Voyage improvisé vers les Balkans ("montagne
boisée" en turc). 7815 km en fourgon sur les routes de l'ex-Yougoslavie, à
travers la Bosnie, le Monténégro, l'Albanie, la Macédoine et la Serbie. 7815 km
au rythme des rencontres et des sourires. 7815 km pendant lesquels les mosquée
deviennent monastères et les lacs deviennent mer. 7815 km pour tenter de
comprendre les problématiques d'une guerre si proche.
Récit d'un périple en liberté au travers de la montagne boisée.
Nous traversons les départements 18 ou 58, il faut dire, des départements que je ne connaissais pas. Dans certains villages, l’exode rural n’est pas un mythe. Les commerçants ont baissé le rideau depuis longtemps, certaines maisons sont à l’abandon, les volets sont clos et les rues désertes.
Récit d'un périple en liberté au travers de la montagne boisée.
7 au 11/07/2014
Jour: 487 km
Total: 487 km
Camion chargé, en route vers l’est. J’écris
route vers l’est car nous souhaitons rejoindre la Turquie voire l’Arménie si la
température, les finances et la contrainte temporelle nous le permettent.
C’est cependant vers l’ouest que nous
nous dirigeons . Plus précisément, la Vendée. Étape incontournable dans la
maisonnette familiale. Nous nous éloignons donc de notre but pour quelques
jours, mais promis, l’est sera notre chemin les semaines à venir.
L’Allemagne bat le Brésil en
demi-finale. Nous comptions dormir en Allemagne le 13 juillet au soir. Le 13
juillet, c’est la finale, l’Allemagne est en finale, nous ne dormirons pas en
Allemagne. Nous craignons de ne pas fermer l’œil de la nuit en cas de victoire
germanique. L’itinéraire est à revoir…
12/07/2014
Jour: 482 km
Total: 969 km
Traverser la France d’ouest en est est plutôt
inhabituel. Bourges passée, c’est en bord de Loire, à La Charité sur Loire que
nous nous posons pour la nuit. L’occasion d’une promenade le long du fleuve
sauvage…
13/07/2014
Jour: 566 km Total: 1525 km
Nous traversons les départements 18 ou 58, il faut dire, des départements que je ne connaissais pas. Dans certains villages, l’exode rural n’est pas un mythe. Les commerçants ont baissé le rideau depuis longtemps, certaines maisons sont à l’abandon, les volets sont clos et les rues désertes.
Nous gagnons la Suisse,
et, après avoir roulé toute la journée, nous sortons de l’autoroute en quête
d’un parc ou d'un toboggan.
Une heure de pause
salvatrice puis nous trouvons une station service sur l’autoroute (seul lieu où
il est autorisé de passer la nuit en camping car en dehors des campings en
Suisse) pour passer la nuit.
14/07/2014
Jour: 569 km Total: 2184 km
06h40. On frappe avec insistance sur la tôle du fourgon. Police, contrôle des passeports.
14/07/2014
Jour: 569 km Total: 2184 km
06h40. On frappe avec insistance sur la tôle du fourgon. Police, contrôle des passeports.
L’Allemagne est
championne du monde de football.
La Suisse est traversée
rapidement, puis, afin de gagner l’Allemagne, quelques kilomètres en Autriche
doivent être empruntés. Le GPS nous fait passer à nouveau (cf Slovénie
octobre 2013) par cette étroite passerelle interdite aux véhicules dépassant la
hauteur de 2,40 m. Rebelote, c’est en warnings et au milieu de la
chaussée que je la franchis, au risque de toucher les montants de l’édifice.
Pause salvatrice au
Ammersee.
Sans conteste, les allemands
savent faire. Il suffit de repérer au hasard un lac sur une carte, de s’y
rendre et le lieu est toujours fantastique. C’est ce que nous avons fait. Un
lac allemand est toujours servi avec une promenade agréable, une plage
accueillante, une glace et un café.
Les enfants se sont endormis, nous traversons l’Autriche puis entrons en
Slovénie.
Je gare le fourgon au bord du
lac de Bled où nous avions dormi en octobre dernier.
Même place, même promenade, même lumière, même lieu formidable.
15/07/2014
Jour: 317 km Total:
2501 km
A 9h00 du matin, nous sommes chassés par le gardien du parking qui s’évertue à vouloir me faire payer les 5 euros journaliers que coûte l’emplacement.
Les kilomètres défilent
et nous réfléchissons. Financièrement et compte tenu de la distance à parcourir
avec les enfants, il nous faut revoir nos plans. Nous partons donc
sud-ouest, nous partons pour les Balkans. La frontière croate est passée. Nous
trouvons un camping à la frontière bosniaque afin de peaufiner notre
programme…
Carte en main, notre périple
se dessine. Le début tout du moins. Traversée de la Bosnie-Herzégovine puis
plage quelques jours au Monténégro pour les petits. La suite ? Je n’en
sais rien…
16/07/2014
16/07/2014
Jour: 198 km
Total: 2699 km
Je
dilapide les derniers kunas dans quelques litres de diesel puis nous
franchissons la frontière bosniaque.
La
route serpente entre les collines.
Premier
village, je me fais flasher. Deuxième village, j’ai encore droit à une photo.
Après avoir testé le bon fonctionnement des radars bosniaques, je décide de
lever le pied.
La
majeure partie de la population en Bosnie est de confession musulmane. Dès la
frontière passée, l’ambiance est caractéristique. Mosquées et tapis immenses
qui sèchent à même le sol.
Nous
arrivons à Bihac, première ville de Bosnie en venant de Croatie. Une voiture
française se gare à côté de nous, ne s’acquitte pas du ticket de parking. Cinq
minutes à peine se sont écoulées qu’un sabot l’immobilise. Moi qui hésitais à
payer... Je change de l’argent à la banque, la vieille femme devant moi signe
de son empreinte digitale.
Nous déjeunons à quatre pour 6 euros
puis quelques pas dans cette cité agréable. L’appel à la prière nous rappelle
qu’il est l’heure de poursuivre notre route.
Étonnant.
Les traces de la guerre sont encore très visibles. De nombreuses maisons ont
conservé les impacts de balles, lorsqu’elles ne sont pas encore à moitié
détruites.
S’il
fallait faire des statistiques, je dirais que la moitié des maisons ne sont pas
achevées et pour la plupart ne le seront jamais, un quart d’entre elles sont en
ruines, enfin, le dernier quart est constitué d’habitations achevées et
ravalées.
Jajce
est une étape intéressante à plusieurs titres.
Petite ville agréable, elle abrite
en son centre une cascade d’une vingtaine de mètres de hauteur, une forteresse
(14ème siècle) qui la domine et des ruelles tortueuses et pavées.
Nous
filons à la cascade puis posons nos roues pour la nuit à quelques kilomètres du
centre, en bord de lac, sur le parking d’un hôtel. Nous nous réservons la
visite plus approfondie pour le lendemain.
17/07/2014
17/07/2014
Jour: 173 km
Total: 2872 km
Réveil
tranquille, café à l’hôtel, les petits peuvent profiter des multiples
structures de jeu de l’établissement.
Nous
partons à l’assaut de la forteresse puis poursuivons notre périple.
Nous poursuivons sur la route de Sarajevo.
Travnik
est une ville étrange, dépaysante à souhait. Un mélange d’orient et d’occident,
de délabrement et de poussière.
Difficile
de se garer. Enfin une place. Une belle place sous un
panneau « interdiction de stationner ». Quatre hommes sont assis
à une dizaine de mètres.
« Français ? »
« oui »
« vous
pouvez vous garer »
Visiblement
ils se chargent de surveiller le fourgon. De surcroît, ils semblent ne pas
avoir d’autres obligations.
A
l’image de ces quatre charmants messieurs, les rues et les cafés sont peuplés
d’hommes. La présence des femmes est rare. On retrouve cette caractéristique
dans les pays du Maghreb par exemple et globalement dans les pays musulmans.
L’atmosphère est singulière, étonnante, envoûtante, intrigante dans une
certaine mesure. Géographiquement nous sommes en Europe mais l’image et le son
ne semblent pas renvoyer cette réalité. A vrai dire, ce que nous voyons ne
ressemble à rien que nous ne connaissions.
Deux
heures se sont écoulées et les gars du parking ont disparu. Je déplace donc le
fourgon.
Les
enfants ne veulent pas marcher. Un peu d’ingéniosité et de compromis et la
poussette simple se transforme en poussette double. Pour le moment, cela
fonctionne malgré les signes de fatigue de l’engin.
Montée éprouvante (pour moi) jusqu’à la forteresse qui domine les
minarets.
A notre retour, un gamin essaie par tous
les moyens d’ouvrir les portes de notre véhicule. Je le chasse, il revient à la
charge…
La
route se poursuit et nous sommes en quête d’un lieu pour dormir. Vendeurs de
CD, de DVD, de miel ou de pastèques se succèdent. La grande majorité des
habitations est délabrée, détruites ou en chantier depuis plusieurs années. Les
chiens sont errants en Bosnie., il y a en toujours un qui risque de passer sous
mes roues. Tout cela est peu engageant pour passer la nuit.
Nous
empruntons la seule autoroute bosniaque, celle qui mène à Sarajevo.
L’espoir de trouver un lieu sinon accueillant, le moins hostile possible
s’amenuise. Nous pénétrons dans la banlieue de Sarajevo. Poussière, chantiers,
vendeurs en tous genres… Il est 19h00 passées. Une, deux, trois
stations-service, un hôtel, un restaurant. Tout le monde connaît un camping à
Sarajevo et tous nous indiquent une direction différente. Pas un ne parle
anglais ou allemand et je ne parle toujours pas le bosniaque… Au péage, le
guichetier, dans un anglais impeccable nous confirme qu’il existe un camping.
Toujours tout droit.
Évidemment,
pas le moindre camping à l’horizon.
Nous
décidons de prendre la route de Mostar et de passer la nuit dans la première
station-service se présentant. Les petits ont atteint leur LPM (limite de
patience maximale). Il nous faut trouver un lieu rapidement ;
Nous
suivons la signalisation qui doit nous mener vers Mostar. Je rate un panneau et
voit s’éloigner la route convoitée. Je jure, je m’énerve et cherche un moyen de
faire demi-tour. A la prochaine intersection, s’il faut franchir la ligne
blanche ou un quelconque terre-plein, rien ne m’empêchera de parti dans le sens
inverse… Rien, sauf ce panneau où est inscrit en blanc sur fond marron
« CAMPING ». La flèche indique tout droit, je ravale aussitôt mes
envies de bifurcations.
Il
est 20h00, nous lâchons les petits sur cette immense étendue d’herbe, l’appel à
la prière résonne, on peut enfin souffler.
18/07/2014
Jour : 0 km
Total : 2872 km
Le
réceptionniste nous déconseille de prendre le fourgon pour visiter Sarajevo du
fait des risques d’effraction.
Nous
marchons donc un petit kilomètre jusqu’à la ligne de tramway n°3. Le tramway
est une antiquité délabrée. Cependant il est composé de quelques wagons roulant
sur des rails et comportant des sièges. Il s’agit donc bien, après
investigation, d’un tramway.
La
rame est vide. En trente minutes, elle se remplit progressivement frôlant
l’implosion lorsque nous descendons enfin.
Nous
nous promenons dans la vieille ville, le quartier ottoman. Encore une fois,
l’orient est proche. Nous sommes vendredi, la grande prière va avoir lieu, les
fidèles attendent l’appel du Muezzin, les odeurs de viande grillée emplissent
les ruelles et leurs fumées s’échappent au dessus des toits, les effluves de
narghilé nous surprennent ici et là...
Un
parfum envoûtant à peine atténué par les touristes peu nombreux.
Mosquées,
église, synagogue. Sarajevo, ville marquée, blessée, ville ressuscitée et ville
pour tous.
Les
enfants ne veulent pas marcher, la poussette souffre autant que mes biceps sur
les pavés disjoints. Nous leur achetons des ballons gonflés à l’hélium pour
avoir un peu de tranquillité. Dans les ruelles étroites, les passants se font
percuter par cet engin roulant équipé de deux petites montgolfières. L’un des
ballons s’envole, l’autre se dégonfle. La garantie internationale ne s’applique
pas, d’ailleurs le vendeur a disparu…
Les
bureks (chaussons à la viande) s’achètent dans la rue pour moins d’un euro. Un
délice...
C’est ici que l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône
d’Autriche-Hongrie, s’est fait assassiné par un nationaliste serbe. Le 28 juin
1914, cet événement plongea l’Europe dans la première Guerre Mondiale.
Retour
dans un tramway moins antique mais toujours aussi bondé. Nous sommes bloqués
par une manifestation de soutien à Gaza qui, de fait, nous informe sur la
situation proche-orientale.
Le frigo
nous lâche.
19/07/2014
Jour: 163 km
Total : 3035 km
La route qui mène au lac de Boracko (Boracko Jezero) est
très étroite, sinueuse et surplombe le vide.
Cependant
la vision du plan d’eau cristalline confirme le choix du détour. Baignade et
pique-nique dans un décor idyllique.
Les paysages sont superbes et nous transportent dans l’univers bucolique
de « La vie est un miracle » d’Emir Kusturica.
Nous
arrivons sous une chaleur de plomb à Mostar où le parking hors de prix
nous servira d’abri pour la nuit.
J’aurais
payé cher pour une bière bien fraîche. Finalement, l'épicerie du coin me
l'offre pour moins d’un euro (le frigo est HS).
Mostar, avant d’être une destination touristique et
surefaite, est une cité est l’histoire riche et tourmentée. Mostar était et
reste une ville coupée en deux. Mostar est à dominante catholique et Mostar
ouest musulmane. Pendant le conflit (1992-1995), le pont ottoman, symbole
de la ville, est dynamité le 9 novembre 1993 par les forces croates afin
d’empêcher les musulmans bosniaques de prendre le contrôle de la cité.
Le
pont, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco a été reconstruit à l’identique
avec certaines pierres d’origine en 2004.
Les
touristes affluent de la côte croate peu lointaine et l’on y paie en euros.
Hormis cette constatation, la ville est superbe et le pont, majestueux,
concentre, à juste titre, toutes les attentions. Les vestiges des conflits sont
encore visible en arrière-plan d’un centre-ville complètement rénové.
20/07/2014
Jour: 214 km Total: 3249 km
Il
fait déjà plus de 30°c dans le camion, il n’est que 8h00 du matin. La direction
est celle de la Croatie, dans le but de rejoindre au plus vite le Monténégro. 7
km d’embouteillage à la frontière. Après 30 minutes d’attente, nous n’avons pas
avancé d’un mètre. J’avais repéré une autre route sur la carte mais elle nous
imposera un large contournement. Peu importe, il fait plus de 40°c dans le
fourgon, il nous faut rouler au risque de griller sur place.
La route
pour rejoindre Trebinje est superbe. Elle traverse des paysages de garrigue
sous une chaleur accablante et le vacarme incessant des cigales.
Trebinje
est la ville la plus méridionale de Bosnie. Il y flotte un parfum particulier.
Passée la suffocation sur le parking, nous nous retrouvons sur le marché
couvrant une place ombragée et couverte de cafés. Les garçons suscitent
curiosité et amusement. Un marchand leur offre de abricots et nous faisons les
provisions en fruits el légumes. Les tomates sont énormes et laides mais quel
goût !
La
vieille ville n’a rien d’exceptionnel mais encore une fois, elle dégage une
douceur et une tranquillité appréciable.
Nous
nous installons et commandons des bureks. Le patron nous en sert une quantité astronomique
pour une somme dérisoire.
Jeiko,
bosniaque ayant vécu en France nous interpelle et entame la discussion. Il
s’interroge sur notre présence ici. « Comment et pourquoi vous
retrouvez-vous là ? ». Visiblement, les touristes ne sont pas légion
à Trebinje, il faut dire qu’excepté à Mostar et dans une moindre mesure à
Sarajevo, nous n’en avons pas rencontré en Bosnie.
Nous
quittons la ville en appréhendant la frontière croate. D’autant plus qu’il nous
faut entrer en Croatie, en ressortir puis entrer à nouveau en Bosnie pour
quelques kilomètres, en sortir, revenir en Croatie qu’il faudra quitter pour
pénétrer au Monténégro.
En
sortant de Trebinje, un panneau à gauche annonce Herzeg Novi, porte d’entrée du
Monténégro. La route est neuve, elle n’est pas inscrite sur ma carte. Le
passage de frontière se fait en trois minutes.
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