Envie de soleil, de découvertes et de rencontres,
une semaine avant, nous prenons un billet à la dernière minute pour Djerba,
afin de rejoindre le sud Tunisien et Tozeur... Une semaine en taxi collectifs à
la rencontre des gens et de leur terre, en bordure du Sahara, une semaine riche
en paysages et en sourires, une semaine trop courte mais qui apporte un souffle
chaud au cœur de notre hiver grisâtre.
05/02/2006
Nous
décollons de Paris pour Djerba.
Nous
arrivons à 19h00, nous n’avons pas d’hôtel. Nous avions repéré
l’hôtel Essalem, dans la grande ville de l’île, Houmt souk. Le
taxi nous y dépose, nous sommes content d’y trouver une chambre.
Petite chambre glaciale, des matelas défoncés et des sommiers à
trous, des toilettes sur le palier à la propreté inexistante… 10
euros, nous prenons. Nous allons dîner dans le centre ville, quelque
peu sonnés d’être passé d’Orly à Houmt Souk en trois heures.
06/02/2006
Tôt
le matin, l’appel à la prière résonne dans les ruelles d’Houmt
Souk, vers 9h00, le réveil sonne. Nous voulons rejoindre Tozeur
quelques 300 kilomètres à l’ouest.
Il
existe en Tunisie un moyen de se déplacer, rapide et peu coûteux,
ce sont les louages, camionnettes blanche à bande rouge, jaune ou
bleue. Ils partent quand ils sont pleins, les délais d’attente ne
sont pas longs nous a-t-on dit.
Effectivement,
nous voulons rallier Gabès, pour changer de louage, en direction de
Tozeur ; nous attendons 20 minutes et nous partons. Nous traversons
la partie sud ouest de l’Ile, passons le bac.
Nous
arrivons à Gabès vers 11h30. Pendant tout le trajet, un jeune
nous parle en Arabe, nous échangeons quelques mots en français.
Arrivés
à la gare de louage de Gabès, un homme qui ne nous avait pas
considérés durant le trajet nous interpelle . « Bienvenue à
Gabès, est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »
Je
le remercie et lui dit que nous cherchons une banque et qu’après
nous allons boire un café. L’homme nous demande de le suivre, nous
discutons, il nous paie le café ( malgré nos refus ) et nous
dépose devant un guichet. Nous le remercions cordialement, Sami nous
serre la main chaleureusement.
Nous
trouvons à nouveau un louage, passons Kebili où, durant une pause,
nous discutons avec des jeunes pour qui la France représente
l’Eldorado. Nous traversons le Chott el Djerid, un immense lac salé
de 5000 km carrés, à sec huit mois dans l’année. Les pluies des
jours précédents lui ont donné l’aspect d’une mer intérieure.
Les
gens nous accostent, intéressés ou non, nous ne nous sentons jamais
seuls.
Nous
arrivons à Tozeur où
l’on nous demande ce que l’on peut faire pour nous… On nous
indique le chemin de l’hôtel.
Nous
allons dîner à pied, la rue est grouillante.
07/02/2006
Ma
petite femme est fatiguée. J'observe avec plaisir les allers et
venues des passants, de la terrasse, sur le toit de l'hôtel. Les
collégiens sortent lors de leur pause, la rue est bloquée.
Je
pars me promener seul dans la palmeraie qui borde Tozeur, la plus
grande Tunisie.
Puis
j’achète un journal et me pose en terrasse avec un thé. Je me
prends à rêver à l’année prochaine ( peut-être partons nous
enseigner au Maroc … ) Je retrouve Anne Gaëlle et nous nous
promenons à l'extérieur de la ville. La situation géographique de
la ville nous saute aux yeux.
Nous
rendons à Ouled El Hadef, le vieux quartier de Tozeur. Là, un vieux
monsieur nous propose la visite, nous acceptons. La vieille ville est
composée d’un entrelacs de ruelles, confinées par d’imposants
murs en brique laissant le soleil jouer avec les reliefs. La
visite est rapide mais la promenade très agréable.
Nous
déjeunons.
Le
programme de l’après midi est fixé, nous avons loué un 4x4 et
son chauffeur pour rejoindre Onk Jemel, non loin de la frontière
algérienne et début du Sahara. Nous passons par Nefta, un Tozeur en
miniature, plus intime et caractérisée par une palmeraie dans une
cuvette. Les reliefs y offrent de multiples perspectives sur la
ville.
Nous
arrivons dans le désert. Après quelques kilomètres de piste, nous
arrivons à Onk Jemel, littéralement « cou de chameau » ,
une formation rocheuse en reprenant la forme. Onk Jemel est une
curiosité touristique mais l’espace dans lequel elle repose est
sans limite.
Nous
repartons, le chauffeur joue un peu dans les dunes de sable et nous
arrivons à un village reconstitué pour le tournage de Star Wars.
Peu connaisseur, nous ne nous attardons pas sur le site, nous allons
marcher dans les dunes, nous éloignons au maximum de la dizaine de
touristes, qui comme nous attendent le coucher de soleil à
l’horizon.
Le
soleil décline, s’entame, les ombres s’allongent, les courbes se
transforment avec sensualité et nos paupières s’alourdissent.
Nous
retournons au 4x4 dans la pénombre, rentrons à Tozeur, dînons et
allons nous coucher.
08/02/2006
Réveil
matinal, nous voulons rejoindre Tamerza, une oasis de montagne nichée
dans une vallée. Au choix : 35 euros en 4x4 ou 4 euros en louage.
Tamerza est cependant irrégulièrement desservie, par chance nous
trouvons un louage qui part au bout de 20 minutes . Le véhicule est
déglingué mais il roule. Nous prenons la route, cette longue route
droite au milieu de rien. Au loin se dessinent les montagnes arides
qui abritent quelques oasis où le palmier assure la vie.
Quelques détours par des fermes isolées, pour prendre
quelques femmes lourdement chargées, et nous arrivons à Tamerza, au
milieu de montagnes aussi déchiquetées qu’arides.
A
peine descendus, un homme vient à notre rencontre, il veut nous
guider. Nous refusons, il nous explique où le trouver si nous
changeons d’avis.
Petite
partie de football improvisée au milieu de la rue et nous déjeunons.
Nous
prenons ensuite la direction de la vieille ville fortifiée à vingt
minutes à l’est du village moderne. Les rencontres se succèdent,
nous sommes assez rapidement rattrapés par notre « guide »,
mécontent qu’on ne l’aie pas « embauché ».
Le
vieux village est suspendu au bord d’un canyon dans lequel se
dressent des milliers de palmiers.
Un
gamin nous a suivi depuis le village moderne et s’improvise guide,
je lui explique que nous n’avons plus beaucoup d’argent et que
nous avons donné tous nos stylos. Qu’importe, il reste avec nous
et nous discutons essentiellement de sa vie à Tamerza.
Nous
regagnons le nouveau village et nous dirigeons vers LA chute
d’eau, attraction touristique indiquée à grand renfort de
panneaux. Le chemin pour y parvenir est ponctué de boutiques
de souvenirs. Il est vrai que de l’eau dans un paysage désolé est
salvateur mais le mince filet d’eau manque d’intérêt.
Il
est tard, nous savons que le dernier louage part à 15h00, nous nous
dirigeons vers la rue principale, juste le temps de se faire
interpeller par Walid et Youssef. Walid est un prof au chômage
et nous raconte une bonne partie de sa vie pendant 45 minutes.
L’échange est riche mais nous regardons sans cesse l’heure de
peur de ne pas pouvoir rentrer à Tozeur.
Finalement,
nous prenons congé de nos amis, nous avons trente minutes d’avance,
le louage est là, le chauffeur, ravi de nous retrouver nous
attendait.
Arrivés
à Tozeur, nous nous rendons à la gare de louage, pour malgré
l’heure tardive, retourner à Gabès, quelques 200 kilomètres plus
à l’ouest. Nous attendons une heure, on nous explique qu’il est
trop tard mais que le premier louage viendra nous chercher
directement à l’hôtel, le lendemain à 07h30.
Une
brochette de dromadaire, un thé à la menthe et au lit.
09/02/2006
07h30,
le louage nous attend. 10h30, nous sommes à Gabès, sandwich
au même endroit que lundi, le gars semble ravi de nous revoir.
A
13h30, nous sommes à Tatatouine, après deux contrôles de
passeports, sur cette route qui file vers le sud, non loin de la
frontière Libyenne.
Tataouine
est la ville qui permet de visiter les ksours, de vieux villages
fortifiés accrochés à la montagne.
Nous
négocions avec le chauffeur de taxi qui nous emmène en centre
ville, de nous accompagner à Chenini, à une vingtaine de kilomètres
de Tataouine, un des ksars les plus célèbres de la région. Il nous
laisse son numéro de téléphone.
Vers
14h00, nous allons déguster une corne de gazelle, spécialité de la
région, fourrée aux amandes et au miel. Assis à une terrasse de
café, sirotant un thé à la menthe, Imed vient s’asseoir avec
nous, c’est lui qui nous a vendu les cornes de gazelles. Fateh nous
rejoint, nous discutons une demi heure et nous nous donnons
rendez-vous pour le soir même, vers 18h00.
Le
taxi nous attend.
Les
présentations sont faites, Salah va nous accompagner tout
l’après-midi.
Nous
arrivons à Chenini.
l
s’agit d’un vieux village niché dans une vallée en fer à
cheval. Ses habitations s’étendent sur les crêtes et une mosquée
étincelante marque le col. A première vue, l’on pense faire face
à des ruines, mais à y regarder plus précisément, on s’aperçoit
que ce vieux village fortifié est en partie habité, et nous voyons
ici et là, des villageois longer les ruines pour regagner leurs
habitations de fortune.
L’endroit
est sublime. Nous empruntons les sentiers, grimpons jusqu’à la
mosquée. Le col nous offre une vue infinie sur les plaines
désertiques et nous permet de considérer Chenini dans sa totalité.
Nous
partons ensuite nous promener sur les crêtes, entre maisons en ruine
et précipices. Les villageois vivent dans des conditions très
rudimentaires, nous ne semblons pas les déranger dans un quotidien
qui nous apparaît comme étant d’un autre temps.
Nous
retrouvons Salah qui nous emmène derrière la montagne. Deux
kilomètres de pistes, et nous parvenons à une petite mosquée,
blottie au pied d’une face rocheuse.
Mohamed,
un jeune homme nous propose la visite. Nous entrons à l’intérieur,
observant ainsi plusieurs tombes. La légende dit que sept chrétiens
se sont endormis puis se sont réveillés 400 ans plus tard alors que
le monde était converti à l’Islam. En se réveillant, ils se sont
à leur tour convertis et sont morts musulmans.
L’endroit
est retranché, intime.
Nous
montons jusqu’au minaret, en passant par une porte à quatre
pattes, une porte qui ne pourrait laisser passer des hommes de forte
corpulence.
Mohamed
insiste pour nous montrer une source, ces dernières revêtent un
aspect primordial dans ces zones si arides.
Nous
repartons vers Tataouine où nous retrouvons Imed et Fateh.
Une
heure de discussion passionnante sur l’Islam et le Catholicisme.
Fateh a vécu en France et est catholique profondément convaincu. Il
n’est pas intégré à Tataouine et Imed est son seul ami.
Imed est musulman pratiquant, leurs foi diverge mais ils se
respectent. Il m’est très plaisant d’assister à des
conversations portant sur des sujets parfois sensibles, avec des
individus directement concernés.
Nous
allons finalement dîner, sans avoir omis de leur donner rendez-vous
le lendemain matin au même endroit.
10/02/2006
Nous
retrouvons nos deux compères, nous nous quittons chaleureusement et
retournons à la gare de louage pour rejoindre Houmt Souk, sur l’Ile
de Djerba. Nous y sommes vers 13h30, trouvons un hôtel en centre
ville et allons nous promener dans les souks.
Des
entrelacs de ruelles, des murs blancs, des portes bleues,
l’architecture de Houmt Souk est un régal.
Difficile
de ne pas se faire interpeller, bien que parfois nous n’achetons
pas, nous passons parfois une heure à discuter avec les marchands,
essentiellement de notre vie en France.
Nous
nous promenons aux abord du fort Borj Ghazi Mustapha, en bordure de
mer et finissons notre journée autour d’un couscous dans un
petit resto dans les souks.
11/02/2006
Dernier
jour en Tunisie, ballades dans le marché aux épices, aux fruits et
légumes et à la criée. Puis promenade jusqu’au port de pêche,
grignoté peu à peu par une marina luxueuse…Nous discutons avec
les pêcheurs, puis rentrons en ville.
Nous
prenons un taxi pour la Synagogue de la Ghriba, fermée pour cause de
sabbat, puis allons voir les plages de la zone touristique, sous la
pluie, lieu ou luxe et misère se côtoient sans cas de conscience.
12/02/2006
Un
dernier tour au marché aux fruits puis nous prenons la route de
l’aéroport.
Un
attroupement, quelques personnes semblent avoir fait des malaises,
nous apprendrons le soir même que le vol pour Paris précèdent le
notre a eu quelques soucis en vol ( dépressurisation, retour en
urgence… )
3
heures après avoir quitté Houmt Souk, nous atterrissons à Orly, et
à nouveau, le besoin de reprendre des repères quelque peu effacés
par une semaine sur les routes tunisiennes…
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