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lundi 13 février 2006

Tunisie, le sud en louages

Envie de soleil, de découvertes et de rencontres, une semaine avant, nous prenons un billet à la dernière minute pour Djerba, afin de rejoindre le sud Tunisien et Tozeur... Une semaine en taxi collectifs à la rencontre des gens et de leur terre, en bordure du Sahara, une semaine riche en paysages et en sourires, une semaine trop courte mais qui apporte un souffle chaud au cœur de notre hiver grisâtre.

05/02/2006

Nous décollons de Paris pour Djerba.
Nous arrivons à 19h00, nous n’avons pas d’hôtel. Nous avions repéré l’hôtel Essalem, dans la grande ville de l’île, Houmt souk. Le taxi nous y dépose, nous sommes content d’y trouver une chambre. Petite chambre glaciale, des matelas défoncés et des sommiers à trous, des toilettes sur le palier à la propreté inexistante… 10 euros, nous prenons. Nous allons dîner dans le centre ville, quelque peu sonnés d’être passé d’Orly à Houmt Souk en trois heures.


06/02/2006

Tôt le matin, l’appel à la prière résonne dans les ruelles d’Houmt Souk, vers 9h00, le réveil sonne. Nous voulons rejoindre Tozeur quelques 300 kilomètres à l’ouest.
Il existe en Tunisie un moyen de se déplacer, rapide et peu coûteux, ce sont les louages, camionnettes blanche à bande rouge, jaune ou bleue. Ils partent quand ils sont pleins, les délais d’attente ne sont pas longs nous a-t-on dit.
Effectivement, nous voulons rallier Gabès, pour changer de louage, en direction de Tozeur ; nous attendons 20 minutes et nous partons. Nous traversons la partie sud ouest de l’Ile, passons le bac.
Nous arrivons à Gabès vers 11h30.  Pendant tout le trajet, un jeune nous parle en Arabe, nous échangeons quelques mots en français. 



Arrivés à la gare de louage de Gabès, un homme qui ne nous avait pas considérés durant le trajet nous interpelle . «  Bienvenue à Gabès, est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »



Je le remercie et lui dit que nous cherchons une banque et qu’après nous allons boire un café. L’homme nous demande de le suivre, nous discutons, il nous paie le café ( malgré nos refus  ) et nous dépose devant un guichet. Nous le remercions cordialement, Sami nous serre la main chaleureusement.
Nous trouvons à nouveau un louage, passons Kebili où, durant une pause, nous discutons avec des jeunes pour qui la France représente l’Eldorado. Nous traversons le Chott el Djerid, un immense lac salé de 5000 km carrés, à sec huit mois dans l’année. Les pluies des jours précédents lui ont donné l’aspect d’une mer intérieure.
Les gens nous accostent, intéressés ou non, nous ne nous sentons jamais seuls.
Nous arrivons à Tozeur où l’on nous demande ce que l’on peut faire pour nous… On nous indique le chemin de l’hôtel. 


 
Nous allons dîner à pied, la rue est grouillante.


Un commerçant nous accoste, nous offre le thé, nous passons une heure avec lui.

07/02/2006

Ma petite femme est fatiguée. J'observe avec plaisir les allers et venues des passants, de la terrasse, sur le toit de l'hôtel. Les collégiens sortent lors de leur pause, la rue est bloquée.



Je pars me promener seul dans la palmeraie qui borde Tozeur, la plus grande Tunisie.
Puis j’achète un journal et me pose en terrasse avec un thé. Je me prends à rêver à l’année prochaine ( peut-être partons nous enseigner au Maroc … ) Je retrouve Anne Gaëlle et nous nous promenons à l'extérieur de la ville. La situation géographique de la ville nous saute aux yeux.


Nous rendons à Ouled El Hadef, le vieux quartier de Tozeur. Là, un vieux monsieur nous propose la visite, nous acceptons. La vieille ville est composée d’un entrelacs de ruelles, confinées par d’imposants murs en brique  laissant le soleil jouer avec les reliefs. La visite est rapide mais la promenade très agréable.





Nous déjeunons.
Le programme de l’après midi est fixé, nous avons loué un 4x4 et son chauffeur pour rejoindre Onk Jemel, non loin de la frontière algérienne et début du Sahara. Nous passons par Nefta, un Tozeur en miniature, plus intime et caractérisée par une palmeraie dans une cuvette. Les reliefs y offrent de multiples perspectives sur la ville.








Nous arrivons dans le désert. Après quelques kilomètres de piste, nous arrivons à Onk Jemel, littéralement «  cou de chameau » , une formation rocheuse en reprenant la forme. Onk Jemel est une curiosité touristique mais l’espace dans lequel elle repose est sans limite.
Nous repartons, le chauffeur joue un peu dans les dunes de sable et nous arrivons à un village reconstitué pour le tournage de Star Wars. Peu connaisseur, nous ne nous attardons pas sur le site, nous allons marcher dans les dunes, nous éloignons au maximum de la dizaine de touristes, qui comme nous attendent le coucher de soleil à l’horizon.
Le soleil décline, s’entame, les ombres s’allongent, les courbes se transforment avec sensualité et nos paupières s’alourdissent.















Nous retournons au 4x4 dans la pénombre, rentrons à Tozeur, dînons et allons nous coucher.

08/02/2006

Réveil matinal, nous voulons rejoindre Tamerza, une oasis de montagne nichée dans une vallée. Au choix : 35 euros en 4x4 ou 4 euros en louage. Tamerza est cependant irrégulièrement desservie, par chance nous  trouvons un louage qui part au bout de 20 minutes . Le véhicule est déglingué mais il roule. Nous prenons la route, cette longue route droite au milieu de rien. Au loin se dessinent les montagnes arides qui abritent quelques oasis où le palmier assure la vie.  Quelques détours par des fermes  isolées, pour prendre quelques femmes lourdement chargées, et nous arrivons à Tamerza, au milieu de montagnes aussi déchiquetées qu’arides.



A peine descendus, un homme vient à notre rencontre, il veut nous guider. Nous refusons, il  nous explique où le trouver si nous changeons d’avis.
Petite partie de football improvisée au milieu de la rue et nous déjeunons.
Nous prenons ensuite la direction de la vieille ville fortifiée à vingt minutes à l’est du village moderne. Les rencontres se succèdent, nous sommes assez rapidement rattrapés par notre «  guide », mécontent qu’on ne l’aie pas « embauché ».


Le vieux village est suspendu au bord d’un canyon dans lequel se dressent des milliers de palmiers.
Un gamin nous a suivi depuis le village moderne et s’improvise guide, je lui explique que nous n’avons plus beaucoup d’argent et que nous avons donné tous nos stylos. Qu’importe, il reste avec nous et nous discutons essentiellement de sa vie à Tamerza.
Nous regagnons le nouveau village et  nous dirigeons vers LA chute d’eau, attraction touristique indiquée à grand renfort de panneaux.  Le chemin pour y parvenir est ponctué de boutiques de souvenirs. Il est vrai que de l’eau dans un paysage désolé est salvateur mais le mince filet d’eau manque d’intérêt.
Il est tard, nous savons que le dernier louage part à 15h00, nous nous dirigeons vers la rue principale, juste le temps de se faire interpeller par Walid et  Youssef. Walid est un prof au chômage et nous raconte une bonne partie de sa vie pendant 45 minutes. L’échange est riche mais nous regardons sans cesse l’heure de peur de ne pas pouvoir rentrer à Tozeur.
Finalement, nous prenons congé de nos amis, nous avons trente minutes d’avance, le louage est là, le chauffeur, ravi de nous retrouver nous attendait.
Arrivés à Tozeur, nous nous rendons à la gare de louage, pour malgré l’heure tardive, retourner à Gabès, quelques 200 kilomètres plus à l’ouest. Nous attendons une heure, on nous explique qu’il est trop tard mais que le premier louage viendra nous chercher directement à l’hôtel, le lendemain à 07h30.
Une brochette de dromadaire, un thé à la menthe et au lit.

09/02/2006

07h30, le louage nous attend. 10h30, nous sommes à Gabès,  sandwich au même endroit que lundi, le gars semble ravi de nous revoir.
A 13h30, nous sommes à Tatatouine, après deux contrôles de passeports, sur cette route qui file vers le sud, non loin de la frontière Libyenne.
Tataouine est la ville qui permet de visiter les ksours, de vieux villages fortifiés accrochés à la montagne.





Nous négocions avec le chauffeur de taxi qui nous emmène en centre ville, de nous accompagner à Chenini, à une vingtaine de kilomètres de Tataouine, un des ksars les plus célèbres de la région. Il nous laisse son numéro de téléphone.
Vers 14h00, nous allons déguster une corne de gazelle, spécialité de la région, fourrée aux amandes et au miel. Assis à une terrasse de café, sirotant un thé à la menthe, Imed vient s’asseoir avec nous, c’est lui qui nous a vendu les cornes de gazelles. Fateh nous rejoint, nous discutons une demi heure et nous nous donnons rendez-vous pour le soir même, vers 18h00.
Le taxi nous attend.
Les présentations sont faites, Salah va nous accompagner tout l’après-midi.
Nous arrivons à Chenini.



l s’agit d’un vieux village niché dans une vallée en fer à cheval. Ses habitations s’étendent sur les crêtes et une mosquée étincelante marque le col. A première vue, l’on pense faire face à des ruines, mais à y regarder plus précisément, on s’aperçoit que ce vieux village fortifié est en partie habité, et nous voyons ici et là, des villageois longer les ruines pour regagner leurs habitations de fortune.



L’endroit est sublime. Nous empruntons les sentiers, grimpons jusqu’à la mosquée. Le col nous offre une vue infinie sur les plaines désertiques et nous permet de considérer Chenini dans sa totalité.
Nous partons ensuite nous promener sur les crêtes, entre maisons en ruine et précipices. Les villageois vivent dans des conditions très rudimentaires, nous ne semblons pas les déranger dans un quotidien qui nous apparaît comme étant d’un autre temps.







Nous retrouvons Salah qui nous emmène derrière la montagne. Deux kilomètres de pistes, et nous parvenons à une petite mosquée, blottie au pied d’une face rocheuse.
Mohamed, un jeune homme nous propose la visite. Nous entrons à l’intérieur, observant ainsi plusieurs tombes. La légende dit que sept chrétiens se sont endormis puis se sont réveillés 400 ans plus tard alors que le monde était converti à l’Islam. En se réveillant, ils se sont à leur tour convertis et sont morts musulmans.
L’endroit est retranché, intime.
Nous montons jusqu’au minaret, en passant par une porte à quatre pattes, une porte qui ne pourrait laisser passer des hommes de forte corpulence.




Mohamed insiste pour nous montrer une source, ces dernières revêtent un aspect primordial dans ces zones si arides.
Nous repartons vers Tataouine où nous retrouvons Imed et Fateh.
Une heure de discussion passionnante sur l’Islam et le Catholicisme. Fateh a vécu en France et est catholique profondément convaincu. Il n’est pas intégré à Tataouine  et Imed est son seul ami. Imed est musulman pratiquant, leurs foi diverge mais ils se respectent. Il m’est très plaisant d’assister à des conversations portant sur des sujets parfois sensibles, avec des individus directement concernés.
Nous allons finalement dîner, sans avoir omis de leur donner rendez-vous le lendemain matin au même endroit.

10/02/2006

Nous retrouvons nos deux compères, nous nous quittons chaleureusement et retournons à la gare de louage pour rejoindre Houmt Souk, sur l’Ile de Djerba. Nous y sommes vers 13h30, trouvons un hôtel en centre ville et allons nous promener dans les souks.







Des entrelacs de ruelles, des murs blancs, des portes bleues, l’architecture de Houmt Souk est un régal.
Difficile de ne pas se faire interpeller, bien que parfois nous n’achetons pas, nous passons parfois une heure à discuter avec les marchands, essentiellement de notre vie en France.
Nous nous promenons aux abord du fort Borj Ghazi Mustapha, en bordure de mer et finissons  notre journée autour d’un couscous dans un petit resto dans les souks.



11/02/2006

Dernier  jour en Tunisie, ballades dans le marché aux épices, aux fruits et légumes et à la criée. Puis promenade jusqu’au port de pêche, grignoté peu à peu par une marina luxueuse…Nous discutons avec les pêcheurs, puis rentrons en ville.

Nous prenons un taxi pour la Synagogue de la Ghriba, fermée pour cause de sabbat, puis allons voir les plages de la zone touristique, sous la pluie, lieu ou luxe et misère se côtoient sans cas de conscience.

12/02/2006

Un dernier tour au marché aux fruits puis nous prenons la route de l’aéroport.
Un attroupement, quelques personnes semblent avoir fait des malaises, nous apprendrons le soir même que le vol pour Paris précèdent le notre a eu quelques soucis en vol ( dépressurisation, retour en urgence… )
3 heures après avoir quitté Houmt Souk, nous atterrissons à Orly, et à nouveau, le besoin de reprendre des repères quelque peu effacés par une semaine sur les routes tunisiennes…

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