30/07/2005
Beaucoup d’impératifs aujourd’hui : payer l’hôtel, en trouver un autre pour le 11 août, changer des espèces, s’assurer auprès de Varig que nous rentrons bien en France, faire les sacs et payer le guide pour le Huyana Potosi. 16h00, tout est fait, nous partons le soir même pour Potosi, la plus haute ville du monde, perchée à 4100 m. Encore dix heures de bus ! Départ 08h30, je m’endors assez rapidement devant un vieux film Américain avec Stallone.
31/07/2005
02h00,
le bus s’arrête au milieu de nulle part. 05h30, nous
arrivons à Potosi.
Nous prenons un taxi, arrivons à l’hôtel.
Nous réveillons l’hôtelier : « No possible, no possible, 10 de
la manana ! » La chambre est disponible à 10h00 du matin, nous
restons dubitatifs face à l’interphone désormais muet. Nous
reprenons les sacs et commençons à marcher dans Potosi, baignée
dans la nuit. Deux gars nous interpellent, nous faisons la sourde
oreille. Nous arrivons à une guitoune. Deux gars mangent des
Hamburgers avec des frites. Il est 06h15 ! Nous discutons un peu,
nous voulons boire du thé, c’est possible… au terminal de bus.
Un des gars nous dit qu’il est dangereux de se promener de nuit à
Potosi. Un taxi arrive, ce même gars nous dit que les taxis sont
dangereux et qu’on ferait mieux de venir avec lui… Nous montons
plutôt dans le taxi, direction retour à la case départ, le
terminal de bus. Nous buvons un thé dans un local miteux, il est
06h30. Nous repérons dans le guide un restaurant qui sert de
bons petits déjeuners, il ouvre à 07h30. Nous reprenons un taxi,
parvenons au restaurant à 07h20, dix minutes d’attente dans le
froid, et enfin nous sommes au chaud. Nous y restons jusqu’à 10h00
à jouer aux dés. 10h30, nous prenons possession de la chambre, il y
fait 5 °c. Sieste puis visite de la ville. Potosi est une
charmante cité coloniale, dominée par le Cerro Rico, une immense
mine d’argent qui fit la richesse de cette ville.
Il
y est très agréable d’y flâner, les maisons sont colorées,
ornées de jolis balcons, les églises sont multiples et raffinées.
Nous dînons puis allons nous coucher.
01/08/2005
Pendant
le petit déjeuner, nous nous décidons pour visiter les mines
d’argent. Le départ a lieu à 13h00 avec notre guide et une basque
peu causante. Nous passons par le dépôt où nous nous équipons :
pantalon imperméable, veste, casque, bottes, lampes à acétylène…
Nous passons ensuite par le marché, dans le quartier des mineurs
pour leur acheter quelques denrées de base. La mine leur
appartenant, ils payent tout de leurs poches déjà peu remplies…
Nous achetons des feuilles de coca, des boissons, des cigarettes, de
l’alcool à 96 °c (!) et de la dynamite ( !! ). En effet, la
dynamite est en vente libre dans les échoppes le long de la rue.
Nous
nous élevons sur cette montagne qui domine Potosi, puis, après
avoir assisté à une explosion de dynamite, nous parvenons à
l’entrée de la mine, assistant à un curieux spectacle.
Hommes,
femmes et enfants siègent à l’entrée de la mine. Plusieurs
carcasses de lamas trônent, tous mâchent des centaines de feuilles
de coca et s’affairent à en décortiquer une autre, les fœtus
sont récupérés, le sang est dispersé sur les murs pour s’accorder
les faveurs de Pachamama.
Nous
rentrons peu rassurés dans la mine, quinze centimètres d’eau au
sol, nous marchons entre deux rails et la hauteur maximale n’excède
pas 1.80 m.
50
mètres, le noir absolu, nos évoluons dans un univers ténébreux et
froid. Après une heure de marche, l’air chaud se fait sentir, nous
sommes à la porte des enfers, Tio en est le gardien, nous parvenons
à son sanctuaire.
Tio
est l’incarnation du diable, et, tous les mineurs qui descendent se
doivent de lui faire des offrandes pour être protégés dans les
entrailles de la terre. Il est représenté par une statue en terre,
à taille humaine, pourvu de cornes et d’un gros pénis. Un fœtus
de lama est à ses pieds. Ainsi, nous lui offrons des cigarettes,
nous les lui mettons allumées dans la bouche, nous dispersons sur
lui des feuilles de coca, de l’alcool à 96°c, tout en récitant
des prières. Le rituel est organisé et solennel, l’instant est
fort, troublant même… Nous poursuivons notre chemin, certains
passages n’excèdent pas 80 centimètres, nous évoluons à quatre
pattes. La chaleur s’intensifie, les vapeurs de Silice et d’amiante
deviennent irrespirables. Je me mets à tousser, une gorgée d’alcool
à 96 °c est c’est réglé. Tout d’un coup, nous apercevons
quelques lumières flotter sur les murs sombres. Nous arrivons à un
des lieux d’extraction de l’argent. Un bruit sourd se fait
entendre, nous tombons nez à nez avec un wagon poussé avec
souffrance par cinq hommes. Nous échangeons quelques mots, les
mineurs paraissent exténués.
Leurs
conditions de travail sont difficiles, inhumaines, les mineurs de
Germinal n’ont rien à leur envier. Le choc et le retour dans
l’Histoire s’imposent à nous. Nous leur offrons quelques
produits et repartons. Le guide s’arrête et nous explique qu’il
veut monter au deuxième niveau. Le passage est escarpé, je reste
donc avec ma puce. Ils sont de retour dans cinq minutes. Curieuse
sensation d’être seuls, sans un bruit, sans la moindre lueur, nous
semblons abandonnés au fond de cette mine. Si nos lampes
s’éteignent, si le guide ne revient pas, si la cavité s’effondre.
Vingt minutes d’attente à 4400 mètres, les secondes sont longues,
très longues… Puis, enfin, une lueur, une lumière, une lampe, ils
reviennent et nous prenons le chemin de la sortie. Trente minutes
avant de revoir le soleil, une fumée s’amplifie dans le conduit où
nous sommes. Elle devient de plus en plus opaque, l’air est de
moins en moins respirable, nous mettons des écharpes pour couvrir
nez et bouche, nous ne voyons plus rien, nous trébuchons… Notre
guide nous ordonne de marcher plus vite… Enfin, à travers le nuage
opaque, une lueur, la sortie et des carcasses de lamas qui brûlent
tant et plus devant l’unique accès à la mine. Quelques minutes
pour se remettre du choc, Anne Gaëlle craque. Enfin, la lumière,
l’air, la liberté après deux heures trente dans l’obscurité.
Nous allons acheter des chaussettes ( les nôtres sont désormais
inutilisables ), celles ci sont taille unique… Dîner et coucher,
morts de fatigue.
02/08/2005
Départ
12h30 pour Sucre. La route serpente dans les vallées asséchées,
trois heures de route, nous arrivons à Sucre.
Sucre
est une ville coloniale de toute beauté, perchée à 2700m, éden où
chaleur et raffinement procurent une sensation de bien-être, une
ville au parfum d’occident. On ne compte pas les églises et les
clochers blancs, les façades coloniales et les palmiers.
Enfin
des températures clémentes. L’hôtel est très confortable et peu
onéreux ( 12 euros ). Nous nous payons le luxe de regarder les
informations en français à la télévision.
03/08/2005
05/08/2005
Balades,
restaurants, enfin un peu de douceur dans une ville où il fait bon
vivre… Le soir, Sucre est animé, les étudiants investissent
la Plaza Del 25 Mayo et les nombreux pubs sont pleins. Nous
savourons notre lit douillet.
04/08/2005
Nous
repartons le soir même pour La Paz, encore quatorze heures de bus.
Toute la journée, nous nous promenons, prenons l’ambiance assis à
la terrasse des cafés, nous n’en loupons pas une miette. Sur
un banc, une horde de cireurs de chaussures nous aborde, il sont âgés
de 8 à 10 ans. Samuel veut une pièce de notre pays. Je trouve vingt
centimes d’euros, je lui montre sur le verso de la pièce, la carte
de l’Europe. Nous regardons ensemble les places de la France, de
l’Espagne, de l’Angleterre… Les autres en veulent, nous leur
donnons des stylos, des adultes arrivent, nous leurs distribuons les
derniers. 7h00, nous sommes dans le bus, pas de toilettes pas de
chauffage, voilà qui explique le prix intéressant de notre retour…
05/08/2005
06h00
du matin, gare routière de La Paz. Un thé dans une guitoune glacée.
07h30 nous sommes à l’hôtel, nous jouerons aux dés jusqu’à
10h30, heure à laquelle la chambre se libère. Nous passons à
Alaya, bureau des guides pour un briefing matériel pour mes trois
jours de montagne entre le 08 et le 10 août. Sieste, achats et
promenades.
06/08/2005
Route
puis piste pour la plus haute station de ski au monde, Chacaltaya à
5300 mètres d’altitude.
Plusieurs raisons pour cette excursion :
tout d’abord par curiosité, ensuite pour les paysages qui
surplombent l’altiplano, enfin pour me permettre de m’acclimater
pour les jours suivants et de permettre à Anne Gaëlle de passer la
barre symbolique des 5000 mètres. Le minibus nous dépose à
5300 m, il faut une heure de marche pour accéder au sommet des
pistes à 5440 m. La station est rudimentaire, pas ou peu de
neige, et un vieux câble obsolète qui fait office de remonte-pente.
Nous
partons, Anne Gaëlle prend peur et rebrousse chemin, sensation
inconnue et effrayante pour mon petit cœur… Je sens mon cœur qui
s’emballe, le souffle abdique, je suis bien en altitude, je ressens
avec plaisir ce que le manque d’oxygène impose aux organismes. Je
monte rapidement, du sommet, je peux observer à loisir la face du
Huyana Potosi que je tenterai de gravir deux jours plus tard. Les
vues sont panoramiques, La Paz et sa pollution, l’altiplano et la
Cordillère Royale… Je la rejoins. Nous buvons un maté de coca, et
redescendons sur La Paz.
07/08/2005
Promenades
et repos, nous profitons de la dernière journée ensemble avant mon
départ en montagne.
08/08/2005
09h20,
le guide arrive vient me chercher, un gros baiser à ma femme et nous
partons. « ne t’inquiète pas avant 20h00, le 10 août » 300
mètres de marche arrière sur la voie rapide, apparemment, il y a
quelques problèmes de logistique… Je monte dans un autre 4x4, je
rencontre deux français. L’un vient du Pérou à vélo, l’autre
est depuis neuf mois en Amérique du Sud. Nous arrivons
vers 11h30, le Huyana Potosi s’impose à nous.
Je
pense que nous allons manger un petit quelque chose… et non, je
m’équipe et nous partons à 12h00 pour le sommet du Charquini (
5350 m). Le Charquini est une petite montagne, son intérêt
est limité, le sommet est peu esthétique et peu technique, mais son
ascension me permettra de parfaire mon acclimatation. Le sentier
longe un précipice impressionnant puis nous gagnons le glacier. Le
temps est instable, les sommets couverts, quelques flocons tombent.
Vers 5100 m, je commence à souffrir, le sommet est atteint à 15h15.
Le Huyana Potosi est dans les nuages, j’espère que cela ne
durera pas…
Nous
redescendons, je suis mort de faim, j’ai dans le ventre les deux
malheureuses tartines avalées à 08h30 ce matin ! Dans la
descente, nous discutons avec Rodolphio, il ne manque pas d’humour,
nous lions sympathie. Nous parvenons au refuge quasiment vide ( 4650
m ), je rencontre deux français, nous dînons puis je vais me
coucher. Mon cœur me manque terriblement, première aspirine.
09/08/2005
Après
une bonne nuit de dix heures, nous partons vers le camp 2, à 5250 m.
Rodolphio
m’avait annoncé trois heures de marche, en deux heures nous y
sommes. Je rencontre trois français croisés la veille. Le camp 2
est un amas de tentes, posées à même les rochers au pied du
glacier.
Je
domine toute la vallée de cette terrasse en plein ciel.
Je
retrouve également les deux français rencontrés dans le 4x4 la
veille, ils sont allés au sommet. Dîner à 16h30. Je me sens
bien, chaque geste trop brutal m’affecte, mais tout cela est
normal. Je n’ai pas de mal de crâne, mes idées sont plutôt
claires, tout cela est de bonne augure pour demain. J’aime se
sentiment : je suis avec ma petite tente, planté à 5250 m, je ne
suis pas seul mais l’ambiance haute montagne me touche
profondément. Je me couche vers 18h00, étant persuadé de
pouvoir trouver le sommeil. Dans la tente des français, j’entends
des fous rires incontrôlables, ceux que nous avions également avec
Gatien lorsque l’altitude et le manque d’oxygène réduisent les
capacités mentales. Du coup, je me prends à rire tout seul…
J’écoute le vent, je pense à ma petite femme, mais je ne trouve
pas le sommeil…
10/08/2005
Je
m’assoupis vingt minutes, je me réveille, il est 00h23, mon réveil
sonne dans sept minutes…Il fait –5°c dans la tente.
Dehors, le vent est fort, très fort même… 01h00, Je bois un
thé glacé dans un univers glacial, l’obscurité est totale,
la température n’excède pas –20°c. 01h20,nous partons. Nous
marchons vite, très vite, nous distançons les quelques lampes
frontales qui s’étalent sur l’itinéraire. Seul un espagnol et
son guide nous accompagnent. Nous parvenons assez vite au Campo
Argentino ( 5450 m ), nous distinguons tout au loin la nuée que
forme les lumières de El Alto quelques 1500 mètres plus bas. 5500,
5600, 5700, les sensations sont bonnes, nous passons quelques
crevasses que nous ne voyons qu’à peine, nous enjambons
ces précipices de glaces qui pour certains s’évanouissent à plus
de vingt mètres dans les profondeurs du glacier. Un passage
vertical, la traversée d’un plateau glaciaire, bientôt 5800
mètres, mes forces me quittent, elles abdiquent. Je
marche machinalement, ne sachant pas si je pourrais atteindre
la consécration. Je suis épuisé, je paie sévèrement mon manque
de préparation et de condition physique. 5900 m, je m’arrête
tous les vingt mètres. Une cordée nous dépasse à vive allure,je
reste planté, essayant de happer au passage, les moindres molécules
d’oxygène. Nous abordons enfin la dernière difficulté, je doute
encore de mes aptitudes physiques à atteindre le sommet. La dernière
partie est constituée par une paroi de 45° en moyenne, mais
composée de pénitents, ces colonnes de glace formées par le vent,
si caractéristiques des montagnes d’Amérique du sud. Ainsi, il
faut louvoyer, se faufiler, se frayer un passage, il faut également
assurer ses ancrages, planter son piolet dans une glace friable, tout
cela avec des passages qui parfois sont proches de la
verticale. Je suis exténué, je fais une pause tous les dix mètres.
Enfin, à 06h40, l’obscurité totale, laisse sa place à une fine
ligne orange à l’horizon, le lever de soleil accompagne les
derniers mètres de mon calvaire.
Il
reste dix mètres, je sais désormais que je foulerai le
sommet…
06h50,
je suis au sommet du Huyana Potosi à 6088 mètres d’altitude, il
fait –20°c, nous avons mis 05h30, laissant derrière nous bon
nombre de cordées. Je suis très fatigué, affecté même, mais très
heureux de fouler mon quatrième 6000…
Les
perspectives sont infinies, l’altiplano, El Alto, le Lac Titicaca…
Je pense à ma puce que je vais retrouver dans quelques heures.
L’horizon nous offre l’ombre la montagne, elle se dessine,
grossit et s’évanouit en quelques instants.
L’instant
est fort mais il se doit d’être court. Le froid mordant et le
manque d’oxygène nous obligent à redescendre. Déjà d’autres
alpinistes nous rejoignent, nous nous congratulons mutuellement,
échanges brefs mais sincères.
Nous
redescendons , découvrons au fur et à mesure, l’ampleur des
espaces traversés dans l’obscurité.
Un
milieu moins hostile se découvre, je devine La Paz, la bas, au fond,
c’est encore très loin…
09h30,
nous sommes au camp, je mange un peu, cela fait quinze heures que je
n’ai rien avalé, je m’hydrate. Rodolphio me demande si je veux
dormir. Non, je suis pressé de redescendre. 12h00, nous sommes au
refuge, à 14h00, je suis à La Paz, mon cœur m’aperçoit du
balcon de la chambre, c’est un réel moment de bonheur. Je me
douche, je mange, je dévore. Curieusement, je ne suis pas trop
fatigué. Nous dînons dans un bon restaurant, je m’endors
très vite.
11/08/2005
Le
plaisir de rentrer est en demi-teinte, nous aimerions rester quelques
semaines, quelques mois de plus ; découvrir l’Argentine, le
Brésil… Nous passons la journée à nous promener, à flâner, à
utiliser à plein régime nos cinq sens, conscients que tout cela va
nous manquer.
Petit
passage à Varig pour confirmer, quelques photos puis nous changeons
d’hôtel pour la dernière nuit, ils n’avaient pas enregistré
notre confirmation. Nous passons dans le marché de la
sorcellerie, des fœtus de lamas gisent sur les tables, côtoyant
toutes sortes d’herbes, des bestioles en tous genres et les denrées
alimentaires de base…
Nous faisons les sacs et nous nous endormons,
conscient de passer nos ultimes instants en Amérique du sud.
12/08/2005
Nous
prenons le taxi à 10h00, déjeunons à l’aéroport.
La
grande baie vitrée, nous autorise un dernier coup d’œil sur El
Alto et sur le sommet du Huyana Potosi, nous sommes heureux, nous
sommes tristes…Nous savons également que les prochaines heures
risquent d’être longues. Nous embarquons pour Santa Cruz, le
décollage est impressionnant. En effet, l’oxygène et rare et
l’avion à besoin de cinq kilomètres pour décoller et il peine à
prendre de l’altitude, rasant pendant de longues minutes les
maisons délabrées de El Alto. Nous approchons à quelques dizaines
de mètres du sommet de l’Illimani ( 6400 m ), à tel point que
nous y distinguons la trace des alpinistes. Curieuse sensation
d’approcher avec un Boeing 737, des espaces réservés aux
alpinistes. Courte escale à Santa Cruz, envol pour Sao Paolo. Courte
escale à Sao Paolo, envol pour Paris.
13/08/2005
Il
est 14h00, heure française, à peine 08h00, pour notre horloge
biologique bolivienne, nous passons au dessus de l’Ile de
Noirmoutier, où nous nous rendons trois jours plus tard. Je pense à
ma famille que je vais y retrouver. 15h00, Roissy Charles De Gaulle,
nous y sommes, Laurent et Damien sont là, nous, certainement encore
là bas…
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