Je
trouve un pc pour sauvegarder mes photos et retrouve les quatre
filles rencontrées dans l’avion pour dîner.
18/02/2015
Sigiriya
– Kandy Jour : 92 km
Total : 276 km
Mal
dormi, départ tardif.
Je
reprends la route inverse sur 9 km direction Kandy, direction plein
sud.
La
route est paisible, la lumière matinale est douce, quelques fumées
d’encens viennent troubler l’horizon. L’heure est à la rentrée
des classes. Des dizaines d’écoliers, vêtus de blanc, se pressent
gaiement aux portails des écoles. Quelques kilomètres plus loin,
c’est déjà l’heure de la prière collective ou des chants
divers dans la cour.
Je
me sens un peu fatigué. Par expérience, je sais que le troisième
jour est toujours plus difficile. Mes jambes sont raides, le corps
est las, ma pédale gauche craque… Je m’arrête à maintes
reprises pour vérifier, resserrer mais rien n’y fait…
Petite
pause face à un réparateur de tuktuks qui ne manque pas de
traverser la route pour m’apporter une chaise.
Après
une soixantaine de kilomètres parcourus dans la poussière jusqu’à
Matale, je m’accorde une nouvelle pause. L’épicerie ne compte
que deux bouteilles de soda que j’avale en deux gorgées. Encore
une fois, la chaise ne se fait pas attendre. Le vendeur de l’échoppe
voisine a lui aussi travaillé de nombreuses années à Dubaï.
Échanges.
La
circulation s’intensifie franchement. Les bus dominent le trafic.
Ils ne cessent de klaxonner, ne freinent jamais lorsqu’ils sont
lancés mais se déportent tantôt vers la droite, tantôt vers la
gauche. Ils freinent seulement lorsqu’ils ralentissent (sans même
s’arrêter) pour prendre ou déposer des passagers. Par deux fois,
les bus se rabattent et m’envoient dans le bas-côté.
Plus
j’approche de Kandy, plus la circulation est dense. Une bonne côte
de 2,5 kilomètres me donne une bonne suée. Les faubourgs de la cité
sont indescriptibles, les codes n’existent plus, les véhicules
vont et viennent dans toutes les directions, indifféremment sur la
voie de gauche ou de droite.
Je
déniche une petite chambre à moins de 10 euros. Honnêtement, elle
n’en vaut pas le tiers. Chambre en sous-sol, sans fenêtre, à la
propreté douteuse. Elle fera l’affaire…
Une
plâtrée de pâtes et je me perds dans les ruelles de Kandy
parsemées de plusieurs temples.
L’attraction
de la cité, outre le paisible lac, est le Temple de la Dent , lieu
vénéré par les bouddhistes car il renferme une relique d’une
dent de bouddha. Il s’avère être une imposture touristique car on
ne peut voir la dent qui, par ailleurs, n’est qu’une copie.
Hormis ce détail, les fidèles vêtus de blanc se pressent au milieu
des fleurs, la foule est belle…
Promenade
le long du lac, quelques courses.
J’hésitais
à prendre une journée de repos à Kandy mais déjà, l’appel de
la route me démange. Je partirai demain pour Nuwara Eliya.
Je
retrouve à l’hôtel deux français rencontrés hier et deux
allemands voyageant à vélo. Ces derniers projettent également de
parcourir la même route et s’interrogent autant que moi sur
les reliefs qui nous attendent.
En
effet, depuis mon arrivée au Sri Lanka, à chaque fois que j’annonce
que je vais rejoindre Nuwara Eliya (1886 m d’altitude) à
vélo, les sri lankais me disent que je suis fou, qu’il s’agit
d’une zone de montagne et que personne ne la parcourt à vélo. 75
km dont 50 d’ascension sont au programme…
Bref,
s’il faut que je monte dans un camion, je le ferai.
Je
règle mon réveil à 5h30.
19/02/2015
Kandy
– Nuwara Eliya Jour 75 km
Total : 351 km
C’est
fait, j’ai rejoint, sur ma selle, Nuwara Eliya !
Je
suis donc parti vers 6h15, accompagné des deux allemands. Petit
résumé de ma promenade…
Nous
sortons de Kandy (400 m d’altitude), il fait à peine jour et la
ville se réveille à peine. Je hume avec plaisir les diverses fumées
matinales transpercées par une douce lumière. Belle ambiance.
Pendant
20 kilomètres, la route est à peu près plate.
Mes
compagnons d’échappée impriment un rythme soutenu. Pourtant, ils
pédalent en sandales/chaussettes et ne semblent pas décidés à
s’arrêter alors qu’un bruit anormal, sur l’un de leur vélo,
se produit à chaque tour de roue. Je suis impressionné par tant
d’aisance. Deux scénarii se profilent : ils sont très
entraînés et j’aurai des difficultés à les suivre ou ils se
brûleront les ailes.
La
route s’élève peu à peu, je les distance, les attends, les
distance à nouveau, je ne les reverrai jamais.
Il
me reste une quarantaine de kilomètres d’ascension. J’ai adopté
un rythme régulier, mes sensations sont bonnes, les paysages
superbes.
Arrêt
à Pusselawa. Les samosas sont spicy, very spicy mais la pause sur
les marches d’une petite échoppe me requinque.
Les
choses sérieuses commencent. La route s’élève avec insolence,
les plantations de thé bordent le ruban d’asphalte, les femmes,
courbées, ramassent inlassablement les précieuses feuilles. Lorsque
leur sac déborde, elles l’emmènent à la pesée, promesse de
quelques roupies gagnées à la sueur de leur front…
Certaines
parties sont raides, parfois très raides. 10 km/h, puis 8 km/h.
Bientôt 6 km/h, enfin 5 km/h . En dessous de cette vitesse, le
vélo peine à garder son équilibre et mieux vaut marcher.
La
chaleur est étouffante, la sueur me coule dans les yeux provoquant
de pénibles picotements. Je vide les bouteilles d’eau, de
jus, de soda, les unes après les autres. Il m’arrive de boire 10
litres de liquide par jour depuis mon départ. Aujourd’hui, je bois
encore davantage…
Je
m’arrête sur le bord de la route. Une petite, très petite dame
souhaite monter sur mon vélo. Les tentatives sont vaines, la
selle est sans doute trop haute…
60
km, 60,2 km, 60,3 km, 60,35 km… Les kilomètres à 6 km/h
défilent à un rythme désespérément lent.
Un
tuktuk me double et m’invite à m’accrocher. Je ne me fais pas
prier pendant une cinquantaine de mètres avant de lâcher prise,
honteux de ne pas gagner cette ville à la force des mollets et
conscient du danger que cela peut représenter…
Le
kilomètre 70 est franchi lorsque je passe sous une banderole. Je
n’ai plus besoin de lever les yeux pour voir la route. Cette
dernière plonge dans la vallée. Un col, une banderole, une
« victoire ». Tous les ingrédients du Tour de
France sont réunis, et, pour ma part, je viens de remporter la plus
belle étape ! Plus sérieusement, je suis satisfait et soulagé
de filer à toute allure vers Nuwara Eliya.
Chambre
miteuse, prix dérisoire. Il est 12h30.
Nuwara
Eliya est une petite station d’altitude, entourée de plantations
de thé, adoptant quelques détails "so british". Le golf,
par exemple, dénote avec le centre-ville typiquement sri lankais.
Je
déjeune, je me repose dans le joli Parc Victoria, je prends des
photos dans le bazar, je bois un petit café crème, j’ai mal aux
jambes.
Petit
pull ce soir, nous sommes à 1886 mètres d’altitude.
20/02/2015
Nuwara
Eliya - Ella Jour : 58 km
Total : 409 km
Mauvaise
nuit, je suis crevé.
Je
décolle vers 7h30. Il fait un froid glacial, je grelotte dans mes
manches courtes.
La
route descend en pente douce au travers de paysages verdoyants. Comme
chaque jour, je m’enchante du réveil de la rue : balayeurs,
écoliers, fidèles, commerçants… Au ralenti, la journée se met
en marche.
A
la faveur d’un virage, la vue s’étend sans la limite et la
chaleur fait subitement son apparition.
Je
n’ai pas pris le temps d’étudier la carte. Je tâtonne, je
doute, j’interroge les passants.
A
welimada, je retrouve ma position sur ma carte. C’est également
dans cette ville qu’un virage à droite met un terme à des
kilomètres de descente et annonce des kilomètres d’ascension. La
pente est douce, la route étroite et calme, les rizières et
plantations de thé qui la bordent me comblent… Quel bonheur !
Bandarawala
est une ville sri lankaise, à savoir poussière, circulation
impossible et toutes sortes de boutiques.
Petite
pause samosa et je repars pour 7 km de descente.
La
route qui mène à Ella est défoncée, criblée de nids de poules et
s’élève en traversant les plantations de thé.
Il
est 11h00, j’ai tout l’après-midi pour me reposer d’autant
plus que le bourg, qui n’est qu’une succession d’hôtels et de
restaurants, n’a guère à offrir au visiteur. Les environs sont
néanmoins superbes.
Repos,
lessive, hydratation et discussions.
Je
repars demain.
21/02/2015
Ella
– Tissamaharama Jour : 102
km Total 511 km
Ils
sont tous avec manteau et bonnet. Le patron de la guesthouse m’avait
prévenu: "le matin, il fait froid à Ella". A vue de nez,
il doit faire 18°c, je m’en remettrai !
Le
revêtement est exécrable, la pente raide. Généralement, les
descentes me permettent de me reposer mais les trois premiers
kilomètres de la journée mettent à rude épreuve mes nerfs et mes
patins de frein qui fument littéralement, tant je les sollicite. Les
jantes sont bouillantes, je crains que les pneus n’explosent. Je
fais quelques arrêts pour leur permettre de refroidir. Un comble !
La
qualité de la route s’améliore, je dévale la montagnes à près
de 60 km/h, et, lentement, discrètement, sans m’en rendre compte,
je gagne la plaine.
Une
petite piste s’enfuit vers l’ouest, peu après Wellawaya. Au bout
du chemin, au bout du monde, se trouvent les bouddhas de Buduruwagala
. L’itinéraire qui y mène traverse des plantations verdoyantes et
des étangs peuplés d’oiseaux et de varans.
Le
site est aussi inattendu qu’impressionnant. Un immense rocher (20 m
x 100 m) dans lequel sont sculptés des bouddhas monumentaux (9ème
siècle ), le tout, dissimulé dans un bois. Un mélange d’Abu
Simbel et des regrettés bouddhas de Bamiyan.
Lorsque
j’arrive, je suis seul. Trois français me rejoignent. Nous
quittons les lieux avant qu’un bus de touristes sri lankais
n’arrive. Les lieux se dévoilent lorsqu’on profite du privilège
de la solitude.
Je
pars au bon moment…
Alors
que je sirote un jus de banane à proximité du site, des militaires
armés en entraînement surgissent. Ils sont près d’une centaine,
empruntent la piste et disparaissent au prochain virage.
Je
me remets en selle, et, au milieu de la chaussée, j’aperçois
une masse sombre. Suffisamment proche, je distingue un militaire,
seul, couché à même le sol. A mon passage, des dizaines de soldats
armés sortent des fossés en hurlant. Quelques uns empoignent
l’homme à terre et le traînent à l’abri. Je passe stupéfait
au milieu de ce vacarme. Lorsque je m’éloigne, les cris continuent
et des coups de feu se font entendre (à blanc j’imagine…). Je
pense à ce moment-là : « Eh les gars, il y a des
endroits pour faire ça, on est sur la voie publique ! »
Je
retrouve satisfait l’A2, direction plein sud. Je roule à 26/27
km/h, je vole presque. J’aperçois un grand nombre de varans
traversant la route.
Après
70 km, je m’arrête déjeuner dans une cabane de bord de route.
Aussitôt, les enfants prennent mon vélo d’assaut et insistent
pour être pris en photo devant. Pour 150 rs (1 euro), on me sert une
grande assiette. Je ne reconnais aucun des ingrédients hormis le riz
et le poisson. Un délice, épicé et inconnu.
Je
repars pour la trentaine de kilomètres qu’il me reste à
parcourir.
Un
délice inconnu mais surtout épicé ! En plus d’avoir les
jambes et les bras en feu, j’ai désormais tout l’appareil
digestif en combustion par 35°c à l’ombre…
J’atteins
Tissamaharama vers 13h30 .
Je négocie avec patience et
pugnacité un lit que j’obtiens avec une bonne réduction.
Conséquence : j’ai une belle chambre spacieuse et propre,
avec eau chaude et donnant sur un joli jardin ombragé. Je vais donc
y rester deux nuits, j’ai quelques lieux à visiter dans les
environs.
Je
me repose une bonne heure puis pars en direction du grand Dagoba
blanc (stupa) visible de tous les environs. Haut de 55,80 m, il
attire, tel un phare, les nombreux fidèles.
A
proximité du dagoba, des canaux louvoient entre la route et les
rizières. Ces derniers sont assaillis par les sri lankais :
baignades et bain pour échapper à la forte chaleur qui sévit dans
l’après-midi. Me voyant passer avec mon appareil photo,
certains insistent pour que je prenne des clichés. Ce sont des
scènes de joie, de liesse auxquelles j’assiste. Une ambiance
paisible et rieuse…
A
l’hôtel, Lakshita me prête son pc afin que je sauvegarde mes
photos.
22/02/2015
Tissamaharama
– Katagarama – Kirinda – Tissamaharama
Jour : 62 km Total 573 km
Non
pas "jour de repos" mais "jour de non-progression".
Je
désire ce matin assister à une Puja (cérémonie d’offrandes)
dans un grand temple bouddhiste de Katagarama. 16 km me séparent de
cette ville, distance que je parcours allégé (sans sacoche).
Muznae, tient une petite boutique située face à l’entrée du
temple. Il me garde mon vélo le temps de la visite.
Après
m’être déchaussé, c’est un festival de couleurs et d’odeurs.
Ici,
ce sont des noix de coco enflammées que l’on fracasse contre le
sol, là, ce sont des dizaines de fidèles qui attendent avec des
corbeilles remplies de fruits. Tous attendent 10h30, l’heure à
laquelle la cérémonie doit commencer. A l’heure dite, des hommes
en blanc apparaissent. Je ne connais rien des codes et du rituel, je
n’en serai donc pas un témoin précis. Mais ce que je vois me
plaît et les fidèles n’en manquent pas une miette.
A
l’entrée du temple, un homme possédant une petite balance me
propose de me peser. Je me déleste de mon appareil photo et de ma
bouteille d’eau. 4,5 kg de plus que le jour de mon départ !
Ça vaut bien la peine de pédaler tous les jours ! (Balance
défectueuse, j’en suis certain, je l'espère...)
Je
retourne déjeuner à Tissa.
Dans
l’après-midi, je me dirige vers Kirinda, petit bourg en bordure de
mer, dominé par un immense bouddha orange.
Après
avoir fait un détour par la plage 100% sri lankaise, je laisse à
nouveau mon vélo dans la boutique d’une petite dame souriante et
je me hisse jusqu’au temple. Le temps est menaçant, je ne traîne
pas.
Je
parcours les 10 km du retour accompagné d’un motocycliste qui me
bombarde de questions. Une fois que sa liste est épuisée, il
disparaît subitement.
23/02/2015
Tissamaharama
– Tangalle Jour : 80 km (72 + 8)
Total : 653 km
Le
vent est favorable. A partir de Hambantota, j’ai même le droit à
une route à doubles voies désertes. Je file.
Retour
sur des route plus étroites. J’aimerais prendre un itinéraire qui
borde la mer. Après plusieurs recherches et témoignages, il
n’existe malheureusement pas. Je longe donc la côte sans jamais la
voir.
Encore
une attaque de chien.
J’arrive
à Tangalle et retrouve avec plaisir une petite chambre sordide avec
un lit sans drap. La moustiquaire est criblée de trous, le
ventilateur ronfle , craque et couine, les deux lézards qui
occupaient la chambre avant moi ne semblent pas décider à quitter
les lieux… Cette piaule est néanmoins bien placée, au
rez-de-chaussée, juste en face de la plage, ce qui signifie qu’en
cas de tsunami, je n’ai aucune chance.
Je
déjeune face à l’océan, change de l’argent et retourne à
l’hôtel. Déjà, le ciel se voile...
C’est
le moment idéal choisi par les nuages menaçants pour déverser
leurs millions de litres d’eau. Je suis au sec et attends que le
déluge cesse.
A
peine une heure de pluie et je repars à vélo explorer les environs.
Je
rencontre Tony, pêcheur qui a perdu toute sa famille lors du tsunami
de 2004. Il propose de m’emmener en mer avec son équipe. Départ
le lendemain à 2h00 du matin. Je décline. Il m’invite alors sur
son bateau pour m’expliquer son travail, me présenter à ses
coéquipiers et me faire visiter son embarcation. Les thons et les
espadons qu’il pêche sont envoyés au Japon. Achetés 10 euros le
kilo, ils y sont revendus une fortune.
Je
récupère mon vélo gardé par deux de ses amis et reprends ma
promenade
Je
croise par hasard les français rencontrés aux bouddhas de
Buduruwagala et deux allemands avec qui j’avais discuté à Tissa.
Les retrouvailles sont amicales, ils m’ont aperçu sur la route.
Je
dois être le seul à ne pas me baigner ici. Je préfère me perdre
et photographier.
24/02/2015
Tangalle-Mirissa
Jour : 81 km (53 + 28) Total :
734 km
Je
crois que je commence à comprendre les chiens sri lankais. Encore
deux attaques ce matin.
Un
chien est susceptible de m’attaquer lorsqu’il est laid (ce n’est
pas rationnel mais c’est observé), lorsqu’il vit à la campagne,
lorsqu’il n’y a pas de circulation, lorsque le jour se lève (il
n’est pas encore abattu par la chaleur).
Dans
la fraîcheur matinale, j’ai donc traversé des campagnes sur
des routes peu passantes. J’y ai croisé des chiens laids qui n’ont
pas manqué de me courir après…
J’arrive
à Mirissa après 53 km.
Mirissa
est une plage paradisiaque. Les touristes se prélassent sur les
chaises longues posées à même le sable, les restaurants proposent
des cartes internationales et diffusent sans retenue les musiques
actuelles. Trop de monde pour moi, je poursuis la route qui mène à
Weligama. Entre ces deux villes, un panneau indique une petite
guesthouse sur la gauche. Abritée à l’ombre des palmiers,
l’imposante bâtisse m’offre, pour une dizaine d’euros, une
chambre vaste et bien tenue donnant sur un petit jardin. La plage,
accessible par un sentier, est située à moins de 50 mètres. La
plage est paradisiaque car hormis le cadre exceptionnel, elle est
déserte !
J’enfourche
mon vélo, fais une halte animée au petit port de pêche et déjeune
à Mirissa sur un joli bout de plage bondé.
Je
prends ensuite la direction de Weligama (ouest) et découvre avec
ravissement de jolies petites criques préservées, des bateaux
peinturlurés et un stupa isolé.
Je
retourne à l’hôtel et me laisse tenter par un bain de mer. Je
n’allais pas quitter le Sri Lanka sans m’être trempé. D’autant
plus que je transporte mon maillot de bain depuis 700 km. Il me faut
donc l’utiliser… Eau à 27°c…
Les
vaches arpentent la longue bande de sable sous le soleil couchant.
Je
retrouve Alex, Clem, Johanna et Anaïs pour le dîner qui se prolonge
en jeu de cartes.
25/02/2015
Mirissa-Hikkaduwa
via Galle Jour: 66 km (52 +14)
Total: 800 km
Départ
pour Galle. La route est un enchantement : pêcheurs, cocotiers,
sable blanc…
Galle.
Je passe à 9h00 l’imposante porte qui permet de passer au-delà
des épais remparts édifiées par les hollandais au 17ème
siècle. J’attache mon vélo en face d’un restaurant et laisse au
restaurateur mes sacoches. Je pars donc à pied, sous une chaleur
difficilement supportable.
Remparts,
ruelles, églises, plages. L’image renvoyée n’est pas celle du
Sri Lanka. La promenade est cependant agréable.
Je
discute une demi-heure avec quelques chauffeurs de tuktuks qui ont
travaillé au Qatar, au Koweït, aux Emirats Arabes Unis … Le
vendeur de tickets de loto vient troubler nos bavardages. L’un des
chauffeurs en achète dix et me confie la responsabilité de les
choisir à sa place. Il prend mon numéro de téléphone et m’assure
qu’en cas de gain important, il me fait visiter le Sri Lanka
gratuitement pendant un mois avec ma famille.
Apple
pie salvateur à l’ombre d’une terrasse.
J’avais
prévu de loger à Galle. A 12h00, j’ai fait le tour, je remonte
donc sur ma selle sous un soleil de plomb. Le vent me pousse, il n’y
a donc aucune ventilation.
J’atteins
Hikkaduwa, je suis rincé, abattu par la chaleur. Trois hôtels
complets.
Je trouve pour 2000rs une jolie petite chambre dans un
jardin ombragé. 2h30 assis sur une chaise à récupérer. Mon
organisme a été violenté.
Hikkaduwa
est le repère des surfeurs, des mecs cools et chevelus marchant
pieds nus. C’est ici aussi que tous les russes semblent s’être
donnés rendez-vous. Les plages sont belles, sans plus. Elles sont
surtout envahies par les restaurants et les bars. Je suis ravi
d’apprendre que ce soir, comme tous les soirs, aura lieu une
immense soirée beuverie sur la plage. L'israélien qui me donne le
tuyau ne s'est visiblement pas remis de celle d'hier. A moins qu'il
n'ait déjà commencé celle d'aujourd'hui...
Je
me demande ce que je fais là, je dois être le seul à ne pas
m’adonner aux joies de l’horizontalité balnéaire. A vrai dire,
mon bronzage de cycliste dénoterait…
Je
rencontre Malid alors que je cherche le lac situé au sud de la
ville. Le garçon de 14 ans me guide à vélo le long de la voie
ferrée jusqu’à une petite crique. Des gamins immergés, en bonnet
de bain, s’appliquent à reproduire les gestes élémentaires de
natation. C’est là que Trisham, maître nageur, donne bénévolement
des cours , ce qui ne l’empêche pas de les abandonner pendant 20
minutes pour me décrire avec précision ce qui borde et ceux qui
peuplent le lac.
Quelques
courses et je vais dîner alors qu’il n’est pas 18h00. Avantage
de loger dans un haut lieu du tourisme : dévorer une pizza,
idée qui me chatouillait depuis quelques jours déjà.
Si
le vent ne change pas de sens, je l’aurai dans le dos jusqu’à
Negombo.
Mon
objectif demain est de contourner Colombo. La circulation dans la
capitale est infernale. Je vais donc me déporter vers l’est sans
m’approcher du centre ville. Je repère sur internet une chambre
qui se trouve à peu près sur mon itinéraire prévisionnel. Je
préfère la réserver tant les possibilités de logement sont rares
dans les parages.
26/02/2015
Hikkaduwa
– Maharagama Jour : 117 km
Total : 917 km
Je
quitte ma chambre à 7h30. Je ne trouve personne pour régler mon
dû. Le réceptionniste ronfle, allongé à même le sol,
derrière son bureau. Je laisse donc en évidence sur mon lit
la somme correspondante et reprends la route. 2 km passés, je me dis
que si les billets disparaissent, il me sera bien difficile de
prouver ma bonne foi. J’ai déjà la moitié des chiens du pays à
mes trousses, manquerait plus que la police suive ma trace.
Je
remonte plein nord la côte sur une soixantaine de kilomètres.
Quelques grands hôtels, des plages moins belles qu’au sud et une
circulation qui s’intensifie à mesure que j’approche de la
capitale.
Kalutara
passée et après avoir connu quelques frayeurs avec des bus, je
prends la clé des champs et emprunte une petite route sans
circulation.
Je
sens à nouveau l’odeur de la végétation, j’entends à nouveau
les murmures, les cris et les chants qui s’échappent derrière les
murs d’école.
J’avance
rapidement, je repère avec attention ma progression sur la carte.
90ème
kilomètre, je parviens à une intersection que je ne peux pas
identifier. Je demande, on m’explique. S’en suivent près de deux
heures de déroute en plein cagnard. A droite, à gauche, les avis
divergent et chaque interlocuteur affirme avoir raison.
Heureusement
que j’ai pris soin d'écrire l’adresse de mon logement, elle ne
m’est cependant pas d’une grande utilité. Je suis perdu.
Pourtant, l’orientation, je connais. Je ne m’explique pas cette
perdition. Peut-être ces nouvelles routes ne sont-elles pas
inscrites sur ma carte obsolète ?
Je
décide de rouler jusqu’à atteindre un axe majeur. Je bifurque sur
une route embouteillée, enfumée et assourdissante. La ville qui
m’est annoncée se trouve à l’opposé de celle que je cherche.
Demi-tour
pendant plusieurs kilomètres.
C’est
alors qu’un chauffeur de tuktuk, me voyant inspecter avec minutie
ma carte, me vient en aide. Je lui montre l’adresse. Sa maison est
voisine de celle que je cherche. Il m’invite à le suivre. Je
pédale comme un forcené pour ne pas perdre sa trace. Je suis abattu
par la chaleur. A gauche, à droite, route principale, à droite,
route secondaire, à droite, ruelle, à droite, impasse.
La
maison tant convoitée n’a aucun panneau, aucune enseigne, aucun
nom. Jamais je ne l'aurais trouvée seul. Le chauffeur de tuktuk
sonne. Pas de réponse. Il insiste. Pas de réponse. Il crie, hurle,
gesticule… Pas de réponse. Je doute.
Un
tuktuk passe. Le mien l’apostrophe. Je ne cherche pas à comprendre
comment et pourquoi le chauffeur providentiel possède le numéro de
téléphone des propriétaires de la maison.
L’affaire
est réglée, une minute passe et le portail s’ouvre. Délivrance,
merci les gars ! Nanda et Theekshana m’accueillent avec
gentillesse, douceur et un café dans leur superbe villa. Un havre de
paix.
Quelques
courses et repos bien mérité.
27/02/2015
Maharagama
– Negombo Jour : 86 km (74+12)
Total : 1003 km
Petit
déjeuner "en famille".
La
Main road est très encombrée. Les routes secondaires le sont tout
autant. Peu à peu la circulation se dissipe.
A
20 km de l’arrivée, les nuages menaçants vers lesquels je me
dirigeais déversent leurs flots avec une violence inouïe. Je suis à
l’abri. Une demi-heure à patienter et je me remets en selle sous
une pluie fine. Encore une demi-heure et les paysages, la chaussée
et le cycliste que je suis sont secs.
J’entre
dans Negombo. Je ne veux pas arriver. Je fais quelques détours,
prends quelques photos.
Vers
12h00, Patrick m’accueille enthousiaste. J’ai 991 km au compteur.
J’ai
quelques courses à faire, quelques bricoles à ramener à mes
enfants. Après un chopsuey avalé (dont seul Patrick a le secret),
je retourne au centre ville.
Lorsque
je rentre dans la cour de la guesthouse, j’ai 1003 km au compteur.
Je
nettoie mon vélo, prends une douche.
Dernier
coucher de soleil sur la plage, quel voyage !
Panne
d’électricité dans tout le quartier, la lumière s’éteint,
clap de fin.
28/02/2015
10h00
d’escale à Riyad. En plus de mes quatre acolytes rencontrées à
l’aller, je converse avec des dizaines de passagers.
01/03/2015
Bronzé,glacé
et ahuri sur le trottoir du terminal 2C, j’attends mes parents.
Retour à la maison.