31/07/2014
Jour: 348 km
Total: 4992 km
La frontière serbe est passée sans encombre. La pause déjeuner
doit avoir lieu dans un parc ombragé merveilleux situé dans une station
thermale elle aussi merveilleuse, bordée par des hôtels et demeures...
merveilleuses. La description de Vranjska Banja qui nous est faite dans le
guide nous promet donc des instants merveilleux. Nous avons cependant appris à
nous méfier et notre enthousiasme est mesuré.
Voici donc ce que j'écrirais à la place de ce rédacteur qui,
vraisemblablement, n'a jamais mis les pieds dans ce patelin:
" Cité thermale décadente. Ne manquez pas l'immense hôtel en
ruines, tagué et envahi par la végétation ainsi que les demeures délabrées qui
bordent le petit parc. Les jours de chaleur sont à éviter car les arbustes, du
fait de leur taille modeste, n'apportent pas d'ombre. La majorité des
établissements présents dans la minuscule rue principale sont des casinos aux
vitres calfeutrées. La rivière qui traverse Vranjska Banja a été aménagée et
bétonnée si bien qu'elle ressemble à un caniveau de grande taille."
Hormis ces aspects peu
flatteurs, et la crainte de s'être trompés de lieu, la pause est appréciée, les
vélos sont sortis et les bureks engloutis sont savoureux.
Nous repartons sous la pluie.
Une de mes brillantes idées nous conduit à sortir de l'autoroute
et couper à travers champs pour rejoindre Kraljevo. J'ai une carte détaillée,
j'en profite. L'itinéraire bis emprunte des routes routes rouges (axes
principaux) puis des routes jaunes (ce qui correspond à nos départementales)
puis se termine par quelques dizaines de kilomètres de routes indiquées en
blanc qui correspondent, j'imagine, à des voies plus petites.
La pluie redouble alors que nous nous enfonçons dans les
profondeurs serbes. La route se rétrécit et les panneaux, jusqu'alors traduit
en écriture latine, ne sont plus qu'en cyrillique. Faisant confiance à mon sens
de l'orientation, nous poursuivons notre plongée.
La pluie forcit, le revêtement de la route se dégrade. La forêt a
remplacé les champs et depuis quelques temps déjà, nous n'avons croisé
personne. Les panneaux indiquant les directions ont totalement disparu. Le
brouillard vient me compliquer la tâche. D'autant que sur cette petite route,
des portions de bitume ont laissé place à des torrents de boue.
Cela fait déjà plusieurs heures que nous avons quitté la route
rouge et notre errance forestière se poursuit.
Enfin, un panneau indique Krusevac. Pour
être plus précis, deux panneaux indiquent Krusevac, et ce, dans deux directions
opposées. Je prends à gauche et déjà, quelques habitations apparaissent.
Les habitants, armés de pelles, creusent les fossés. La route s'est transformée
en rivière et les rivières en torrents.
Il est temps de trouver un lieu pour
dormir. Un parking de restaurant nous convient, le patron n'est pas de
cet avis.
C'est finalement à l'entrée de Kraljevo
que nous trouvons une station-service avec toboggan (trempé) et wifi.
Jour: 230 km
Total:5222 km
Une pluie fine nous accueille au réveil.
Notre route se poursuit plein sud. Le
château de Maglic, installé sur un promontoire, domine toute la région. Je suis
envoyé comme éclaireur, Anne Gaëlle et les enfants m'attendent au fourgon. Le
pont suspendu qui enjambe la rivière gonflée par les pluies permet d'accéder à
l'édifice. Les planches disjointes craquent sous mes pas, le pont se balance
dangereusement au dessus des remous. Finalement, je fais demi-tour. De toutes
façons, la maman refusera que ses petits mettent un orteil sur cette
passerelle.
Inscrit au Patrimoine Mondial de
l'Unesco, le monastère de Studenica(12ème ) est un édifice majeur en Serbie.
L'Église de la Sainte Mère de Dieu, le bâtiment principal, est construit
intégralement en marbre.
La pluie
cesse enfin.La route se poursuit vers le sud.
Nous parvenons à Novi Pazar, ville
méridionale, à la frontière du Kosovo. La cité a la particularité d'être à
majorité musulmane. les minarets y remplacent donc les clochers et, nous
concernant, le soleil remplace la pluie.
La ville et sa zone piétonne et
l'ambiance générale sont agréables mais quelques détails nous interpellent. Le
nombre de voitures de luxe immatriculées en Allemagne et en Suisse est
étonnant. Certaines coûtent plus de 200 000 euros. Il s'agit certainement de
Serbes vivant dans ces pays revenant l'été mais ces signes de grande richesse
sèment quelques interrogations. Les bureaux de change sont également très
nombreux alors que les touristes sont inexistants. Ajoutons les quelques gamins
de moins de 12 ans déambulant pieds nus, la cigarette aux lèvres, tout cela
concourt à une atmosphère spéciale. (Si vous êtes des lecteurs assidus, je
trouverai une partie d'explication un peu plus loin dans le carnet...)
Les petits sont difficilement
contrôlables et la promenade est difficile.
La route de Nova Vajos est magnifique.
Elle borde la frontière du Monténégro, louvoie entre les collines et offre des
vues superbes sur la campagne. Cependant, ces beaux paysages ne nous donnent
pas un lieu où nous pourrons dormir. L'heure avance, le soleil décline, il va
falloir partir à la recherche d'un bivouac.
C'est 7 km avant Nova Vajos que nous
voyons un petit panonceau jaune indiquant camping. En fait, il s'agit de Branko
et sa famille qui proposent pour quelques euros de garer le fourgon dans leur
jardin. L'accueil est chaleureux, la communication difficile...
Nous
sommes à la campagne. Les petits sont très intéressés par les scènes auxquelles
ils assistent. Les vaches rentrent des alpages, les gamins du voisinage
apportent une chèvre pour la traire devant nous, on nous apporte du café et du
fromage frais... Cette journée se termine par une bonne partie de
football avec Nenard et ses copains.
02/08/2014
Jour: 210 km
Total: 5432 km
Après quelques jeux avec les chats de la maison, nous optons pour une piste qui longe l'impressionnant canyon de l'Uvac, une rivière faite de multiples méandres. Les aigles y tournoient sans cesse à la recherche d'une proie. Le panorama est magnifique.
Zlatibor est une station
très populaire en Serbie. Des restaurants, des fêtes foraines, des pédalos sur
le lac artificiel, des chevaux à roulettes, des vrais, des quads, des motos,
des buggys, des hommes-sandwichs, des ventes de souvenirs, des glaces, des
crêpes... Rien ne manque. Un enfer pour nous et notre porte-monnaie, le paradis
pour les enfants.
Nous quittons ce parc d'attraction qui
nous fait croire qu'il est village avant que tous nos dinars ne s'envolent
définitivement...
Nous prenons la direction du Parc
National de Tara. La forêt est dense, la route, au fil des kilomètres, laisse
apparaître des nids de poules vastes et profond. L'instant est critique quand
al surface des trous dépasse celle du bitume. Je roule à 10 km/h.
Nous arrivons non sans peine au Lac de
Zaovine. La encore, comme en Macédoine, une dizaine de caravanes usées y sont
installées pour quelques temps visiblement. L'endroit est beau, sans plus.
En poursuivant notre route, nous
apercevons un restaurant avec toboggans, balançoires et aire de jeu pour les
enfants. Mieux, il propose un emplacement sur une étendue d'herbe en contrebas.
Je vais voir le patron qui m'annonce que
c'est 11 euros avec tente, douche et toilettes. Je lui réponds gentiment que je
n'ai pas besoin de douche, de toilettes et encore moins de tente. J'aimerais
simplement me garer ici car les jeux pour enfants me seront d'un grand secours.
Qu'importe, il nous faut payer 11 euros. Je ne suis pas d'accord mais les
petits ont besoin de se défouler.
Les voilà partis sur les jeux et
j'attends avec impatience le moment où je m’assoirai avec une bière fraîche,
ruminant l'absence de compréhension du restaurateur. Quelques manœuvres pour
dormir à plat et je m'embourbe. La boue grasse s'est incrustée dans chacune des
rainures des pneus les rendant lisses comme des œufs. Impossible de reculer ou
d'avancer et me voilà coincé 10 mètres en contrebas de la route.
Je retourne voir le restaurateur qui
envoie son fils. Des pierres, des morceaux de moquette et les bras généreux
d'un client me permettront, après 45 minutes d'effort, de sortir de ce
bourbier. Le temps de rentrer tout le monde, de récupérer mes 11 euros (non
mais !) et de filer vers un bivouac moins gras.
C'est finalement au centre-ville de
Bajina Basta, petite bourgade animée que nous nous garons pour la nuit.
Une zone piétonne et des structures gonflables pour enfants, des marchands de glaces et une place dans une ruelle annexe, tout va pour le mieux...
Une zone piétonne et des structures gonflables pour enfants, des marchands de glaces et une place dans une ruelle annexe, tout va pour le mieux...
Monastère de de Raca
03/08/2014
Jour: 213 km
Total: 5645 km
Les mouches ont envahi le camion.
Il va nous falloir trouver un camping
digne de ce nom. Le réservoir d'eau claire est vide, celui des eaux usées est
plein ainsi que les toilettes, une lessive est à faire de toute urgence. Les
enfants ont passé beaucoup de temps dans leur siège ces derniers jours, il leur
faut un lieu adapté pour qu'ils puissent jouer et s'aérer en toute sécurité. Ce
fameux guide en qui nous n'avons plus confiance indique un camping à une petite
centaine de kilomètres de notre point de départ. Celui-ci, s'il existe,
constituera une halte appréciable de quelques jours .
Nous
reprenons donc la route pleins d'espérance...
Monument commémorant les combats entre les partisans communistes yougoslaves
et les nazis en 1941
Le camping de Divicibare est à
l'abandon, envahi par la végétation. Espoirs envolés.
Une
source à la sortie du patelin nous permet de refaire le plein de 90 litres
d'eau claire. 1/3 de nos problèmes sont résolus. Valjevo est déserte en ce
dimanche devenu gris et pluvieux. Une pizzeria nous permet, en plus de
déjeuner, de capter une connexion internet. Je déniche un camping à une
trentaine de kilomètres de Belgrade. L'espoir renaît.
C'est donc chose faite à Bacevac. Le
lieu n'est pas à proprement parlé un camping. C'est plutôt un hôtel vide, un
restaurant bondé en ce dimanche, un petit zoo, une aire de jeu pour les enfants
et 3 ou 4 emplacements dotés d'eau et d'électricité. On ne demande pas mieux.
Je me gare donc sur le gazon détrempé et m'embourbe creusant ainsi des ornières
gigantesques sur le green si bien entretenu. Cette fois-ci, c'est le tracteur
qui nous sort de ce faux pas devant la cinquantaine de clients serbes attablés
à l'extérieur. Une entrée remarquée pour nous qui sommes les premiers français
à s'arrêter dans le coin... Je me gare donc sur les graviers...
Le reste n'est que du plaisir. Les enfants ont un espace immense pour
jouer et s'occuper des animaux et nous avons un peu de tranquillité ! Les
employés viennent nous saluer un par un, le patron me demande de parler à sa
femme au téléphone, elle aime beaucoup notre langue mais n'en parle pas un mot.
Me voilà donc parti pour un monologue en français.
04/08/2014
Jour: 8 km Total: 5653
km
Au réveil, le patron nous apporte des
poires fraîchement cueillies.
Le lundi, à Barajevo, c'est jour de
marché. Nous y sommes par hasard, ce dernier fait bien les choses. Les paysans
viennent de tous les villages alentour pour y vendre toutes sortes d'animaux,
de fruits et légumes, de pièces auto d'occasion, de vêtements et du bois.
Sur le retour, nous prenons un homme en
stop qui, se retournant, n'en croit pas ses yeux en voyant l'aménagement du
fourgon et les quatre billes interrogatrices des enfants, bien assis dans leur
siège auto.
Retour au camping et temps libre pour
les enfants.
Pendant ce moment de répit, je fais des
recherches sur les plaques suisses et les voitures de luxe croisées à Novi
Pazar. D'après les différents rapports que j'ai pu consulter, il s'avère que
cette région est une plaque tournante de trafics en tous genres.
"Novi Pazar joue le rôle d’une
place neutre mafieuse. «La Genève des Balkans», ironisent certains. C’est ici,
en effet, que se rencontrent les réseaux criminels serbes, monténégrins,
bosniaques et kosovars. À Sarajevo, les Sandjakis ont la réputation de tenir
tous les réseaux de trafic, et les véhicules immatriculés à Novi Pazar sont les
seuls à pouvoir circuler sans problèmes aussi bien en Serbie, au Monténégro
qu’au Kosovo.
La réputation de Novi Pazar dépasse même les frontières de la région : certains «hommes d’affaires» locaux se portent garants, sur leurs biens et sur leur vie, de cargaisons d’héroïne qui circulent d’Istanbul vers l’Europe occidentale." Source: rfi.fr
La réputation de Novi Pazar dépasse même les frontières de la région : certains «hommes d’affaires» locaux se portent garants, sur leurs biens et sur leur vie, de cargaisons d’héroïne qui circulent d’Istanbul vers l’Europe occidentale." Source: rfi.fr
Voilà pour l'explication...
05/08/2014
Jour:124 km Total: 5777 km
Je
m’arrête sur la route de Belgrade pour vérifier la pression des pneus.
L’appareil dysfonctionne et mon pneu avant droit se dégonfle comme un ballon de
baudruche. Évidemment, l’appareil dégonfleur ne gonfle pas.
Arrêt
au garage.
Belgrade.
Le
centre ville est très animé. L’immense zone piétonne qui part de la forteresse
s’étire à perte de vue. L’architecture retrace de façon concrète l’histoire de
la ville. En même temps, la ville est très européenne.
Promenade
agréable bien que peu facile à gérer. Les petits se battent pour s’asseoir dans
la poussette ou la pousser. Je préférerais qu'elle casse subitement mais malgré
son affalement progressif, elle continue à rouler. Bref, bien décidés à ne pas
rater notre visite, nous sommes fermes mais y laissons quelques plumes.
La
forteresse, imposante, domine le Danube. Ses jardins incitent à la flânerie et
semblent être un lieu incontournable pour les joueurs d’échec.
La
Cathédrale Sainte Sava est le plus grand édifice religieux d’Europe. Débutée en
1939, sa construction fut interrompue par les nazis en 1941 et reprise en 2001.
Remarquable à plusieurs kilomètres de distance, elle s’impose par ses
dimensions et sa blancheur étincelante.
Nous
parcourons les 70 km qui nous séparent de Novi Sad et posons nos roues dans un
petit camping rural repéré la veille sur internet. Les moustiques nous
dévorent, l’orage éclate, le sol tremble.
06/08/2014
Jour: 159 km Total: 5936 km
Route
vers Novi Sad sous quelques gouttes de pluie.
Le centre
de la cité, de taille réduite, est constituée d’une zone piétonne, aussi
habituelle qu’agréable. Nous déambulons au fur et à mesure que les rues se
remplissent.
Pour rejoindre l’espace Schengen et la Hongrie, une file importante de
véhicules nous fait patienter une bonne heure. Le douanier ne s’attarde pas sur
notre foutoir et ne repère pas la bonne quinzaine de mouches serbes qui
passent, dans le fourgon, clandestinement la frontière.
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