Des moutons broutant une herbe verte poussant
sur de hautes falaises dominant une mer agitée sous un ciel toujours plus
gris... Une caricature de l'Irlande ? Pas vraiment ! Au fil des
kilomètres, l'île offre cependant de jolies surprises.
3000 km en famille et en fourgon sur les
routes étroites et sinueuses d'Irlande et d'Irlande du Nord.
Partout, l'océan.
19/04/2015
Jour :
409 km Total : 409 km
Nous
retrouvons avec un immense plaisir le fourgon. Les petits ne cachent
pas leur excitation. Quelques kilomètres après notre départ, c’est
une voiture arborant une plaque d’immatriculation irlandaise qui
nous précède. Il suffira donc de la suivre…
Cherbourg
est le but de l’étape aujourd’hui. Nous devons y embarquer sur
le ferry, qui, durant 18 h, doit nous emmener sur la côte sud
irlandaise. La cabine nous convient; deux lits superposés et une
petite salle de bain. L’émerveillement et l’étonnement passés,
les couloirs étroits du navire sont un formidable terrain de jeu
pour les enfants. Pour nous, parents, le terrain ne nous est pas
favorable. Il faut contenir leur énergie et ne pas perdre leur
trace…
19h00,
nous dormons tous, bien avant le coucher de soleil que je comptais
photographier.
20/04/2015
Jour :
268 km Total : 677 km
Le
soleil illumine le pont, les côtes irlandaises se dessinent. Il me
tarde de prendre la route.
Nous
débarquons puis empruntons à vive allure la route qui nous mène au
Rock of Cashel ,
un site majeur d'art celtique et médiéval en Europe.
Les constructions se sont juxtaposées au gré des époques, ce qui
rend l'ensemble singulier. Vert et gris, le sol, le ciel, la pierre.
Difficile de jongler avec les éclaircies pour obtenir une lumière
satisfaisante.
Première
boite de conserve avalée sur un parking en plein vent, le voyage
commence !
A
mesure que nous nous dirigeons vers Kinsale, le ciel se découvre.
Kinsale
est un petit port agréable. Les ruelles aux façades colorées
mènent toutes à la mer.
Les
petits nous montrent qu’une promenade ensoleillée effectuée une
glace à la main dans un petit port agréable peut se transformer en
cauchemar pour les pauvres parents que nous sommes. Pauvres et
honteux lorsqu’ Émile se met à hurler dans la rue et que les
passants s’attroupent afin de s’assurer qu’il n’y a pas un
problème ou un blessé…
Nous
finissons la journée dans un grand square avec toboggans et
balançoires. Un peu de répit ? Mais non, Gaspard s’évertue
à vouloir se baigner dans une fontaine, Émile, équipé de sa
fameuse petite moto, manque, à chaque instant, de renverser les
passants.
Nuit
sur le port .
21/04/2015
Jour :
200 km Total : 877 km
Une
étonnant douceur règne sur le port de Kinsale. La route traverse de
jolis paysages bucoliques.
Nous
faisons la pause déjeuner sur la plage de Bantry. Ramassage de
trésors sur la plage, tentative d’observation de phoques (vaine)
et grande promenade.
Le
Healy pass permet de passer du sud au nord de la péninsule de Brea.
La végétation disparaît à mesure que la route s’élève, les
lignes droites deviennent lacets et les moutons envahissent l’étroite
chaussée.
Nous
prenons pneu sur la péninsule de Kerry (Ring of Kerry).
La
petite ville de Sneem est animée et semble s’articuler autour de
ses pubs et de ses commerces de bouche, ce qui confirme qu'ici,
l'hiver est rigoureux (en plus de l'automne, du printemps et dans
une certaine mesure de l'été).
Je comprends qu'on aime donc y manger et y boire dans des univers chaleureux et calfeutrés. Une plaque nous apprend que le Général De Gaulle y a séjourné après le rejet du référendum de 1969.
Je comprends qu'on aime donc y manger et y boire dans des univers chaleureux et calfeutrés. Une plaque nous apprend que le Général De Gaulle y a séjourné après le rejet du référendum de 1969.
Aujourd’hui,
c’est nous qui y dormons, les portes du fourgon donnant sur une
aire de jeu complète qui nous offre un peu de repos.
22/04/2015
Jour :
177 km Total : 1054 km
Départ
tardif.
L’eau
de la mer est turquoise, transparente. Le sable est blanc, le soleil
radieux. Excepté le vent violent, tous les ingrédients d’une
plage paradisiaque caribéenne sont réunis.
Pause
déjeuner à l’extérieur sur la longue plage de Waterville.
Nous
quittons la péninsule de Kerry pour celle de Dingle. Les routes sont
désertes.
La
mer partout. Le bleu et le vert omniprésents.
La
ville de Dingle passée, les panneaux routiers ne sont plus traduits,
ils n’apparaissent plus qu’en gaélique. Les passants qui nous
renseignent sur la route à emprunter ont un accent très prononcé.
Je m’accroche parfois pour comprendre les indications.
Nous
trouvons, après quelques allers-retours, un camping rural et désert.
La
fin d’après-midi est dédiée au cerf-volant sur la plage, au
toboggan et au vélo dans le camping. Nous dînons dehors, la douceur
est exceptionnelle.
23/04/2015
Jour
: 188 km Total: 1242 km
Le
Gallarus Oratory est une église en pierre à la forme de
coque de bateau renversée. Elle fut découverte en 1756 mais sa date
de construction ne fait pas l'unanimité (7ème ou 12ème
siècle).
Les
routes sont étroites, les falaises tombent dans les vagues. Nous
sommes ici à l’extrême ouest de l’Europe, sa pointe la plus
occidentale et la force des vagues nous montre que rien ne les arrête
lors de leur traversée atlantique.
Dingle
est la ville principale de la péninsule. Ses pubs et restaurants,
institutionnels en Irlande, arborent des façades colorées. Dans le
port animé, des filets de pêche sèchent et les touristes
rougissent au soleil.
L’attraction
de Dingle : son dauphin qui peut être observé dans la baie.
Des excursions touristiques invitent à aller l’observer en bateau.
Celles-ci sont remboursées si l’animal est invisible. Bien que les
petits ne soient pas sages, nous ne résistons pas à l’idée
qu’ils puissent observer un dauphin dans son milieu naturel.
Nous
embarquons donc en début d’après-midi.
La
promenade est agréable. Elle permet d’avoir une vue d’ensemble
sur Dingle et les montagnes qui la dominent et de longer des falaises
impressionnantes. Bien sûr, tous les passagers sont aux aguets.
Gaspard
a la chance de voir passer l’animal à moins d’un mètre. Émile
dort depuis longtemps. Un brin de soleil, le bercement de la mer et
une heure déjà tardive ont eu raison de lui…
Le
Connor Pass permet de rejoindre la côte nord de la péninsule. Ses
paysages sont parait-il superbes. Interdit aux véhicules de plus de
2 t et de plus d’1,80 m de large, l’itinéraire ne nous est pas
accessible.
Nous
filons donc jusqu’à Tralee puis prenons le ferry à Tabert pour
passer l’estuaire de la Shannon River.
Nous
trouvons un grand parking face à la mer à Lahinch, paradis des
surfeurs irlandais.
Pas sûr qu’il soit autorisé d’y passer la
nuit mais l’endroit est formidable : une aire de jeu, une
belle plage, des surfeurs et une orientation ouest qui nous promet un
beau coucher de soleil.
Encore
une fois, la douceur est extraordinaire. L’ouest a tenu ses
promesses. Coucher de soleil chaleureux…
24/04/2015
Jour :
195 km Total : 1437 km
Ciel
couvert ce matin.
Nous
sommes à une dizaine de kilomètres des célèbres falaises de Moher
dont la plus haute s’élève à 214 m.
Pour
les rejoindre, je quitte l'axe principal afin de rester au plus près
de la côte. Les routes, bordées de murets, sont de plus en plus
étroites et je ne compte plus les demi-tours dans les cours de
ferme. Nous sommes perdus. A chaque croisement, l’option choisie
nous éloigne de la direction convoitée. Finalement, après 30 km
d’errance, un panneau « Cliffs of Moher ».
Parking
payant, visitors center, cars de tourisme et fléchage de
l’itinéraire afin de s’assurer que personne aille dans le
mauvais sens… Le Disney Land de la falaise ôte tout caractère
sauvage au site. C’est dommage, c’est beau.
Le
temps ne nous aide pas non plus. Parti avec Gaspard pour atteindre
les cimes des falaises qui ne sont pas protégées par des parapets,
nous essuyons une bonne averse.
Nous
repartons, cette fois-ci, il pleut franchement.
Les
limitations de vitesse en Irlande sont étonnantes. Les axes
principaux sont limités à 100 km/h. Il n’est cependant pas rare
d’observer un panneau « 100 » quelque soit la
configuration de la route ou de son revêtement. Ainsi, à la sortie
d’un village, voyant la vitesse limite autorisée, j’accélère.
Mes ardeurs sont immédiatement calmées par les virages qui
s’enchaînent et les nids de poule qui parsèment le bitume.
La
pluie ne s’est pas calmée, au contraire, lorsque nous arrivons à
Galway.
C’est
dommage, nous avons trouvé une place à 200 m du centre. Après
quinze minutes d’attente, nous nous décidons pour un tour de la
ville en fourgon. La pluie cesse finalement et nous partons à pied,
passant entre les gouttes.
La
promenade est agréable et dynamique, les enfants n’écoutent pas
beaucoup. Les pubs nous font de l’œil, l’idée d’une bière
tranquillement installés en terrasse nous séduit mais nous sommes
trop occupés à courir après les petits.
Nous
prenons la route du Connemara. Les sommets sont dissimulés sous une
imposante couche de nuages, le paysage est énigmatique.
Nous
rejoignons Clifden, bourg endormi. Quelques courses puis nous passons
la nuit sur un parking central mais sordide…
25/04/2015
Jour :
243 km Total : 1680 km
La
« Sky road » est une petite boucle d’une vingtaine de
kilomètres qui part et revient à Clifden.
Elle
s’élève peu à peu et domine la mer et les îlots parsemés ici
ou là. Sur certains d’entre eux, des petites maisons semblent
totalement coupées du monde. C’est stupéfiant de constater que
les paysages sont toujours parsemés d’habitations, de belles
maisons, parfaitement entretenues. Elles sont pourtant confrontées
quotidiennement au vent, à l’air marin et aux intempéries.
La
plage de Rinvyle Point n’est pas le genre de plage à rester
vautré sur une serviette mais le vent puissant, l’isolement et les
montagnes en toile de fond lui confèrent une ambiance formidable.
Un
vieux château en ruines regarde droit devant, face à l’ouest.
La
tempête sévit également dans le camion. Les petits sont
intenables…
Les
enfants veulent voir un château. Sur ma carte, le château et
l'Abbaye de Kylemore sont
sur notre route. Construit en 1867, l'ensemble compte une abbaye, le
château à proprement parlé et des jardins victoriens.
La
promenade est musclée mais, outre l'intérêt du lieu, nous offre un
bon bol d'air.
J’avais
repéré dans notre guide une « sheep farm » à 8 km au
nord de Leenane. Passer quelques heures avec des moutons les calmera
peut-être. En attendant, je cherche cette fichue ferme. Je ratisse
la zone de long en large, l’élargissant peu à peu. Évidemment,
la seule indication valable est que nous cherchons une ferme avec des
moutons. Autant dire que la mission est ardue car les vertes collines
sont couvertes de fermes et… de moutons.
Retour
à Lennane. A L’entrée d’un pub, on m’indique qu’elle se
situe au sud de la ville, sur les bords du Kilkenny Fjord. Retour sur
nos pas, ça tombe bien, j’avais raté quelques photos. Je n’ai
pas fini d’exaspérer l’équipage…
Les
paysages sont superbes, la petite route, bucolique et la ferme de
Tom, que nous trouvons enfin, rurale à souhait. Tom organise des
visites pour les familles, d’autres visiteurs sont également
présents.
La
visite commence par une démonstration de chien de berger. Le fermier
chuchote quelques mots en gaélique à son compagnon canin. Ce
dernier semble opiner du chef et le voilà parti à toute vitesse sur
les collines environnantes. Tom lui donne quelques indications.
10
minutes plus tard, les moutons qui était disséminés sur les flancs
herbeux, sont rassemblés dans l’enclos. Beau boulot.
Petite
promenade pour nous montrer comment et pourquoi il creuse et récolte
la tourbe (sert de combustible).
Le
moment que les enfants (et nous) attendent avec impatience arrive:
distribution de biberons aux agneaux. Dans un décor fantastique,
l’après-midi passée est un bon moment de détente et l'animal
semble avoir adouci les moeurs...
Nous
filons vers Sligo. Le convertisseur du fourgon (l’appareil qui
permet de sortir 220 v à partir d’un allume-cigare ) grille.
Plus de dessins animés pour les enfants. Les moments à venir vont
être difficiles…
Nuit
sur le parking d’un pub.
26/04/2015
Jour :
243 km
Total :
1923 km
Le
port de Killybegs est un port thonier, l’un des plus grands
d’Irlande. Les immenses bateaux sont à quai en ce dimanche matin.
Le vent et la grêle écourtent la promenade.
Nous
faisons route vers l’ouest en nous nous garons sur un parking
dominant la mer. Nous sommes à Slieve League, des falaises
impressionnantes, et, à la différence de celles de Moher, ne
connaissent pas l’affluence.
Hautes
de plus de 600 m, ce sont les deuxièmes plus hautes falaises
d’Europe.
Le
gris, presque noir, qui se profile à l’horizon, n’annonce rien
de bon. Nous allons nous promener avec les petits, profitant des
derniers rayons de soleil. La pluie et la grêle s’abattent alors
que nous déjeunons. Repas terminé, le soleil est revenu.
J'en
trouve un petit quelques kilomètres au sud de Horn Head.
La
grêle et le soleil s’alternent. A la faveur d’une éclaircie
pleine de promesse, je pars avec les deux garçons me promener. Ils
veulent rejoindre la mer.
Plusieurs
kilomètres nous séparent des vagues, nous partons donc, courageux,
sur la grande route. Une petite route à droite, des barrières à
ouvrir puis un sentier. Plus de chemin , des herbes hautes, des
vaches curieuses qui s’approchent de nous, des clôtures
électriques sous lesquelles il faut passer (électrocution pour
Gaspard), et, enfin, les vagues qui viennent mourir sur une
magnifique plage.
Comment
revenir ? Que faire si la tempête nous cueille ? Et si Gaspard
flanche ? Nous avons parcouru une sacré distance mais l'heure n'est
pas aux questions, le soleil décline franchement.. Gaspard tient
bon, Émile fait tout le retour sur mes épaules.
Nous
rentrons au fourgon, épuisés mais satisfaits de notre aventure.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire