Nous
reprenons la route vers l'Estonie.
Initialement,
je souhaitais rejoindre Parnu, nous laissons finalement la ville de
côté pour rejoindre le ferry qui nous permettra de rejoindre l'île
de Muhu puis celle de Kuressaare.
En
attendant, ce sont de longues lignes droites et rectilignes à
l'ombre des pins qui constituent le décor.
Alors
que nous sommes sur une petite route et que nous n'avons pas croisé
la moindre voiture depuis des dizaines de kilomètres, la chaussée
s'élargit subitement. Après vérification, il s'agit de la route la
plus large d'Estonie, car elle intègre une ancienne piste
d’atterrissage secrète et soviétique.
La
route se rétrécit après quelques centaines de mètres, retour à
la normale.
Nous
arrivons à 18h30, embarquons à 18h45 pour une vingtaine de minutes
de traversée.
Petit
parking sur Muhu, le long d'un parc avec jeux pour enfants.
02/08/19
Jour: 89 km Total: 3361 km
Le
village d'Orissaare (Ile de Saaremaa) a une particularité :
son terrain de football. Lorsque la municipalité a voulu déraciner
un chêne centenaire pour y installer un terrain, le chêne a
résisté. Depuis, il est considéré comme sacré et trône au beau
milieu du périmètre, juste en face d'un but, les joueurs n'ayant
d'autre choix que le contourner.
Petit
camping avec son traditionnel plan d'eau. Les enfants pêchent,
pataugent et je lis allongé sur un transat.
Mes
jambes me démangent assez rapidement, je rejoins Salme à vélo pour
tirer un peu d'argent. C'est dans ce bled que l'on aurait retrouvé
l'un des plus vieux bateaux Viking. Ça, c'est pour la petite
histoire... Autrement, Salme est un village désert où l'on ne
croise personne. Comme un peu partout dans les Pays Baltes, le
moindre petit bourg possède quelques barres d'immeubles de quelques
étages, héritage de l'ancienne URSS. C'est le cas ici aussi, c'est
étonnant. Pas de port, pas de bateau, pas de pêcheurs (les
poissons ont déserté cette partie de la Baltique), pas âme qui
vive. La mairie semble fermée depuis longtemps. Évidemment, je
n’accroche pas mon vélo, quand il n'y a personne, il n'y a pas de
voleur.
Je
n'ai pas vu de plage non plus. Eurêka ! Les gens sont à la
plage ! Si je la trouve, je trouverais donc les habitants.
Je
suis un sentier et je tombe sur un affreux monument en mémoire des
victimes de la guerre. Je poursuis pendant quelques kilomètres avant
de trouver un autre accès. Les dalles en bois sont défoncées et
mises en vrac sur le côté et je atteins enfin une longue plage
absolument...déserte.
Je
n'ose pas imaginer la tristesse des lieux au mois de novembre dans ce
bout du bout de l'Europe.
Comme
partout, cependant, les jardins sont superbement entretenus, la
pelouse tondue au millimètre.
03/08/19
Jour: 34 km Total: 3395 km
La
ville de Kuressaare est la capitale de l'île.
Son
château (14ème) est remarquablement conservé. L'intérieur abrite
le musée de l'ile. Belle surprise lors de ce samedi animé.
Les
trois rues qui constituent le centre-ville sont elles aussi investies
par les promeneurs mais le tour est très vite fait.
Après-midi
de repos.
04/08/19
Jour: 273 km Total: 3668 km
Au
bout de l'île, le phare de Storve est un phare du bout du monde.
Construit sur une avancée de sable qui se rétrécit progressivement
jusqu'à disparaître, il se visite et offre une vue panoramique et
spectaculaire.
L'Estonie
est réputée pour ses impacts de météorites. Pourquoi l'Estonie,
je n'en sais franchement rien, mais je ne suis pas certain qu'ils
constituent un attrait majeur pour le touriste. Le cratère de Kaali
est circulaire, mesure 100 mètres de diamètre et se résume à un
trou rempli d'eau.
50
kilomètres plus à l'est, nous sommes dans la longue file de
véhicules qui attendent le ferry pour rejoindre la terre ferme. 2
heures d'attente.
Nous
coupons à travers bois par les routes secondaires. Depuis des
dizaines de kilomètres nous n'avons pas croisé une voiture. Alors
forcément, le gros pick-up qui me colle subitement apparaît
suspect. Si les polars estoniens n'existent pas, j'ai un scénario
bien ficelé à soumettre. Dans l'obscurité des forêts de pin, pas
de témoin, le gredin à le champ libre.
Finalement,
fausse alerte, au bout de quelques kilomètres, nous retrouvons une
route principale et la civilisation qui va avec.
Nous
arrivons tardivement à Padise où se trouve un monastère en ruine
que l'on peut explorer librement. Malheureusement (ou heureusement),
l'Union Européenne a entrepris un programme de restauration. En
guise d'exploration, je me heurte aux grillages et aux échafaudages.
Petit
parking en bordure de forêt. Les garçons ramassent depuis le début
du voyage chaque bâton qui a une forme d'épée, d'arc ou autre
revolver.
Le
vide-poche de la portière du camion se remplit de bois, ils se
battent avec. Il va falloir procéder à un déchargement discret...
05/08/19
Jour: 141 km Total: 3809 km
Je
ne prépare plus beaucoup les voyages mais j'avais repéré un lieu
étonnant que je voulais visiter et qui nous a causés un petit
détour.
La
prison de Rummu a été construite dans les années 40. Édifiée
dans une carrière, elle nécessitait un entretien régulier afin de
colmater les infiltrations.
Avec
la chute de l'URSS, le site a été abandonné, l'eau a envahi la
prison et un lac s'est formé. Restent les murs, les tours
d'observation cerclées de barbelés.
Aujourd'hui
lieu de mémoire et de loisir (Le week-end, les estoniens viennent
s'y baigner), l'ambiance y est extraordinaire et sordide à la fois.
Nous
arrivons à Tallinn que nous parcourons dans tous les sens à pied.
Les ruelles médiévales sont envahies par les touristes, mais la
ville est superbe et animée.
Le
restaurant choisi au hasard sert des plats immondes et hors de prix,
personne ne finit son assiette.
Nous
gagnons le parc national de Laheema à 70 kilomètres au nord-est de
la capitale.
Composé
de forêts situées sur la côte, il promet de nombreuse randonnées.
Nous
finissons la journée sur le parking de Vosu, face à une belle plage
balayée par des vents violents.
J'emmène
les garçons en promenade de reconnaissance, avouons que les points
d'intérêt sont limités.
06/08/19
Jour: 185 km Total: 3994 km
5
kilomètres de randonnée à travers les bois. Encore une fois, tout
est bien organisé. Le Visitors Center fournit des cartes détaillées
au prix de 10 cents et les sentiers sont bien balisés.
L'ambiance
en forêt est formidable, nous avons l'impression d'y entrer si
profondément qu'on en oublie la civilisation. Évidemment, le calme
est relatif, comme d'habitude, les enfants ne cessent de parler. La
contemplation, ça vient à quel âge ?
Altja
est un ancien village de pêcheurs. Il a conservé trois ou quatre
bicoques en front de mer. Des cars de touristes viennent jusqu'ici
pour les contempler. C'est aussi ce que nous avons fait. Le site est
beau, de là à faire un détour...
Il
se met à pleuvoir, des cordes. Nous dormons sur le parking d'une
guesthouse pour quelques euros à 15 kilomètres au nord de Tartu,
deuxième ville d'Estonie.
07/08/19
Jour: 137 km Total: 4131 km
Tartu
est une jolie petite ville.
Nous
y dégustons de bonnes crêpes et découvrons le musée du jouet.
Un
musée qui expose l'histoire et la diversité du jouet. Mes enfants
découvrent ainsi le radio-cassette dans « la chambre des
années 90 ».
Bref,
au premier étage, une immense salle de jeu est ouverte aux enfants à
l'étage. On se déchausse sur le parquet en bois et l'on emprunte
des jouets en bois, des déguisements, on dessine... Malgré la
présence d'une dizaine d'enfants, c'est le calme et la sérénité
qui règnent... à peine troublés par nos garçons. L'impression
d'être à la maison.
Il
se met à pleuvoir, nous prolongeons la séance. A 16h00, la salle
doit fermer, je vais chercher le camion situé à 1,5 km de là.
L'occasion pour moi de faire quelques photos en solitaire, notamment
celle de ce musée qui s'est progressivement affaissé et qui est
désormais sauvé.
Un
orage terrible éclate alors que nous arrivons au pied du Suur
Manamagi, plus haute montag... colline des pays baltes.
Le
parking en bord de route est peu accueillant, nous posons finalement nos roues 9 kilomètres plus loin, à
Rouge, et, comme par magie, le soleil revient.
Un
russe alcoolisé vient me poser des questions que je ne comprends
pas. Il s'énerve, me répète sans cesse la même chose, s'emporte
et s'en va.
08/08/19
Jour: 481 km Total : 4612 km
Jour: 481 km Total : 4612 km
Depuis
qu'on a quitté la côte, les touristes se font rares. Ne serait-ce
pas parce qu'il y a pas grand chose à voir ? Peut-être mais
c'est très appréciable.
L'objectif
de la matinée est donc « l'ascension » Suur Manamagi et
ses 318 m (qui en font le plus haut sommet des Pays Baltes). Point
d'équipement spécifique et de préparation physique, une petite
centaine de marches mènent à une tour. L'ascension finale se fait
par des escaliers (que nous empruntons) ou par ascenseur.
Bon,
ce n'est pas le paysage du siècle, mais c'est l'occasion pour Émile
d'utiliser ses jumelles et son nouvel appareil photo. Verdict :
ne vaut pas le détour, on passait par là...
A
Balu, petite ville peuplée par des russes (la frontière est toute
proche), nous déjeunons à quatre pour 7 euros.
La
pluie et le vent redoublent. Nous poursuivons la route espérant
trouver des cieux moins hostiles.
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