Zéro
photo, zéro kilomètre. Aujourd'hui, nous sommes sur une plage de la
Mer Noire et les enfants profitent avec intensité de la plage et des
vagues. Moi, je résiste comme je peux à ce repos forcé, je me
lance ainsi dans la rédaction de ce carnet. Vous l'aurez compris,
nous sommes partis en direction de l'est pour un nouveau périple
intitulé « Roumanie, Moldavie et Bulgarie, tours et détours
jusqu'en Mer Noire ».
16/07/18
Jour:
544 km Total: 544 km
Le
départ matinal initialement prévu a lieu à 14h00. Camion chargé,
nous filons vers l'Allemagne. Reims, Metz puis Saarbrücken et
finalement Mannheim où nous trouvons un petit parking sur lequel
s'organise une partie de foot avec Yann, fils d'une famille
allemande de passage.
17/07/18
Jour:
639 km Total: 1183 km
Nous
procédons comme à notre habitude : les premiers jours, le seul
objectif est de rouler pour rejoindre le ou les pays convoités.
Après
Nuremberg, le Friedensee est un lac, et comme partout en Allemagne,
il est aménagé pour la baignade.
Nous
y posons notre serviette après avoir parcouru 312 km. Le temps de se
reposer, de glisser et de se faire piquer par des guêpes, nous
reprenons la route de l'est.
21h30,
nous rejoignons la magnifique abbaye de Melk en Autriche, aperçue en
2014. Le parking est spacieux, petite partie de foot nocturne et nous
nous couchons après une journée de route un peu abrutissante.
18/07/18
Jour:
551 km Total: 1734 km
Nous
passons en Hongrie, contrôle de passeports. Comme je l'avais déjà
constaté, le convoyage de voitures d'occasion de l'occident vers
l'Europe orientale est incessant. Des fourgons plateau tractant une
remorque transportant trois véhicules généralement.
Après
500 km d'autoroute, je n'en peux plus des camions. Notre fourgon est
trop rapide pour la file de droite et trop lent pour la file de
gauche. Je ne cesse de me rabattre pour laisser passer les voitures,
espérant ne pas perdre mon élan dans les côtes.
Je
quitte donc cette route épuisante et nous rejoignons Hortobagy,
ville animée et touristique en bordure du Parc national du même
nom.
Les
jolies maisons bordant les chaussées sont carrées et nous
imprègnent de cette ambiance caractéristique de l'Europe de l'Est.
Une
glace, une bière et nous gagnons le Hara de Mata, lieu raffiné et
paisible. Les cigognes ne s'y trompent pas.
Le
parking est une immense étendue d'herbe, les mouches sont voraces et
les petits difficiles à canaliser. Tout va bien...
19/07/18
Jour:
255 km Total: 1987 km
Passage
matinal en Roumanie après une deuxième contrôle de passeports.
Déjà,
la première charrette.
La
pause déjeuner à Satu Mare nous revigore.
Le voyage semble bel et bien commencer, puis nous prenons la direction de Sigheti Marmatei, ville importante du nord.
Le voyage semble bel et bien commencer, puis nous prenons la direction de Sigheti Marmatei, ville importante du nord.
La
route est sinueuse, l'orage menaçant, les sous-bois si denses, qu'il
fait nuit en plein jour.
Les
camions chargés peinent à atteindre les 20km/h, nous les doublons
comme le font les roumains, en chevauchant la ligne blanche sans la
moindre visibilité.
Nous
posons le camion sur le parking d'une petite pension tenue par une
dame charmante parlant un peu français. Nous sommes seuls, au cœur
d'un verger, il n'y a qu'à tendre la main pour cueillir les prunes ,
le poires ou les pommes. Derrière la rivière, l'Ukraine.
Trois églises : l'une jamais terminée, l'autre témoin de l'ère soviétique et la dernière, récente, ornée d'un joli dôme doré.
De
jolies façades austro-hongroises parfois décrépies, de nombreux
magasins vendant des articles d'occasion, des mamies refaisant le
monde au pied de leurs immeubles délabrés et des prix défiant
toute concurrence complètent le tableau de cette ville à la fois
austère mais agréable.
Pour
résumer, lorsque nous achetons à une petite dame trois tomates et
un concombre, on s'y sent bien. Les enfants qui se font offrir une
sucette qu'ils ne méritent pas sont de cet avis.
20/07/18
Jour:
41 km Total: 2028 km
A
une vingtaine de kilomètres de Sighet, se trouve un lieu
extraordinaire au nom paradoxal : le cimetière joyeux. La
singularité de ce cimetière réside dans le fait que les sépultures
sont ornées de peintures figuratives représentant la vie ou les
circonstances de la mort des défunts. Il était mineur, elle était
paysanne, elle est décédée sous les roues d'une voiture... Lieu
émouvant et naïf à la fois, initié par un artisan décédé dans
les années 70 dont le travail est toujours poursuivi par son
apprenti.
Sur
le chemin du retour, nous achetons à l'aveuglette (n'ayant aucune
langue commune) des petits pains fourrés au raisin et au fromage ou
au jambon.
Après-midi
détente et cueillette.
21/07/18
Jour:
133 km Total: 2161 km
La
journée est dédiée à la visite de plusieurs villages comportant
pour la plupart d'anciennes églises en bois parfaitement conservées.
Si la priorité des enfants lorsqu'ils étaient plus jeunes était de jeter des cailloux dans l'eau, à 6 et 8 ans, ils sont désormais obnubilés par le fait de grimper.
A
Desesti, l'église en bois récente leur permet de monter jusqu'au
clocher à l'aide d'échelles en bois. Il me faudra insister, et
disons-le, les menacer, pour qu'ils ne sonnent pas les cloches qui
ameuteraient l'ensemble du village.
L'ancienne église (18ème siècle) les déçoit car on ne peut y monter mais elle nous séduit par ses peintures murales remarquables.
La pluie se met à tomber sur la route de Baia Sprie. Elle redouble une fois le patelin passé. Nous nous arrêtons à Cavenic, station de ski désertée en cette période estivale et nous y déjeunons dans un restaurant glauque et sombre mais succulent. 20 euros à 4, boissons et desserts compris. La pluie cesse.
Nous gagnons le village de Breb, annoncé par un portique en bois sculpté. Breb repose au fond d'une petite vallée. Le bitume s'arrête, nous continuons. La chaussée devenue piste se rétrécit et nous oblige à faire marche arrière. Je gare le camion et nous continuons à pied.
Les
cours des fermettes, les tas de foin mis à sécher, les poules qui
gambadent en liberté... Tout est enchantement dans ce village.
Évidemment, Breb possède son église en bois. On imagine
l'enclavement d'un tel lieu lors des rudesses de l'hiver.
Budesti,
Sarbi, Calinesti (câlin en roumain?), autant de villages, autant
d'églises en bois... Elles font partie du paysage, il m’arrive de
ne plus m'arrêter... Et les charrettes, chargées de foin ou de
bois...
Retour
à Sighet et cueillette.
En
Roumanie, l'absence de pesticides donne du bio dans les assiettes.
Fruits et légumes sont présents partout et en grande quantité et
chacun cultive son petit potager pour subvenir à ses besoins
élémentaires.
22/07/18
Jour:
187 km Total: 2348 km
En
ce dimanche (splendide hasard), le monastère de Barsana est pris
d'assaut par les fidèles.
Cet ensemble religieux comprend, vous vous en doutez, une église en bois.
Cet ensemble religieux comprend, vous vous en doutez, une église en bois.
Les
roumaines et les roumains, comme dans tous les villages des
Maramures, se sont parés de leurs habits traditionnels, les femmes
tout particulièrement. C'est dans une ambiance pieuse et recueillie
que je photographie ces silhouettes et ces couleurs harmonieuses.
Nous quittons la route principale. La route secondaire, plutôt bonne s'arrête subitement à une intersection et nous empruntons une piste louvoyant dans une forêt.
Quelques kilomètres chaotiques nous emmènent à Botiza où nous faisons une halte-déjeuner dans l'enceinte d'un monastère. L'église en bois nous est ouverte par une none quelque peu étonnée de voir débarquer des français et des bambins qui courent sans relâche autour de l'édifice.
Tout
le monde en a assez de rouler. Le Col de Prislop nous offre ainsi
l'occasion d'une jolie randonnée.
Dans la descente, quantité de roms ont pris possession des rares espaces horizontaux. Dénigrés et mis au banc de la société, ils vivent dans des logements de fortune en bord de route et n'hésitent pas à occuper la chaussée pour organiser des parties de football.
La
pluie se met à tomber. Nous passons la nuit sur le parking d'une
pension tenue par un roumain, qui comme beaucoup de ses compatriotes,
faisait du transport express entre l'ouest et l'est.
A
ses dires, ces périples commerciaux sont moins lucratifs depuis que
la Roumanie a intégré l'UE.
Le
nombre de casses automobiles à l'entrée des villes est
impressionnant. Je comprends où se réparent les voitures venues
d'Europe de l'Ouest.
23/07/18
Jour:
156 km Total: 2504 km
La
route est pourrie ce matin. Le camion vibre, on ne s'entend pas. On
n'entend pas non plus les garçons se chamailler.
Les
paysages vallonnés et boisés de la Bucovine se succèdent. Dans la
forêt, les bûcherons utilisent les chevaux pour sortir des
sous-bois les troncs coupés.
Dans
les villages traversés, les maisons peintes avec finesse ou
sculptées se succèdent. La plupart sont fleuries. Belle ambiance.
Nous nous garons à un kilomètre du monastère de Sucevita (fin 16ème), distance que nous parcourons à pied.
Certains
passants ou conducteurs, lorsque leur route les mène devant
l'édifice, se signent.
Nous
entrons. Les fresques, bien que soumises à l'épreuve du temps sont
remarquables, les petits sont insupportables et abrègent, de fait
notre visite.
J'ai tendance à faire confiance au GPS. La piste qu'il m'indique est raide, très raide. J'hésite à faire marche arrière. Je n'hésite plus lorsque des fils électriques se balançant à 2 mètres du sol nous empêchent le passage. Une trentaine de kilomètres de détour et nous atteignons Gura Humorului où nous mangeons une glace.
Quelques kilomètres de plus pour atteindre le monastère d'Humor (16ème).
Nous nous garons sur le parking d'une petite pension et partons à pied pour une longue promenade à travers le village, escortés par des chiens calmes mais insistants.
Au
bout du bout du village, lorsque la piste s'enfonce profondément
dans les bois, nous rencontrons un roumain en vacances, il travaille
dans un abattoir à Limoges.
En
début de soirée, c'est le monastère à proprement parlé que nous
visitons. Il est tard, le guichet est fermé, le monastère ouvert,
la visite est ainsi gratuite.
Retour à la nuit tombée, il se met à pleuvoir.
24/07/18
Jour:
356 km Total: 2860 km
Émile
vomit. Les draps sont maculés. Il se met à pleuvoir. Des événements
prémonitoires qui annoncent une journée difficile.
2h30
de route, nous parvenons à Iasi. Petite zone piétonne, restaurant
en terrasse, petit rayon de soleil. Et si nous passions une bonne
journée finalement ?
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