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lundi 19 août 2013

Paris-Cap Nord en famille et en fourgon (2/8)



Jour : 186 km   Total : 1733 km

Malgré quelques réveils nocturnes et collectifs, je suis debout à 7h00.
La file de motos, voitures, camping-cars est déjà longue une heure avant le départ. Il est stupéfiant d’observer la quantité de véhicules entrant dans la gueule d’un bateau qui pourtant ne paraît pas gigantesque. On a l’impression que les véhicules qui entrent sont absorbés et s’engouffrent dans un puits sans fond, créant ainsi un balai incessant.
Gaspard vomit, nous sommes tous malades.




12H30, nous sommes en Norvège. Juste le temps de se voir confirmé que le diesel est à près de 2 euros le litre (J’avais anticipé et fait le plein au Danemark).
Nous prenons la route de Flekkefjord , ville paisible qui nous permet de dormir sur le port.




Nous préférons poursuivre la route, nous ne voulons pas dormir avec les autres camping-cars.. Nous changeons un peu d’argent, faisons le plein d’eau sur le port et passons notre chemin. Cependant, impossible de trouver un lieu satisfaisant pour la nuit. Après quelques tentatives et échecs auprès de la population locale, nous trouvons par hasard un petit camping désert qui fera l’affaire pour la nuit. Il est 18h30 passée.

12/07/2013

Jour : 155 km   Total : 1848 km

Petite étape aujourd’hui.
Un ferry et nous rejoignons le parking du Preikestolen , falaise ou plutôt rocher de 600 m qui domine le Lysefjord.




Depuis longtemps, je souhaitais y monter. 2 heures de marche annoncées. Je laisse ma petite famille. 1 h 15 de marche et je suis en haut. La montée n’est pas difficile mais pénible en raison des cailloux et rochers.
L’endroit est extraordinaire et bondé mais la foule ne gâche rien. Il est stupéfiant de voir que cette plate-forme naturelle n’est pas sécurisée. On y monte avec chiens, enfants et, de parole de norvégien, il n’y a jamais eu d’accident. On se penche, on s’allonge, on flirte avec le vide, on immortalise tout cela en photos ou vidéos… « Allez Bjorn, recule d’un bon mètre…. » (je ne sais pas le dire en norvégien).














Je récupère la petite famille et nous nous installons sur le port de Jorpeland. Un peu de vélo et quelques discussions avec des allemands voisins de parking.
 





13/07/2013

Jour : 201 km   Total 2049 km

Il a plu toute la nuit.
Après plusieurs hésitations sur l’itinéraire, nous prenons la route de Roldal.
Un ferry, une errance mystique dans la brume sur une route qui n’existe pas sur ma carte et nous parvenons à Roldal, station de sports d’hiver prisée qui abrite une jolie église (18 ème siècle) en bois debout, architecture religieuse caractéristique en Norvège.













Les paysages sont extraordinaires, les fjords interminables et malheureusement, les endroits pour stationner sur le bord de la route afin de photographier sont rarissimes.
La route est parfois si étroite que les véhicules se croisent au pas. Un van arrivant en face en a perdu une partie de rétroviseur. Le chauffeur ne s’est pas arrêté, j’ai donc poursuivi ma route.
Nous passons la nuit à Odda, sur le parking du stade municipal. Le skate-park adjacent est un terrain d’aventure formidable pour Gaspard et son vélo et pour les pieds peu assurés d’Emile qui marchera bientôt, nous l’espérons. Le froid nous gagne vers 18h00. Nous ne traînons pas à l’extérieur.


14/07/2013

Jour : 321 km   Total : 2370 km

Il a plu toute la nuit (bis)
Ferry puis déjeuner glacé à Voss.




Nous arrivons à Bergen et profitons d’une après-midi d’accalmie pour visiter son magnifique centre et le quartier historique de Bryggen, ancien quartier commerçant de la période hanséatique, construit tout en bois (14 ème au 16ème siècle).






Le marché au poisson anime les quais, et ce, dans toutes les langues. Les commerçants vendent et, comme l’indiquent les panneaux, acceptent les euros, les cartes bancaires, les diamants et l’or.













Nous reprenons la route sous une pluie battante. Nous nous garons pour la nuit en bord de fjord.

15/07/2013

Jour : 258 km   Total : 2628 km

J’ai rangé mes tongs après avoir repoussé au maximum cette échéance.
Il pleut des cordes, le vent est fort, l’air glacé.
Dans de telles circonstances, autant avaler les kilomètres. Impossible de se poser pour bouquiner ou se reposer, les petits sont calmes lorsque nous roulons, difficiles à contenir dans les 8 m² d ‘espace disponible lorsque nous sommes à l’arrêt. Nous roulons donc en attendant des conditions plus clémentes.
Objectif : Geiranger.




Pause-déjeuner dans une station-service, tout comme hier.
Le coût de la vie est exorbitant en Norvège. La bouteille de Coca Cola que me tend les bras dans la station service est à 7 euros, je me rabattrai sur la délicieuse eau du robinet remplie sur le port de Flekkefjord quelques jours plus tôt. Sachez cependant que dans les stations-services Statoil, le hot-dog est à 10 kr soit 1,30 euro. Une excellente affaire et quelques dizaines de grammes de réconfort dans cet environnement rude et humide…
Les kilomètres défilent, petite pause à Styrne pour que les petits se défoulent. Nous sortons le vélo sur le parking d’un supermarché… Dit comme cela, ces vacances feraient rêver n’importe quelle loutre…



Vous allez me dire « l’important, c’est d’être en famille ! » Mais non, le problème est là justement. Si nous étions sans enfant, la situation serait moins complexe (et j’aurais enfin le temps de lire quelques pages). Enfin, mon moral ne flanche pas, animé par un optimisme indestructible qui a tendance à agacer Anne-Gaëlle…
Les tunnels sombres et interminables se succèdent. Nous passons un col, des plaques de neige recouvrent les bas-côtés. La pluie, aidée du vent redouble d’efforts pour nous réduire la visibilité. La descente est vertigineuse.
Des dizaines de cascades. De l’eau partout qui coule du ciel, des montagnes, sur la route, qui tambourine sur le pare-brise. La Norvège possède du pétrole et de l’eau douce en quantité astronomique, elle est sauvée. Nous sommes trempés.










Enfin, le fjord Geiranger s’offre à nous. Un camping, une douche pour deux jours de repos bien mérités, 2628 km après avoir quitté Paris.
 




16/07/2013

Jour : 221 km   Total 2849 km

La journée débute par l’habituel constat qu’il a plu toute la nuit. L’eau tambourine sur la tôle. En guise de repos, nous reprenons donc la route. D’autant plus que la météo n’annonce pas d’amélioration dans les jours à venir. Départ tardif à 13h30.
La vie à bord (avec toute cette flotte, je prends le droit de me considérer à bord) n’est pas des plus facile mais nous rivalisons d’imagination pour que les petits jouent et ne s’ennuient pas. J’espère simplement, si le mauvais temps persiste, ne pas me transformer progressivement en marionnette.
La route s’élève en surplomb du fjord Geiranger. L’eau et le ciel sont d’une couleur indéterminée. Les kayaks sont des confettis...








Nous gagnons la Trollstigen (route des Trolls). Un serpent de bitume à 9% et 11 virages. Aucune visibilité puis une fenêtre inespérée (de quoi renforcer mon optimisme encore intact) pour photographier cette route étonnante.
 











Nous repiquons plein est pour tenter de retrouver un peu de ciel bleu. Je fais plein de théories à Anne Gaëlle et toutes arrivent à la même conclusion : nous aurons du beau temps. Quand ? où ? Mes compétences scientifiques (inexistantes) ne peuvent pas le dire avec précision.
Nous sommes sur l’E6, l’Arctic Road, la route qui mène au Cap Nord.






Bivouac merveilleux au cœur de petites montagnes et un discret rayon de soleil sur le pare-brise vers 20h00. Évidemment, je suis le seul à l’avoir vu, mais il y en avait un, je le promets !

17/07/2013

Jour : 219 km   Total : 3068 km

Gaspard a gravi sa première montagne au saut du lit, à la faveur de quelques rayons de soleil. (Je vous avait bien dit que le soleil était apparu hier…). Nos redescendons vainqueurs et fiers des 50 mètres gravis et la pluie se remet à tomber.



Les montagnes se sont aplaties, les vallées se sont évasées.
Deux heures de promenade agréables et humides à Trondheim. Gaspard nous suit ou nous précède à vélo. Une glace afin de donner une « touche vacances » à notre périple, malgré ce petit vent frais et transperçant.













60 km plus au nord, nous trouvons un petit camping en espérant cette fois-ci y rester deux jours pour souffler. Tout dépendra du temps.

18/07/2013

Jour : 347 km   Total : 3415 km

Devinez…  Il a plu toute la nuit. Nous faisons donc manger les petits et reprenons la route.
Les paysages sont attrayants, douces collines, forêts denses et lacs paisibles. Mais sous cette pluie, tout est gris. Fort heureusement, la route permet de rouler à vive allure.



Arrivée dans la sinistre Mosjoen où nous faisons quelques courses à Rema 1000, supermarché scandinave aussi froid que sombre, triste occasion de faire marcher les petits.



Nous le savons, les cieux seront plus cléments, il faut persévérer.
Nous traversons ensuite la ville fantôme et désertée, semble-t-il de ses habitants. Nous sommes en quête d’un restaurant. Ne nous laissons pas abattre, nous avons le droit de vivre des petits instants réconfortants. Découragés par les prix astronomiques du seul fast-food ouvert, notre réconfort sera fait de deux barquettes de frites à la station-service. 


Les petits sont sages, ils s’accommodent de tout. Ce qui nous embête, c’est de dire à Gaspard : « Quand il fera beau, nous irons nous baigner dans les lacs, nous irons faire du vélo… ». Car tous les jours, la pluie est de retour.  D’autant plus, que nous nous dirigeons tous les jours un peu plus vers le grand nord et que les températures risquent de chuter…
A la sortie du bourg, un petit lac. La pluie cesse. L’occasion de jeter quelques cailloux dans l’eau et de tremper les pieds. Pour le moment, les bottes sont encore indispensables mais le vent va tourner, je vous le dis ! Le lieu est paisible, nous sommes contents d’être à l’extérieur.




19/07/2013

Jour : 315 km   Total : 3730 km

Lorsque l’on combine deux paramètres : voyager dans les régions proches du cercle polaire et voyager avec un petit de un an qui se réveille au beau milieu de la nuit, on a l’immense privilège de se rendre compte qu’il ne fait pas nuit à une heure du matin…
Le temps est plus clément. Nous roulons à toute allure jusqu’au cercle polaire que j’avais déjà franchi par la route en 2009 à vélo en Alaska.





Les mêmes paysages dépouillés, une belle ambiance polaire, le même vent glacial…
 












Nous arrivons à Bodo où nous souhaitons embarquer le lendemain sur le premier bateau qui part pour les célèbres Iles Lofoten.


Nous cherchons donc un coin pour dormir sur le port. Une file de voitures, un ferry en partance. Nous obtenons une des dernières places. Le départ est dans 15 minutes.
Trois heures de traversée et de mal de mer plus tard, les crêtes déchiquetées de montagnes se dessinent difficilement. Les nuages sont hargneux et ne veulent pas nous les dévoiler complètement. Le grand soleil, il nous faudra attendre encore… Je suis tout excité.









Nuit dans le village de A (une seule lettre seulement), sur un parking face à la mer.
 





20/07/2013

Jour : 26 km   Total : 3756 km

Nous quittons tardivement notre parking. La pluie tombe par intermittence. Je suis très excité à l’idée de découvrir ces îles dont j’ai tant entendu parler.
Mon optimisme m’incite même à penser que ces nuages gris et noirs sont une chance, les photos n’en seront que plus contrastées. Je crois que c’est ce que les anglais appellent « dramatic scenery ». A condition qu’il ne pleuve plus, je m’accommoderai sans problème de ces nuages.
Nous prenons un camping dans l’espoir de se poser 48 heures. A la faveur d’une accalmie, deux heures de vélo avec Gaspard et quelques jets de cailloux dans une cascade.








Nous récupérons Anne-Gaëlle et Émile au réveil de la sieste, nous nous préparons pour une longue promenade. La pluie se remet à tomber. Tentative avortée. Le vent s’en mêle. Promenade motorisée.

21/07/2017

Jour : 134 km   Total : 3900 km

Le vent a maltraité le fourgon toute la nuit.
Accalmie. Promenade dans le village de A parsemé de petites bicoques rouges sur pilotis. L’arrière-plan est extraordinaire. Des pics acérés dominant la baie.





























Route vers Ramberg puis le pittoresque village de Nusfjord. 

























La route est fabuleuse, les paysages sont fabuleux. Dramatic scenery. Austérité et majesté.






Nous posons nos pneus dans le port de Henningsvear, dans le froid, la pluie et le vent.




A 22h00, le soleil chatouille les quais.





22/07/2013

Jour : 224 km   Total : 4124 km

Brève promenade dans Henningsvaer puis nous quittons les Lofoten pour reprendre la route du Cap Nord.


Le soleil apparaît bientôt. Enfin ! Pour la première fois depuis neuf jours, nous ressortons tables et chaises pour dîner dehors dans les vastes forêts du nord de la Norvège.














23/07/2013

Jour : 277 km   Total : 4401 km

Nous poursuivons notre remontée vers le nord, à travers des paysages superbes. Montagnes enneigées, crêtes, lacs, fjords…




Le soleil fait son apparition et mes prévisions, du moins mes prédictions sont…optimistes.
Une publicité pour un zoo arctique attire notre attention. Les petits méritent bien une attraction après ces jours de pluie… Les tarifs sont norvégiens évidemment. A peine le portillon passé, Gaspard est attiré par un circuit de voitures électriques. Autant dire que la visite du zoo ne l’intéresse guère. Il ne cesse de réclamer ces fichues voitures. Accessoirement, bien que je n’aime pas les zoos, celui-ci est parfaitement intégré au milieu. Lynx, loups, ours, élans. La promenade est agréable et les animaux accessibles. Les voitures ? 2,50 euros par tour de circuit…
















Nous posons nos roues en bordure du Kafjord.


Nous dominons la mer au milieu de fleurs roses, en contrebas, une famille pêche et fait cuire instantanément ses poissons sur une grille. Il y a comme un petit air de paradis dans ce lieu extraordinaire.









Les petits sont tout le temps dans nos pattes, il est difficile de profiter pleinement de la sérénité du lieu mais nous y parvenons par bribes et à tour de rôle…
 C’est décidé, à 1h00 du matin, je me lève sans un bruit (nous n’avons pas tous la même version dans le fourgon…). Je profite seul de la lumière du soleil de minuit, dissimulé derrière les Alpes de Lyngen, haute chaîne de montagnes qui nous sépare de Tromso. Rien ni personne ne peut troubler cet instant qui est le mien. Nuit magique.
 

24/07/2013

Jour : 238 km   Total : 4639 km

Il est 10h30, le soleil est déjà haut, la chaleur perceptible. Gaspard est réveillé, nous allons jeter quelques dizaines (centaines ?) de cailloux dans l’eau. Quel calme ! Quelle paix ! Je n’ai pas très envie de quitter ce lieu fabuleux.






Nous prenons la route d’Alta et nous voyons nos premiers rennes.















Alta est une de ces villes qui doivent terriblement souffrir l’hiver. L’été n’est pas en reste. Les rues et la place principale sont désertes. La ville ne ressemble à rien. J’adore ces ambiances surréalistes. L’église est aussi surréaliste que l’atmosphère…
 





Quelques courses, une petite glace et nous trouvons une place en or, en forêt bordant le fjord… 




25/07/2013

Jour : 227 km   Total : 4868 km

De nombreux rennes sur la route. A Russeness, nous prenons plein nord. La route du Cap.









La route serpente dans les collines, la végétation se raréfie, le brouillard est tombé, la visibilité est nulle.




Nous arrivons sans trop savoir si nous y sommes au Cap Nord , à 4866 km de Paris (latitude :71°10').



Le lieu, outre les stèles, statues et monuments marquant le point le plus septentrional d'Europe continentale, abrite une salle de cinéma, une chapelle, un temple thaïlandais. Le monument emblématique du Cap Nord représentant le globe, est situé en haut d’une falaise de 300 m de haut, dominant l’Océan arctique. Évidemment, nous ne voyons rien mais nous sommes heureux d’être parvenus à ce qui représente pour nous la moitié du voyage. Je finis (déjà ?) la bouteille de whisky emmenée depuis Paris…







Nous dormons sur le parking avec le faible espoir que le vent chasse les brumes.





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