le groupe à 11h45 à Roissy, je suis rejoint par Marc, Clarissa et Hélène, les autres sont en transit par Londres. Nous décollons à 14h30 et atterrissons trois heurs plus tard à Keflavik sans la moindre trace de neige… Transfert jusqu’à Reykjavik.



Reykjavik est une de ces villes qui font penser au bout du monde : des maisons multicolores, des rues désertes, l’omniprésence de l’océan et des montagnes ; nos montagnes qui se profilent à l’horizon.
Première autochtone que je rencontre : Björk ! Je lui demande mon chemin en espérant qu’elle ne sache pas que je l’ai reconnue puis après une balade ventée, nous allons dîner au restaurant. L’Islande est chère : 45 € pour une pizza et deux bières ! 


12/04/2004


Départ prévu à 8h00 avec notre guide islandais, Jökull.
Départ effectif à 11h30 après avoir modifié le programme  par rapport à l’enneigement des massifs, une crevaison, le changement de deux roues, l’attente de deux paires de skis qui semblent s’être perdues à Londres et la récupération express de matériel de montagne.
Nous nous échappons de Reykjavik et là plus rien… des kilomètres et des kilomètres de plateaux, de plaines, de vallons. De la neige, pas encore … Le taux d’humidité doit avoisiner les 100%, le paysage est magique, austère, presque maléfique. Les cascades libèrent leurs eaux avec  fracas, les fermes et les maisonnettes semblent écrasées par le poids d’une nature omniprésente, étouffante.


Méditation sur les plages de sable noir de Vik, village le plus méridional d’Islande duquel les montagnes et les falaises se jettent dans la mer.







Après avoir traversé un interminable désert, nous arrivons au pied du glacier skinafellsjökull, une immensité glaciaire de plus de 8500 km² qui en fait le plus grand glacier d’Europe.
Notre Lodge repose au pied d’une de ses imposantes langues de glace. Nuit au Lodge.

13/04/2004

Réveil difficile à 8h00, un rapide coup d’œil sur le ciel pour s’apercevoir que les conditions climatiques ne sont pas engageantes. Quelques minutes plus tard, le ciel est bleu, bienvenue en Islande, la météorologie n’y a rien d’une science exacte… Nous partons en 4x4 nous verrons bien…
Virage à gauche, nous prenons une piste qui raidit à vue d’œil. Désormais la neige recouvre ce qui à priori est une piste. Nous sommes dans un brouillard tamisé, la lumière est surréaliste. Nous apercevons de temps à autres les reflets scintillants de la mer toute proche.
700 mètres, le bout de la piste, nous nous préparons dans la tempête et partons.
Petit à petit, le fantastique paysage se dévoile : la mer, les plages, les sommets enneigés et …  les bourrasques de vent.
A deux reprises, les rafales à plus de 160 km/h me couchent, le froid est cinglant, la visibilité plus que fluctuante.




Nous poussons jusqu’à une petite bosse vers 1250 m, les perspectives qui s’offrent à nous sont sans limite, mais le vent qui sévit sur les crêtes nous impose de redescendre. Une descente mémorable, face à la mer, l’instant est irréel, surnaturel…



Après une trentaine de minutes, nous rejoignons le 4x4 puis la route n°1.
Celle ci nous mène aux icebergs du glacier vatnajökull. Il ne s’agit que de l’une des innombrables ramifications de ce glacier, et pourtant, l’espace est infini, indéfinissable, indescriptible. Le lac dans lequel se jette le glacier est le refuge de milliers d’icebergs qui, inexorablement sont attirés vers la mer.





Nous regagnons le Lodge avec des images plein la tête, une journée forte et intense !

14/04/2004

Lever à 4H45.
Nous prenons le 4x4 qui nous mène au pied de la voie à 30 mètres d’altitude (!) à 6h30. Programme de la journée : le point culminant de l’Islande : le Hvannadalshnukur qui pointe à 2119 m d’altitude soit quasiment 2100 mètres de dénivelé positive et autant à la descente !


Nous partons sous la pluie…
Vers 150 mètres, la pluie s’arrête, il commence à neiger…
Vers 600 mètres, alors que la neige a recouvert tout notre itinéraire, le soleil apparaît, timidement puis franchement. Il éclaire la crête sur laquelle nous venons de prendre pied, l’océan et notre moral.
A 700 mètres, nous chaussons les skis et nous engageons dans une petite combe de neige fraîchement déposée et délicieusement poudreuse.



Les perspectives sur l’océan sont magnifiques !
Nous franchissons un col à 1000 mètres d’altitude puis entamons la montée d’une grande pente, une ligne droite, terriblement droite…


Les sensations sont bonnes, la vue est magnifique, l’isolement total. Arrivés vers 1600 mètres, le temps se couvre, en l’espace de 15 minutes la visibilité est nulle.
Nous parvenons vers 1800 mètres à cet énorme plateau glaciaire, plateau que nous ne verrons pas. La traversée est longue et le GPS est bien utile.
Une bonne heure plus tard, nous arrivons comme dans un rêve, face au sommet tant convoité, il se découvre à mesure que nous nous en approchons.


Jökull est septique quant aux conditions avalancheuses, nous ferons demi-tour si besoin est. Nous chaussons les crampons et, en moins d’une heure, par un froid cinglant, nous sommes au sommet, 9h10 après avoir quitté la mer. Il est 15h40.
La visibilité  est nulle puis petit à petit, les milliers de km² de glace qui nous entourent se dévoilent, nous sommes au sommet de l’Islande à 2119 m.
Nous redescendons de cet îlot ; rechaussons les skis et la tempête se lève ( se rerelève !). Je ne vois pas à 10 mètres et les flocons de neige semblent nous lapider, nous mitrailler à mesure que nous avançons. Nous devons traverser une nouvelle fois cet immense plateau de plusieurs kilomètres, nos traces de montée sont effacées et les précipices et crevasses qui le bordent sont invisibles…
Jökull s’arrête à maintes reprises, les yeux rivés sur le GPS, nous l ‘aidons par nos indications à maintenir le cap.
Après une heure de déambulations, nous remarquons des traces dans la neige. Ce sont les traces que nous avons laissé quelques heures plus tôt lors d’une pause à la montée. Le vent forcit, la neige redouble, nous entamons la descente. A mesure que nous nous éloignons du plateau, les conditions climatiques deviennent plus clémentes, moins violentes en tous cas. Nous nous décordons, enlevons les peaux et quelques minutes de glisse plus tard, la mer ! l’océan scintille au milieu des rafales, la voûte céleste s’embrase, les nuages défilent… 1000 mètres de descente dans une poudreuse magique, l’instant est extraterrestre, de quoi nous laisser des souvenirs impérissables.
Nous déchaussons vers 700 mètres, je pars devant avec Hélène et finissons à pied entre mousses et ruisseaux. Marc a de grosses douleurs aux genoux, je lui porte un ski et son piolet.
 20h30, 14 heures après avoir quitté l’océan, nous sommes au 4x4, fatigués, lessivés mais excités d’être revenus du sommet de l’Islande, dans un décors tellement majestueux qu’il y paraît irréel.
Nous regagnons le Lodge, sous le charme des images et des instants vécus entre neige et glace, entre montagne et océan, entre le ciel et la terre.
La tempête que nous avons essuyé sur le plateau gagne peu à peu la vallée.

15/04/2004

Toute la nuit le vent a soufflé, les rafales atteignent 180 km/h, les murs tremblent, mont lit bouge, la route n°1 ferme.
A 9h00, il n’est plus question de quitter le lodge.
Nous partons avec Marc et Clarissa en haut de la butte qui domine le Lodge, le vent souffle à 200 km/h en rafale, je ne peux pas tenir debout plus de cinq secondes, ils s’engouffre, nous déshabille…
Je suis un oiseau, je m’élance de la butte et le vent m’empêche de subir les lois de la gravité, je vole ! l’instant est surréaliste !


Jökull a préparé la remorque, nous allons tenter de passer le désert de sable.
Nous distinguons l’énorme nuage de sable, nous nous en approchons, nous sommes dedans, nous ne voyons plus la route, les rafales qui dépassent les 200 km/h charrient le sable, le 4x4 penche, la remorque vacille… les conditions sont apocalyptiques !
50, 100, 200, 300 mètres, la remorque se couche, le 4x4 s’immobilise, le sable mitraille les vitres…



Jökull se gare sur le bas coté, pendant quinze minutes, nous restons immobilisés. Marc et Jökull détachent la remorque, nous la laissons dans la tempête.
Retour à la case départ sans nourriture, sans bagages et sans skis. Le 4x4 est criblé, nous apprenons qu’une voiture a tenté la traversée et que toutes ses vitres ont volé en éclat.
Après quelques heures d’attentes, nous apprenons qu’un poids lourd doit passer pour rejoindre Reykjavik. Nous allons tenter de retourner à la remorque pour libérer les sacs et les mettre dans le camion. La tempête ne s’est finalement pas calmée, Jökull veut effectuer une nouvelle tentative.
Rien n’a changé sur place, Jökull gare le 4x4 à 100mètres de la remorque, là où le vent paraît moins fort. Marc et Jökull courent ouvrir la remorque, nous les rejoignons, luttant contre le vent et les éléments.
Nous tenons à peine debout mais nos aller-retour incessants nous permettent de ramener les bagages à l’abri derrière le 4x4. Hélène se couche sur les sacs pour éviter qu’ils ne s’envolent. Le sable nous fouette le visage, le vent nous couche, le camion arrive, il faut faire vite… Je monte à l’arrière, il s’agit d’un camion de poisson, l’odeur le confirme. J’entasse tant bien que mal les bagages et les skis au milieu des bacs, mes pellicules sont saines et sauves c’est le plus important…
Nous remontons dans le 4x4 et prenons la route pour Hella.
Nous essuyons une dernière tempête mais celle ci n’a pas de fâcheuses conséquences.
2h30 plus tard, nous sommes à Hella, le camion arrive 30 minutes après nous, je récupère les bagages avec Jökull.


Nous observons pendant près d’une heure des aurores boréales, ces spectres verts qui ondulent au gré des vents solaires, l’instant est magique, hors du temps et de l’espace.Nous dînons, puis vers 1h45 je me couche après cette journée intense et condensée…

16/04/2004

Lever à 8h00, le temps est magnifique.


Nous partons pour le sommet de l’Hekla, un volcan actif de 1491 m, qui domine le village de Hella.
Après une heure de piste chaotique, Jökull gare le 4x4 à la limite de la neige vers 500 m d’altitude, le temps se couvre doucement.
Nous commençons l’ascension dans une énorme coulée de lave, nous peinons à trouver de la neige. Nous rejoignons un grand plateau vers 900 mètres, il se met à neiger.


Arrivés vers 1300 m, la neige s’intensifie, la visibilité se réduit.
Nous arrivons à ce que Jökull pense être le sommet. La visibilité est nulle, Jökull s’y prendra à trois fois pour trouver le véritable sommet. Nous y arrivons, sommet de l’Hekla, 1491 mètres d’altitude.
Alors que la température avoisine les –10°c et que la neige tombe à gros flocons, nous apercevons au bord du cratère une bande de pierre volcanique apparente.
Je creuse 20 centimètres, de la fumée se dégage, la température y est d’environ 40 °c ! Je m’assieds quelques instants de ce fauteuil chauffant.



Nous ne voyons pas à 10 mètres, Jökull, après plusieurs tâtonnements, retrouve les skis laissé à la montée, la descente se fait dans la tempête sur de la neige hétérogène et parfois de longues portions de glace.
Nous regagnons le 4x4, la piste est désormais recouverte de neige.
Nous arrivons vers 20h00, puis filons Joël, Marc, Bruno et moi, à la piscine d’eau chaude naturelle ( en plein air ), où les 40 °c du bassin nous font oublier les 0°c de l’air.

Nous dînons accompagnés de la copine de Jökull, le gigot de mouton restera mémorable !

17/04/2004

Beaucoup de vent ( pour changer ) aujourd’hui, nous décidons de ne pas faire de ski.  Nous partons vers Gulfoss, une énorme chute d’eau qui s’engouffre dans des gorges encaissées , nous y voyons pour la première fois depuis une semaine des touristes…



L’étape suivante est Geysir, une petite bourgade qui est devenue un haut lieu touristique pour ses fameux geysers ( le nom provient de ce village ).


Rien de très impressionnant, c’est surtout par curiosité que nous observons ces colonnes d’eau bouillantes s’élever vers le ciel.


Nous terminons notre visite touristique par Tingvellir , accessoirement lieu du premier parlement au monde, mais surtout une énorme faille qui entaille l’immensité ( celle qui sépare le continent américain et le continent européen ), un lac immense sur fond de montagnes enneigées et des perspectives infinies…



Le lieu dégage une sérénité et une quiétude qui terminent à merveille ce périple. Nous rentrons à Reykjavik et quittons avec regret Jökull.
Marc insiste pour aller à Blue Lagoon, une piscine naturelle en plein air. Réticent et fatigué, je me laisse avoir par cet attrape-touriste, Bruno loue une voiture ( qui nous servira demain ) et nous prenons la route.
L’endroit est finalement magique. Nous sommes au milieu de champs de lave et de volcans, l’eau est d’un bleu presque artificiel et atteint 45 °c par endroits. Les fumerolles donnent un aspect surnaturel à l’instant.




Après cette semaine un peu folle, le bain nous remet sur pieds. Nous finissons à Reykjavik à boire des bières et à s’échanger nos adresses.

18/04/2004

Hélène, Marc, Clarissa et Joël nous quittent, je reste avec Bruno.
Nous prévoyons de faire le tour de la péninsule de Reykjanes. Nous nous dirigeons vers Harfnarjördur, un petit port de pèche dominé au loin par les cimes enneigées. Nous gagnons par la piste, le lac de Keflavatan. Le bleu vif de ses eaux contraste avec le ton ocre des montagnes qui le bordent.


Nous allons observer des fumerolles qui le jouxtent. L’odeur du souffre (d’œuf pourri) est infecte mais l’endroit vaut le détour. La route se poursuit et nous passons devant une petite, minuscule église battue par les vents au milieu de nulle part … Je tourne la grosse clé et la porte s’ouvre en grinçant.




L’intérieur est logiquement minuscule mais d’une profonde intimité.
Nous continuons vers l’Ouest, passons Grindavik avant d’arriver au phare de Reykjanesviti, le plus ancien phare d’Islande ( 1878 ). Le vent est violent, les éléments déchaînés et la piste chaotique. Nous remontons vers le nord, passons Hafnir puis Reykjavik. Encore de nouveaux horizons, un isolement finalement habituel et des paysages à couper le souffle. Nous devons rendre la voiture et je dois trouver où me loger. Finalement je négocie avec le patron de la guesthouse de Bruno, je passe de 4900 kr à 2000 kr…
Nous allons dîner au restaurant avec Bruno, je dis au revoir à Reykjavik pour préparer le au revoir à l’Islande du lendemain.

19/04/2004

Retour à contre-cœur à Paris…

samedi 13 mars 2004

Bibliothèque - Récit de montagne: Carnets du vertige

Carnets du vertige de Louis Lachenal
Prix indicatif: 1000 € dans cette édition- Cliquez sur l'image pour l'acheter (difficile à trouver dans d'autres éditions)


Mon avis sur ce livre


Une vie consacrée à la montagne du fond de la vallée de Chamonix jusqu'aux 8000 mètres de l'Annapurna, premier 8000 vaincu en 1950. Ces notes évoquent avec précision et humanité ces souffrances, ces records et ses compagnons de cordée, une vie riche et tragiquement achevée en 1955.

mardi 30 décembre 2003

Bibliothèque - Récit de voyage: On a roulé sur la Terre

On a roulé sur la Terre de Sylvain Tesson et Alexandre Poussin
Prix indicatif: 7.80 € - Cliquez sur l'image pour l'acheter


Mon avis sur ce livre


31 pays, 25 000 km, 2 vélos et 4 jambes pour parcourir la planète en 365 jours. Voilà pour les chiffres.
Un récit imagé, des mots choisis, une formidable aventure et une amitié indéfectible. Tous les ingrédients sont présents pour s'immerger dans  la lecture jusqu'au point final. Une seule envie, enfourcher le vélo et faire un peu comme ces deux-là ... 

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