Six
jours, quatre jours pleins sur place, des jambes affûtées pour
découvrir à pied Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan (et ses
environs) et des enfants (les nôtres) s'épanouissant pleinement
chez leurs grands-parents ...
16/04/2018
L'avion
décolle à 14h00. Nous n'en sommes pas là. Il nous faut finaliser
les bagages, laisser les enfants chez les grands-parents et s'assurer
qu'ils intègrent la liste de recommandations, rejoindre l’aéroport
Roissy Charles De Gaulle, plus précisément le parking où nous
laissons la voiture.
Arrivés
au dit-parking, nous devons attendre devant un portail fermé à
double tour que quelqu'un daigne nous ouvrir, interpeller sans succès
des employés débordés par des voyageurs pressés et énervés,
garer la voiture sur une place non-désignée (faute de consigne),
laisser les clés ainsi qu'un chèque sans savoir comment l'employé
retrouvera la clé et la voiture tellement son bureau est encombré.
Il nous faut également attendre que le moteur de la navette, dans un
état de délabrement avancé, tourne dans le vide pendant une
dizaine de minutes (aux dires du chauffeur c'est la clé d'un
transfert réussi), enfin rejoindre l'aéroport et le comptoir
d'enregistrement.
Le
voyage va pouvoir commencer mais il vous faut encore attendre
quelques lignes, car pour cause de surbooking, la compagnie veut nous
rediriger vers un autre vol qui nous ferait arriver plus tard à
Bakou, ce que nous refusons avec insistance. Évidemment, le chef
d'embarquement insiste lui aussi et nous devons attendre que tous les
passagers s'enregistrent pour savoir s'il reste deux places dans cet
avion.
A
13h35, nous sommes enfin enregistrés, l'avion décolle 25 minutes
plus tard mais entre temps, il nous reste à passer les contrôles de
sécurité et de passeport. Vous vous en doutez, l'attente est
importante, et, c'est les yeux rivés sur les minutes qui défilent
et au pas de course que nous accomplissons avec succès toutes les
formalités.
Le
voyage va pouvoir commencer, bienvenue sur ce carnet intitulé
« City-trip à Baku ».
Nous
avons les sièges 31 E et F, autant dire, les places au fond de
l'avion, en d'autres mots, nous avons eu les toutes dernières places
du vol.
Trois
heures de vol (alcoolisées pour nos voisins directs et indirects,
donc pour une bonne partie des passagers...) jusqu'à Kiev, escale
nocturne, trois heures de vol jusqu'à Bakou.
Il
est 1h30 du matin quand l'avion atterrit. Nous passons rapidement les
formalités (visa en ligne préalable), et, comme nous n'avons pas de
bagage en soute, nous sautons dans le taxi qui nous mène à l'hôtel
réservé dans la vieille ville.
Bakou
accueille le dernier week-end d'avril le grand prix de Formule 1. La
ville se prépare et des centaines de barrières bordent les routes.
Le
chauffeur laisse sa voiture aux portes de la vieille ville. Nous
marchons quelques minutes avant de pouvoir nous écrouler de fatigue
dans un lit douillet...
17/04/2018
Le réveil sonne, nous voulons
profiter de cette journée. La salle où nous prenons le petit
déjeuner est située au 5ème étage du vieux bâtiment. Elle est
pourvue de larges baies vitrées qui offrent une vue panoramique sur
Bakou, notamment sur les Flame Towers (inaugurées en 2013, 190 m),
symbole de la ville, du pays et de l'immense manne financière tirée
des revenus du gaz et du pétrole.
Marche le nez au vent dans les
ruelles labyrinthiques de la vieille ville protégée par l'Unesco.
Très entretenus, les bâtiments possèdent des balcons imposants en
bois dont on doute parfois de la solidité.
Direction le Boulevard (corniche
le long de la Mer Caspienne) et le musée National du tapis. Au
passage, il faut bien reconnaître que les souterrains piétons en
Azerbaïdjan, faits de marbre rutilant, sont bien différents de nos
sordides tunnels crasseux.
Autant le dire, nous ne sommes ni
tapis, ni musées. Le bâtiment est pourtant une merveille
architecturale, il n'y a pas plus bel endroit pour présenter des
tapis (auxquels, il faut l'avouer, nous ne comprenons rien).
Déjeuner et sieste.
Dans l'après-midi, nous
naviguons à vue, avec en ligne de mire les Flame Towers. Je souhaite
atteindre le pied de l'une d'entre elles.
L'escalier est monumental et nous
mène en haut d'un belvédère panoramique. Le vent est violent,
glacial.
Redescendus, nous hélons un taxi
qui nous dépose devant le Heydar Aliyev Center (Heydar Aliyev fut le
président de l'Azerbaïdjan entre 1993 et 2003, remplacé par son
fils Ilham Alieyev) , un bâtiment superbement moderne, dessiné par
Zaha Hadid.
15 minutes dans le taxi et
quelques remarques: rares sont les azéris rencontrés qui parlent
quelques mots d'anglais, inexistants sont les touristes occidentaux,
omniprésente est la police dans l'espace public et nombreuses sont
les voitures de grand luxe conduites par de jeunes azéris (Les
riches, les très riches ont la trentaine).
Revenons au Heydar Aliyev Center.
Visiblement, outre qu'il présente une exposition photographique de
Reza Deghati, c'est le lieu choisi par les mariés pour faire les
photos qui resteront (peut-être) dans la postérité. Les couples se
bécotent, les flash crépitent et moi, j'attends depuis 30 minutes
que l'un des photographes me rende mon 70-200 qu'il a visiblement
trouvé plus adéquat pour photographier les deux tourtereaux.
Nous décidons de rentrer à pied
jusqu'à la vieille ville. Quelques kilomètres loin du Bakou moderne
et rutilant, une marche au coucher du soleil sur des trottoirs
défoncés sur la route des carreleurs, des accessoiristes de salle
de bain et des quincailleries en tout genre.
La gare, gauche, droite, gauche,
droite, nous nous attablons affamés et épuisés. Les rues piétonnes
grouillent, les restaurants sont pleins.
18/04/2018
Lever tardif.
Nous partons à pied jusqu'au
Taza bazar.
Comme en Iran (voisine) ou en Turquie, les marchés sont
appelés « bazars ».
Un bazar donc qui ne doit pas
croiser souvent le touriste. Un bazar où l'on vend de tout mais
surtout des légumes en bocaux et du caviar. Notez que si vous voulez
vous doucher avec une paume Mercedes, c'est ici que vous la
trouverez.
C'est sur de larges tables que la
découpe des esturgeons se fait, les restes profitent aux chats
coutumiers des lieux.
Un vrai lieu de vie, hors du
temps.
Un parc, et comme souvent en
Europe de l'Est et en Asie Centrale, des vieux bonshommes qui jouent
aux dominos et autres jeux sur des bancs ou des tables de fortune.
Le problème, avec ce fichu grand
prix de Formule 1, c'est que l'on ne peut pas traverser les routes où
l'on veut. Elles sont bordées de plots en béton et de hautes
grilles en métal. Compte-tenu de la largeur de la chaussée (souvent
4 voies), de la qualité du revêtement, et de la puissance de leurs
bolides, nos amis azéris ont tendance à piloter comme sur un
circuit. Peut-être faudrait-il toujours avoir sur soi un drapeau
jaune pour faire ralentir le trafic avant de traverser.
Le problème se pose moins
lorsque c'est une Lada à bout de souffle qui surgit
(raisonnablement) à l'horizon.
Nous rejoignons le Palais des
Shahs Shirvan (13ème au 15ème siècle) situé dans la vieille
ville. Le palais est composé de plusieurs bâtiments dont le
principal est pourvu de 25 pièces. Chacune d'elles présente des
objets ou informe le visiteur sur le passé plus ou moins récent du
lieu et de Bakou plus généralement.
Déambulation dans la vieille
ville puis repos.
Pour dîner, nous nous rendons
dans un caravansérail investi par un restaurant. L'endroit est
splendide mais désert, la musique agréable mais payante, la carte
fournie mais incompréhensible. Assis, les menus en main, nous
finissons par nous enfuir discrètement avant de nous retrouver dans
un restaurant accueillant, bruissant de rires et de conversations
enflammées, avec soupe de lentilles et pain fumant.
Les odeurs de viande grillée et de shihas s'entremêlent.
Les odeurs de viande grillée et de shihas s'entremêlent.
C'est étonnant ce pays :
initialement musulman de langue arabe, puis soviétique avec alphabet
cyrillique. Enfin à nouveau musulman, une nation azérie est
constituée, dotée d'un alphabet romain customisé. Dans la rue, les
« Salam » se disent bonjour.
Entre l'Europe, le Moyen Orient
et l'Asie...
Cette géographie et cette
géopolitique se retrouvent jusque dans l'assiette. En effet, comme
chez les arabes, on met des plats au centre de la table et on
partage. Le pain fumant et la soupe de lentilles me rappellent la
gastronomie yéménite, les kebabs et autres döners nous ramènent
en Turquie, le tout étant arrosé par une pinte de bière ou un
verre de vin locaux dans des restaurants modernes au cadre résolument
occidental sur fond de musiques aux sonorités arabisantes. Étonnant
et renversant.
19/04/2018
Une fois n'est pas coutume, par
souci de gain de temps, nous faisons appel à un tour organisé pour
visiter quelques curiosités aux alentours de Bakou.
Nous sommes onze, accompagnés
par un guide formidable dont j'ai oublié le nom. Ils sont
pakistanais, canadiens ou australiens, tous ont déjà pas mal roulé
leur bosse pour se retrouver en Azerbaïdjan.
Première étape : Gobustan,
site de gravures rupestres, situé à 70 km au sud de Bakou. A peine
entrés dans le bus, notre guide se met à parler, à nous montrer, à
nous expliquer, à nous questionner, à nous donner son avis. Une
langue bien pendue, un débit de mitraillette, des connaissances
encyclopédiques et une formidable envie de transmettre. Seulement,
le rythme est parfois difficile à suivre.
Nous quittons le centre-ville de
Bakou. Les voitures de luxe, les boutiques haut de gamme et les
immeubles de style disparaissent. Les premiers puits de pétrole, les
villes sordides et poussiéreuses et les barres d'immeubles
constituent désormais notre environnement. J'aime beaucoup ces
ambiances austères et far-west.
Nous passons devant les
fondations de la « Caspian Tower », la tour qui
devrait-être la plus haute du monde (1200 mètres) mais dont la
construction est en stand-by en attendant la hausse du cour du baril
de pétrole.
Gobustan est donc un site
patrimoine mondial de l'Unesco. Les premières gravures rupestres
datent de l'âge de pierre. Elles représentent tantôt un cheval,
des Hommes ou un bateau. Elles me rappellent celles que j'avais
observées à Al Jassasiya au Qatar.
Nous reprenons la route vers le
sud, la quittons et empruntons une piste chaotique qui serpente entre
les montagnes. Les pipelines qui sillonnent le paysage sont de deux
couleurs : les blancs transportent l'eau et les jaunes convoient
le gaz. Ceux attribués au pétrole sont enterrés.
Au sol, dans les touffes
herbeuses, le pétrole remonte naturellement des sous-sols et crée
des tâches à la surface ou de petits étangs noirâtres.
Nous parvenons en haut d'une
colline recouverte de petits volcans. Rien ne les indique. Les plus
grands ne font que quelques mètres. Dans leur cratère, de la boue
en ébullition. Le méthane contenu dans les profondeurs du sol
remonte et fait déborder et parfois cracher ces volcans étonnants.
C'est incroyable que ce lieu ne
soit ni indiqué, ni aménagé. Dans 10 ans, il faudra très
certainement s’acquitter d'un droit d'entrée et l'on pourra y
acheter de quoi boire et manger...
Nous reprenons la route du nord,
passons Bakou et rejoignons à une trentaine de kilomètres au nord,
le Temple du Feu situé dans la péninsule d'Absheron.
Notre guide a un petit coup de
mou, nous pouvons enfin souffler. D'autant plus que nous sommes assis
juste à côté de lui, et que lorsqu'il parle, il nous fixe. Pas
d'échappatoire , il nous faut rester concentrés sur son anglais
accentué d'azéri, couvert par le moteur du fourgon qui pétarade.
Parfois, je l'avoue, un « yes » m'échappe sans avoir
compris un mot de son monologue.
Bref, je crois qu'il s'est
endormi...
Je me laisse tenter par un plov
(plat national à base de riz mais aussi répandu en Asie centrale).
Celui-ci, excellent, est composé de riz, de viande, de marrons,
d'abricots et de raisins secs.
Revenons à ce temple du Feu...
Il s'agit en fait d'un temple
zoroastrien dont les premières traces sont antérieures à notre
ère. A moins d'être passionné par les zoroastriens, le temple,
transformé en musée est prétexte à une jolie promenade, sans
plus...
Nous passons ensuite à la
montagne de feu. Il s'agit d'un feu perpétuel, allumé il y a 50 ans
par inadvertance (source de gaz naturel), qui depuis, ne s'est jamais
éteint...
Nous retournons au Heydar Aliyev
Center, je ne peux m'empêcher de refaire des photos, me tenant à
bonne distance des photographes de mariage...
Immenses embouteillages, nous
demandons au chauffeur de nous laisser sur le bord de la route. Il
est 19h00, nous rentrons à pied.
20/04/2018
Nous nous engageons dans une rame
bondée du métro. L’objectif est de rejoindre la mosquée Heydar
Aliyev (encore lui) inaugurée en 2014 et située à une dizaine de
kilomètres au nord du centre ville.
Deux stations, nous descendons,
changeons de voie, montons dans le métro et nous nous retrouvons à
notre point de départ.
Même joueur joue encore !
Le plan du métro que j'ai téléchargé sur mon smartphone est
obsolète.
Plus attentifs et comptant sur
l'aide des passagers, nous parvenons à prendre la bonne ligne, elle
aussi bondée.
Six stations et 10 minutes de
marche nous mènent à cette magnifique mosquée du nom de l'ex
leader.
L'édifice couvre 4200 mètres
carrés et ses quatre minarets s'élancent fièrement du haut de
leurs 95 mètres.
Je vais voir un policier pour
savoir si nous pouvons la visiter.
Avec une clé minuscule qui
contraste avec l'immense porte, il nous ouvre l'édifice. Déchaussés
(et voilée pour Anne-Gaëlle), nous foulons l'épaisse moquette
accompagnés de deux jeunes femmes, l'une professeure de biologie,
l'autre d'anglais. Cette dernière, parlant un anglais catastrophique
s'excuse de ne pas bien parler...anglais.
Elles n'ont de cesse de nous
complimenter et de nous remercier d'être venus en Azerbaïdjan.
Enfin, comme toute jeune femme moderne qui se respecte, elles nous
demandent de nous suivre sur nos comptes Instagram et Facebook que
nous n'avons pas. « You don't have Facebook ? »
Visiblement, c'est inenvisageable... Enfin, on ne va pas s'excuser...
Nous prenons un taxi vers la
place des Fontaines, buvons un café, faisons quelques courses. Je
monte au sommet de la Tour de la Vierge, l'autre monument
emblématique de la ville. Il s'agit d'une tour dont la construction
serait antérieure au 12ème siècle. Du sommet (30 m), le visiteur
jouit d'une vue à 360° sur Bakou. L'escalier en pierre est aussi
beau que dangereux...
Nos derniers milliers de pas dans
la veille ville, nous rentrons nous mettre au calme à l'hôtel.
Dernier repas sur la place des Fontaines, dernière Efes, nous
décollons ce soir.
21/04/2018
Notre avion décolle à 04h20.
Nous avons commandé un taxi à 01h30. À 0h30, il est là,
prétextant qu'il y a du trafic sur la route et que nous risquons de
manquer notre avion. Visiblement, il ne voulait pas se coucher trop
tard... Je n'ai pas dormi, ne le faisons patienter jusqu'à 01h15.
Personne sur la route, le
chauffeur nous lache à l'aéroport Heydar Aliyev, inauguré en 2014
pour les jeux européens. L'édifice est superbe.
Escale à Kiev (plus sommaire).
Arrivée à Paris, navette,
voiture, arrivée chez nous après 16 heures de voyage porte à
porte...
Un voyage étonnant, des images surprenantes! Les photos montrent de façon formidable les contrastes et les influences culturelles mêlées, la tradition et la modernité;
RépondreSupprimerMerci de nous avoir fait découvrir ce pays méconnu.
Étonnant, n'est-ce pas ?
SupprimerMerci :)
Très belles photos et le récit super intéressant ! Etonnant, car rien à voir avec l'Arménie, pays voisin, mais avec quelques similitudes, notamment sur les cultures arabes, occidentales et soviétiques qui se mélangent. Ca donne envie d'y aller avant que des baraques à frites s'installent à côté des volcans de boue ;)
RépondreSupprimerClara & Julien
Merci pour votre passage :)
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