Tanger: 14 kilomètres des côtes espagnoles, le détroit de
Gibraltar, un lieu de passage, de trafic, Matisse, Kerouac... Je ne parvenais
pas à mettre des images sur ces mots et ces noms qui sont associés à cette cité
située à l'extrême nord du Maroc.
Nous y atterrissons avec Emile (9 mois) et Gaspard (2 ans
1/2) afin de découvrir Tanger et sa région, arpenter les ruelles des
médinas et parcourir les routes du nord.
Tanger, Asilah, Tetouan, Chefchaouen, à pied, en taxi, en train,
en poussette double... Récit en mots et en image d'un périple marocain en
famille, sous la pluie nord-africaine....
07/03/2013
Le
voyage commence dès la préparation des bagages. Casse-tête. 40 kg
et deux marmots âgés de 9 mois et bientôt 3
ans. Il faut rajouter à ce convoi, la poussette double. Nous avons
fait ce choix car bien que Gaspard marche bien, la poussette double
nous laissera plus de liberté et me permettra de prendre des photos.
Nous
atterrissons donc à Tanger. Les palmes des palmiers sont à
l’horizontal. Les gouttes de pluie aussi. Le pilote félicite son
co-pilote d’avoir atterri dans de telles conditions. Au-delà de la
satisfaction d’être encore vivants, nous nous inquiétons sur les
conditions météo de notre séjour…
L’appartement
délabré que nous avons loué se trouve dans un immeuble délabré,
dans une rue délabrée mais à deux pas de l’avenue Mohamed V.
Formidablement placé.
Ça
commence bien, nous sommes au 4ème étage mais suite à
un problème technique (à la vue de l’ascenseur, pas étonnant…),
il nous faut monter au 5ème et redescendre au 4ème.
Il
faut donc remplir le frigidaire. Nous partons tous les quatre, sous
la pluie (enfin, nous sommes sous la pluie, les petits sont ravis
sous la capote de pluie). Nous sommes à la recherche d’un
supermarché. Nous demandons à un conducteur qui dans la seconde,
descend de sa voiture, laisse le moteur tourner et nous emmène à
quelques minutes de marche, à l’entrée du magasin. Nous sommes
bien au Maroc.
La
pluie ne cesse pas. Je suis sur mon balcon délabré et j’observe
notre rue délabrée…
Un
homme tente sans succès de faire démarrer son tricycle à moteur.
Un gars vient l’aider. Pendant cinq bonnes minutes, ils s’attellent
à la tâche, sans succès. Enfin, c’est parti mais le conducteur
débouchant sur la chaussée sans regarder, manque de percuter une
voiture et le moteur du tricycle cale à nouveau. Entre temps, le
conducteur de la voiture, surpris et fâché, sort de son véhicule
telle une furie, sans regarder évidemment quoi que ce soit… une
voiture passe à 10 cm de sa portière ouverte et finit contre le
trottoir. Deuxième confirmation, nous sommes au Maroc…
Nous
mettons finalement en route notre petite expédition en poussette
double. Nous rejoignons à pied et sous une pluie fine le Grand
Socco, place agrémentée d’une fontaine, d’une mosquée et de
palmiers mais surtout porte d’entrée principale de la médina de
Tanger.
Le
temps est maussade. La pluie cesse mais la luminosité est faible…
Retour
à pied.
08/03/2013
08/03/2013
Pluie
annoncée toute la semaine. Ce matin il ne pleut pas, nous ne
laissons pas passer notre chance.
Nous
rejoignons le Grand Socco. Une fois la porte de la médina passée,
une ruelle descend jusqu’au Petit Socco où nous prenons un café.
La descente se poursuit jusqu’à un belvédère qui offre une vue
plongeante sur le port en construction. Au loin, face à la mer, les
travaux de réhabilitation de la médina semblent l’empêcher de
s’écrouler.
Souvent,
nous sommes arrêtés, disons plutôt que les marocains, hommes et
femmes s’agrippent à la poussette pour embrasser les petits…
Ici, les gens s'adressent à nous en espagnol. En effet nombre de
touristes ibériques, viennent visiter Tanger à la journée.
Nous
prenons la direction de la Kasbah. Forte montée. Derrière les vieux
remparts, une vue spectaculaire s’offre à nous.
Une
dame nous arrête, nous reconnaît. Elle reconnaît les petits en
fait. Nous étions dans le même avion. Elle nous donne quelques
conseils pour traverser la médina et nous rassure sur le fait que
les escaliers sont rares… Ouf!
Encore
une médina, ce même entrelacs de ruelles face à la mer.
Fantastique. Il nous faudra revenir, le vendredi, les passages sont
peu animés.
Nous
retrouvons avec l’aide précieuse des riverains le Grand Socco.
Retour en taxi.
Nous
repartons dans l’après-midi sur la corniche qui longe la plage
publique. En chemin, un gars télécommande en main, pilote des
voitures dans lesquelles les enfants prennent place. 10 dhs pour 5
minutes.
La
corniche, en ce vendredi, est le lieu de rendez-vous des familles,
des amoureux, des jeunes, des vieux, des footballers…En somme, le
rendez-vous des tangérois.
09/03/2013
Il
pleut des cordes au réveil. Elles cessent. Nous habillons les petits
et tout le monde prend la direction de la gare.
Nous
tentons notre chance, nous espérons visiter Asilah
, cité ceinturée par des remparts portugais (16ème siècle)
et célèbre pour sa jolie médina blanche fort bien entretenue. Les
petits taxis ne peuvent pas prendre plus de 3 passagers. Émile
compte comme un passager, nous stoppons deux taxis…
45
minutes de train. La pluie frappe les vitres avec violence et l’eau
ne cesse de ruisseler…
Nous
arrivons en gare d’Asilah. Celle-ci est déserte. Sur le parvis,
personne... Évidemment, pas de taxi.
Nous attendons 30 minutes avant qu’un petit taxi vert n’apparaisse. Ce qui est rare est cher. Nous payons une fortune pour rejoindre le centre d’Asilah sous une pluie plus calme… mais pluie tout de même…
Nous
déjeunons puis finalement la ville se réveille…
Effectivement
la médina est parfaitement entretenue et propre. Le maire a fait de
l’apparence d’Asilah une priorité. Difficile de prendre une
photo sans qu’une belle poubelle en plastique n’apparaisse sur
l’écran…
La
promenade est cependant rendue agréable par les quelques rayons de
soleil qui tentent désespérément de percer la couverture nuageuse.
Les
petits s’endorment, il est urgent de trouver un café pour une
pause salvatrice. Nous sommes assis à l’extérieur, nous buvons
calmement un café… Un peu de tranquillité. Émile se réveille,
Gaspard se réveille, nous n’avons finalement pas fini notre café.
Nous
reprenons le train en début d’après-midi. Nous sommes approchés
par Ramzi, le chauffeur d’un grand taxi à la sortie de la gare.
Nous négocions avec lui le programme de notre semaine (N'hésitez
pas à le contacter - tel: 00212 6 61 40 71 82).
Restaurant
le soir, retour à pied après une pluie battante. Comme d’habitude,
les rues deviennent des torrents, nos pieds des éponges. Les petits
hilares sont confortablement installés dans leur carrosse étanche…
10/03/2013
Nous
repartons pour la médina. Le soleil est revenu. Le dimanche, des
femmes du Rif, coiffées de leur grand chapeau, descendent des
montagnes pour vendre leur production. La médina est donc très
animée. Nous nous perdons avec plaisir dans les ruelles jusqu’à
déboucher sur une artère plus importante…avant de replonger à
droite ou à gauche.
Encore
une fois, les petits sont l’objet d’attentions de la part des
personnes que nous croisons. Si les Marocains ne viennent pas à nos
enfants, c’est Gaspard qui va entamer de grandes conversations avec
les passants. Encore une fois, on nous propose toutes sortes de
choses à acheter, légales ou non... Je n'ai pas besoin de montre,
de lunettes de soleil, de stylo plume, de... Cependant, certains
vendeurs à la sauvette nous dépannent, nous avons besoin de
mouchoirs. Avec ce vent et cette humidité, nous sommes tous
enrhumés.
Un
toboggan, un tourniquet, des enfants… Un moment paisible face aux
façades de la vieille ville, un instant d’une douceur exquise…
Gaspard
repart pour un tour de voiture sur la place des Nations.
11/03/2013
Nous
nous faisons à la vie tangéroise. Nous avons nos petites habitudes,
notre épicier, notre parc, notre pilote de voiture radiocommandée…
Aussi, les filles du concierge, dès qu’elles entendent la porte
claquer, se précipitent pour embrasser Gaspard et prendre Émile
dans leurs bras.
Nous
avons rendez-vous de bon matin avec Ramzi, le chauffeur de taxi
rencontré quelques jours plus tôt. Il nous emmène au Cap Spartel,
cap qui sépare l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranée.
L’endroit
est paisible. Un phare marque l’emplacement du cap.
Nous
visitons ensuite la grotte d’Hercule, haut lieu touristique de la
région. Rien d’extraordinaire mais la promenade est agréable.
Des
trombes d’eau nous accueillent à notre sortie de la grotte.
Demain, il va pleuvoir toute la journée…
12/03/2013
Les
prévisions étaient fiables, pluie toute la journée.
Petite
virée, comme d’habitude, aux airs d’expédition à la Casa
Barata, des grands souks couverts où tout se vend à des tarifs
défiant toute concurrence.
13/03/2013
J’avais
guetté la météo, repérant ainsi le jour qui nous réserverait non
pas le plus beau soleil mais le jour où nous aurions l’honneur de
l’apercevoir. Ce jour de chance est donc ce mercredi 13 mars,
dernier jour de notre semaine tangéroise. Nous avons donc embauché
Ramzi pour la journée.
Programme
chargé: 1 heure de route pour Tétouan, ville dont la médina est
classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. 1 heure de route pour
Chefchaouen, ville dont j’ai depuis longtemps entendu parlé. Cette
ville abrite une médina où les maisons sont peintes en bleu. De
plus, le cadre est paraît-il somptueux: les montagnes du Rif
veillent sur la cité.
Nous
arrivons à Tétouan . Le
froid est mordant. Selon les prévisions, les conditions devraient
s’arranger.
La
ville nouvelle porte les marques de l’occupation espagnole (19ème
siècle). Certaines façades nous feraient croire que nous
sommes à Cuba (le froid mordant nous rappelle à la réalité).
Nous
pénétrons dans la médina, la magie opère à chaque fois… Tours
et détours dans ce merveilleux labyrinthe...
Dans
les rues, Émile et Gaspard sont à hauteur de présentoir (un carton
posé à même le sol). Ils sont donc à l'affût du moindre vendeur
de gâteaux. Cette fois-ci, c'est un vendeur de bananes qui fait leur
bonheur.
Le
ciel se dégage, nous rejoignons Ramzi et empruntons la route
sinueuse qui mène à Chefchaouen
Notre
chauffeur nous dépose à l’entrée de la médina. La place Outa El
Hamam est le passage obligé pour les touristes. Elle est bordée de
restaurants. Dès que l’on s’élève et que l’on s’éloigne
de la place, les passages, les recoins et les escaliers tarabiscotés
se multiplient. Et ce bleu omniprésent…
Merveilleuse
Chefchaouen… Il nous faudra revenir, y séjourner, arpenter ses
montagnes…
Nous
retrouvons, fatigués, Tanger. Un petit tour de voiture sur la place
des Nations pour Gaspard avant une courte nuit.
14/03/2013
Anouar,
le propriétaire de l’appartement est là pour récupérer les clés
et accessoirement deux poignées de porte qui se sont décrochées
dès le premier jour. Il est 6h30. Ramzi nous attend pour nous
conduire à l’aéroport. Il est 6h45.
Notre
prochain voyage au Maroc, c’est pour quand ? Je crois que les
petits sont partants.
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